Analyse de la nouvelle « aux champs » de guy de maupassant
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Analyse de la nouvelle « Aux champs » de Guy de Maupassant
Contenu de l’analyse :
1- Cerner les personnages de la nouvelle
2- Dégager le thème de la nouvelle
3- Reconstituer le schéma de l’intrigue
1- Les personnages
Identité du personnage 1
Nom : Charlot Tuvache
Âge : il grandit tout au long de l’histoire.
À la fin : 21 ans.
Statut civil : Célibataire (il ne le précise pas)
Milieu social : Pauvre, Misérable.
Métier : Aucun
Portrait Physique :
Aucune description physique.
Portrait psychologique :
À un moment de l’histoire : vantard
Charlot […] se jugeait lui-même supérieur à ses camarades, parce qu’on ne l’avait pas vendu.
À un autre moment : rancunier, impoli et pas reconnaissant.
Des parents comme vous, ça fait l’malheur des éfants. Qu’vous mériteriez que j’vous quitte.[…] j’vous le pardonnerai jamais!
Portrait social :
Il vit dans une famille pauvre.
Lorsqu’il est jeune : très apprécié.
Elle prit le moutard (Charlot) dans ses bras, le bourra de gâteaux, donna des bonbons à tous les autres…
Plus vieux : Populaire.
Il est reconnu grâce à son histoire.
Charlot […] se jugeait lui-même supérieur à ses camarades, parce qu’on ne l’avait pas vendu.
Évolution du personnage (du début à la fin) :
Au début :
Charlot est un petit garçon comme les autres qui aime s’amuser comme tout les enfants de son âge.
À la fin :
Charlot s’enfle la tête à cause de tout ce qui se raconte à son propos. Il finit par se croire supérieur. À la fin, lorsqu’il voit ce qu’est devenu Jean Vallin, il devient extrêmement jaloux et met ce qu’il est devenu sur le dos de ses parents. Il est devenu irrespectueux.
Identité du personnage 2
Nom : Mme. Tuvache
Âge : Inconnu
Statut civil : Mariée à Mr. Tuvache
Milieu social : Pauvre.
Métier : Mère de famille et fermière (elle s’occupe des enfants, de la nourriture, etc.)
Quête : Ne pas vendre Charlot afin de le garder et de l’élever.
Destinateur : Ses valeurs familiales
Destinataire : Elle et la famille
FRANÇAIS : PARTIE I
OBJET D’ETUDE : La nouvelle et le roman au 19ème siècle
Réalisme et Naturalisme
Introduction à la nouvelle réaliste : « Aux champs » de Guy de Maupassant
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Maupassant cherche-t-il à faire passer une morale auprès du lecteur par le biais de son récit ?
Développez votre réponse.
Maupassant privilégie ici l’objectivité : il expose une situation qui interpelle le lecteur sans jamais donner son point de vue personnel, mais en montrant simplement les conséquences des choix des personnages.
Le fait de faire adopter son enfant moyennant argent apporte des conséquences négatives pour la mère Vallin : un sentiment de honte, et des conséquences positives pour Jean, son fils : le confort matériel et le bien-être.
Corolairement, la femme Tuvache, qui s’est comportée en « vraie » mère en ne vendant pas son enfant subit les reproches de son fils Charlot qui aurait aimé bénéficié des mêmes avantages que l’autre garçon. Il finit par quitter ses parents.
Maupassant n’invite donc pas son lecteur à tenir une conduite particulière mais laisse à ce dernier le choix de juger, il ne fait que souligner les contradictions de la vie dans son récit. « Aux champs », par son dénouement, illustre l’ironie d’une vie qui peut se montrer très cruelle : l’inacceptable est perçu comme préférable.
Chaque artiste réaliste propose sa propre vision du monde, forcément subjective, et vise à rendre compte du réel tout et à en donner l’illusion dans la fiction. Le réalisme n’est donc jamais une simple copie du réel mais le produit d’un regard personnel sur ce dernier. Toutefois, l’auteur réaliste ne « moralise » pas en prêchant la vertu, il ne se pose pas comme gardien d’une morale.
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Le narrateur du récit est-il interne, externe ou omniscient ?
Il est externe. Il décrit les personnages et les lieux comme un simple observateur. Il s’en tient aux simples apparences. Il ne pénètre jamais dans les pensées de ses personnages.
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En quoi cette nouvelle appartient-elle au mouvement réaliste ?
La réalité telle qu’elle est dépeinte dans « Aux champs » est représentée telle qu’elle est, sans être idéalisée. Les dures conditions de vie de la classe paysanne, tout comme son environnement et ses mœurs y sont décrites méticuleusement. L’effet sur le lecteur en est une impression de réel très prononcée.
Le réalisme peut se définir comme « un attachement à la reproduction de la nature sans idéal. » L’auteur réaliste s’attache à décrire l’ensemble ou une partie de la société de son époque sans la travestir ou l’idéaliser. A partir de la révolution industrielle, la bourgeoisie et le matérialisme prennent une place essentielle, tandis que le romantisme s’essouffle. Le réalisme s’attache en particulier à décrire les milieux sociaux habituellement délaissés par la littérature comme les classes populaires ou les marginaux.
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Par quel type de discours débute la nouvelle ?
La nouvelle débute par du discours descriptif. C’est la situation initiale de la nouvelle, l’on y retrouve :
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la présentation du cadre spatial : à la campagne, proche d’une ville thermale « Rolleport », dans deux chaumières, au pied d’une colline ;
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la présentation des personnages : deux familles nombreuses de paysans pauvres, les Tuvache et les Vallin ;
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la description de leurs mœurs ;
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l’évocation d’une époque que l’on peut déduire : le 19
ième
siècle
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Comment vous imaginez-vous les différents personnages ? Comment sont-ils présentés ? Qu’apprenons-nous sur leur mode de vie ? Illustrez votre réponse par des passages du texte.
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La famille Tuvache et la famille Vallin : deux familles de paysans pauvres
Les familles sont présentées de façon symétrique grâce à des parallélismes, l’auteur insiste beaucoup sur leurs similitudes, en particulier leur niveau social et leurs difficultés à survivre de leur travail. Leur mode de vie est rude, les familles nombreuses.
Les deux familles forment deux groupes homogènes, elles vivent dans des chaumières jumelles, travaillent la même « terre inféconde », ont un nombre identique d’enfants. Ce qui les distingue est leur destinée : le lecteur suit leur évolution, de l’union initiale (fusion, proximité) à la désunion finale (l’éclatement, la dispersion). Les Vallin se sont enrichis et sont heureux tandis que les Tuvache sont toujours misérables, le malheur les frappe plus cruellement encore.
Les paysans sont disqualifiés dans cette nouvelle : ils ont un comportement presque bestial, leur langage est très familier, leurs enfants se vautrent « dans la poussière ».
Vie quotidienne et mœurs
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Description de la vie besogneuse des paysans : tous les jours se ressemblent et les deux familles sont unies dans la même misère.
Description d’une vie difficile : les deux familles vivent misérablement : Le lexique de la pauvreté est important : « chaumières, besognaient dur, terre inféconde, masure, vivait péniblement » -
Description d’une vie en plein air : « grouiller dans la poussière », « joues sales, cheveux blonds frisés et pommadés de terre »…
– Description du menu quotidien : les familles sont décrites comme pauvres par le biais des repas : « vivait péniblement de soupe, de pommes de terre et de grand air », « pain molli dans l’eau où avait cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois oignons », « Un peu de viande au pot-au-feu, le dimanche, était une fête pour tous », « tranches de pain qu’ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre », l’évocation de la table « vernie par cinquante ans d’usage »…
Langue et dialogues
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L’emploi du patois (le jargon des paysans) produit un effet de réalisme. Il montre le décalage entre les paysans et les d’Hubières et insiste sur le caractère peu éduqué des campagnards.
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L’importance des scènes dialoguées (discours direct) pour accentuer l’impression d’authenticité et faire « entendre » les façons de parler des paysans, et le contraste avec les façons de parler des gens d’une catégorie sociale plus élevée.
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Les d’Hubières : une famille riche qui appartient à la noblesse
(particule « de » élidée).
Le couple cherche peut-être à résoudre un problème de stérilité. « Nous n’avons pas d’enfants, nous sommes seuls, mon mari et moi. » Ils sont riches ce qui va leur permettre d’obtenir ce qu’ils souhaitent : « acheter » un enfant. Les d’Hubières représentent la richesse, mais aussi et surtout les « tentateurs ».
Comment la fiction interroge-t-elle le réel ? Mathieu, professeur de français, nous invite à le découvrir à travers la nouvelle Aux Champs de Maupassant.
Guy de Maupassant est un auteur du XIXe siècle, qui a grandi en Normandie dans un milieu bourgeois. Il a également fait l’expérience du milieu rural et paysan. Il utilise cette double culture dans ses textes.
Téléchargez le texte intégral de la nouvelle en PDF.
Aux Champs de Maupassant
Dans Aux Champs, la composition des familles est la seule chose qui permet de les différencier : l’une a une fille et trois garçons, l’autre a un garçon et trois filles. Les deux familles forment un tout. Les parents considèrent leurs enfants comme des bêtes ou des insectes, un investissement sur l’avenir.
Maupassant décrit les enfants ainsi car il va les utiliser comme des cobayes pour une expérience. Il est associé au mouvement naturaliste, qui est mené par Émile Zola. Zola considérait que l’artiste devait se comporter comme un savant : observer les comportements humains et utiliser ces observations pour en faire des expériences.
Maupassant retranscrit la parole des paysans dans un français malmené pour essayer de retranscrire le réalisme du patois normand. Cela amène le lecteur à vouloir croire à la réalité de l’expérience.
L’expérience est donc d’introduire un couple bourgeois qui souhaite acheter un enfant à la première famille de paysans. Le résultat de l’expérience est le refus de cette famille, car ils considèrent que c’est mal.
Maupassant reconduit l’expérience avec la deuxième famille. Les échanges sont résumés en une phrase : c’est un sommaire, qui permet une accélération du récit. Avec la première famille, ils étaient retranscrits en une scène entière, qui nous permet de vivre le temps de l’action.
Dans la deuxième expérience, on ne sait pas quels ont été les arguments utilisés, mais on sait que la somme d’argent offerte est plus importante.
La conséquence de l’expérience est que la deuxième famille perd son enfant et sa réputation, ainsi que l’amitié de la première famille. La mère les insulte régulièrement pour leur rappeler la honte d’avoir vendu leur enfant. Maupassant souligne ce point dans le temps et dans l’espace, grâce à une énumération des insultes : elle les harcèle tout le temps et partout. Elle les traite de « corromperie » : c’est un mot qui n’existe pas, un barbarisme. Elle ne maîtrise pas bien les mots qui sont sa seule arme.
Le résultat est qu’à l’âge adulte, le fils, devenu bourgeois, revient auprès de ses parents, plein d’amour. Le fils de l’autre famille reproche à ses parents de ne pas l’avoir vendu pour qu’il ait une vie meilleure, et s’enfuit. La question de la moralité, du bien et du mal, est ainsi remise en question.
Pistes d’analyse et prolongements
Une nouvelle naturaliste : Comment Maupassant réalise-t-il une expérience à travers un récit fictif, tel un savant ?
Comment cette nouvelle parvient-elle à nous questionner sur la notion du bien et du mal ?
Travail d’imagination :
Imaginez le retour de Charlot dix ans après.
Qu’est-il devenu ? Revient-il plein de reproches ou d’amour ? Ou un peu des deux ? Et est-il devenu père ?
Ouverture culturelle :
Lisez d’autres nouvelles réalistes de Maupassant, comme Le Papa de Simon qui traite aussi de la parentalité.
Visionnez le film réalisé par Etienne Chatiliez La Vie est un long fleuve tranquille et réfléchissez aux échos qu’on peut y trouver avec la nouvelle Aux Champs de Maupassant.
Réalisateur : Didier Fraisse
Producteur : France tv studio
Année de copyright : 2020
Publié le 16/04/20
Modifié le 03/02/23
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