Les informations recueillies sont destinées à CCM Benchmark Group pour vous assurer l’envoi de votre newsletter.
Elles seront également utilisées sous réserve des options souscrites, par CCM Benchmark Group à des fins de ciblage publicitaire et prospection commerciale au sein du Groupe Le Figaro, ainsi qu’avec nos partenaires commerciaux.
Le traitement de votre email à des fins de publicité et de contenus personnalisés est réalisé lors de votre inscription sur ce formulaire. Toutefois, vous pouvez vous y opposer à tout moment
Plus généralement, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification de vos données personnelles, ainsi que celui d’en demander l’effacement dans les limites prévues par la loi.
Vous pouvez également à tout moment revoir vos options en matière de prospection commerciale et ciblage. En savoir plus sur notre politique de confidentialité ou notre politique Cookies.
Annexe
— Troisième lettre du duc d’Orléans à Henri IV d’Angleterre (14 octobre 1403)
Source : Paris, AN, X1a 8602, fos 174-176ro .
[174vo] Rescripcio ducis Aurelianensis contra regem Anglie, [verbosa et …] .
[1] Ou nom de Dieu qui tout a fait et qui congnoist toutes personnes , je, Loys, filz et frere de roys de France, duc d’Orliens, etc., ay receues les lectres qu’escriptes m’avez vous, Henry de Lencastre, ravissant et regent indeuement ou royaume d’Engleterre, donnees le penultime jour de may l’an de grace mil .cccc. et trois, à moy presentees par Lencastre, roy d’armes, en mon chastel et ville de Coucy, present et estant en ma compagnie mes tres chiers et tres améz cousins, le conte de Nevers, le conte de Mortaigne et plusieurs autres de mon sang, dont par vostre herault pourrez assez savoir. Et ay bien entendu le contenu d’icelles.
[2] Et pour commencier à respondre à voz lectres, à ce que vous dites que vous ne deussiez respondre à ma requeste que faite vous ay ne aux replicacions adjoustees en ycelle : consideré l’estat en quoy vous dites estre, qui n’est approuvé de Dieu ne du monde, je repute trop plus m’abaisser avoir paroles à vostre personne, veu mes bons ancestres, mon lignage et ma loyaulté, que vous, desnué de trestout honneur.
[3] Or quant à ce que par voz dites lectres vous reprenez aucunes autres lectres faites premieres que mandé vous avoye, lesquelles dictes qu’ilz procedoyent par jeunesse de cueur et pour acquerir honneur et renommee : quant je les feis, j’avoye moult grant desir et si pensoye qu’il se deust acomplir ce que mandé et requis vous avoye, mais en monstrant pour me chargier que je eusse fait contre la mienne honneur plusieurs choses, dont vous ay respondu par mes lectres portees par mes heraulx, comme il appert par l’escripture faite le .xxvii.e jour de mars l’an mil .iiiic. et deux , en vous chargant et m’acquittant tant envers Dieu qu’envers le monde, en remonstrant ce que vous estes, comme par ce povez savoir se n’avez mis vostre honneur en obly. Et se vous cuidiez avoir avuglé et Dieu et le monde, qui voulez tourner en toutes frivoles les derrenieres lectres qu’escriptes vous ay, qui poignent assez contre vostre honneur, se en eussiez point, de l’esmocion que povez avoir aux choses respondre qu’escriptes vous ay, en ce me cuidant remonstrer en faulx ce qui est tout vray et ce que pour faulx vous estes tenuz envers tous preudommes, en reprenant l’estat en quoy vous estes, que escript vous ay et maintendray, l’aide de Dieu devant, que n’estes venu comme vous deussiez et que en ce vous dites que vous m’aviez dit et ce declairé, vous estant deça : bien est certain que vous me deistes qu’aviez envoyé vers vostre seigneur, le roy Richart, mon nepveu, dont Dieux ait l’ame, qui estoit alé es marches d’Irlande pour avoir la delivrance de l’eritage de vostre pere qui par sa mort vous estoit avenue et que vous pensiez vous tirer jusques au pays, et là vous teniez que ceulx qui estoient subgiéz [de] votre pere vous porteroient obeissance. Et en cuidant me donnez charge que sceusse vostre mauvais fait, il puet bien paroir que ce sont mensonges, car vous ne saviez que vous trouveriez de par dedela.
[4] Et à l’aliance que vous me requistes, laquelle je feis, comme il appert en quoy est congneu par trestous proudommes qui ont congnoissance de ma dite lectre se vostre seigneur est point excepté, comme autresfoiz vous ay escript.
[5] À ce que dites que peu tenez de compte de la preuve ou despreuve que je ou autres povons faire de l’estat que indeuement, sans dignité, povez avoir : de ce je ne me merveille, puisque vous n’eustes ne Dieu ne honneur devant vous en faisant vos faiz ; bon est appenser que des paroles du monde, bien pou vous chaurroit, quant vostre honneur avez mis soubz voz piéz.
[6] Or quant à ce que vous ventez que par ma bouche me ferez regehir et approuver que soyez mon seigneur, quel raison vous y puet mouvoir ? Quel droit en ce povez appeter ? Car je n’euz onques que un Dieu en Trinité et un seigneur en cestui monde. Et en ce, l’aide de Dieu devant, vous demourrez un grant venteur et par consequent un manteur.
[7] Quant au trespas de vostre dit seigneur et mon nepveu, dont Dieux ait l’ame, et duquel vous avoie rescript et mandé que Dieux savoit par qui il estoit mort, il le scet bien, ce vuelx je approuver. Il est commun que l’avez detenu en voz [175ro] prisons. Il est certain que vinstes devers lui en un chastel, où il estoit venant d’Irlande, où feustes devers lui, decevant sa personne soubz umbre de le saluer ; decevant ses nobles soubz tiltre de bienfait ; decevant son peuple, leur promettant franchises ; avuglant son clergié soubz raisons obscures ; prenant ses serviteurs, les destruisant à mort et comme un tirant ; ayant touzjours le cours de sa dite personne entre voz mains ou de voz gens. Où est sa vie ? Où est son corps ? Ne le scet Dieux ? Ne le cognoist le monde ? Certes si fait, car vous avez la charge, s’il est en vie, que ne le delivrez, et s’il est mort, que s’ait [sic] esté par vous.
[8] À ce que vous dites que vous ne pensez que je exceptasse, pour lors que je feis l’aliance avecques vous, vostre dit seigneur le roy Richart, mon nepveu, et ma tres honnouree dame et niepce, Madame la royne d’Angleterre, et que vous ne savez se ores je les excepte en general : où sont les aliéz de mon tres redoubté seigneur, Monseigneur le roy de France, qui n’y soient exceptéz, lesquelx sont de son lignage, qui n’y soient comprins, ne ses subgiéz ne ses amis ? Comment cuidiez vous par vostre escripture avugler le monde en me pensant donner charge ? Et par vous tout faulx, vostre malice nous cuide il diviser mon tres chier et tres amé oncle, le duc de Bourgongne, et moy par dedeça par voz escripz ? Souffise vous en vostre contree l’avoir divisee, car, par deça, l’aide de Dieu devant, ja n’y avendrez.
[9] De la merveille que vous povez avoir, se dites vous, de mes escrips que vous ay faiz en chargant vostre honneur, veu que depuis que vous detenez à tort la seigneurie en quoy vous estes, j’ay envoyé un de mes chevaliers approuvant vostre estat en offrant vous complaire, comme en voz dites lectres est contenu : avons en ce lectres de creance ? Avons de ce nulz tesmoins ? Viengnent avant et nommez la personne qu[e] vous taisiez pour pali[e]r vostre bourde , et ilz orront que on leur respondra.
[10] À l’article qu’escript vous ay et qui peut comprandre que je ne pense que la vertu divine vous ait mis en l’estat que vous usurpez, etc., et que à ce, vous respondez ce que bon vous samble, cuidant colorer voz faiz et chargant les miens, pensant que autrement que de par Dieu, j’ay et tieng les biens temporelz qu’il lui a pleu à moy envoyer par sa grace : quel tort, quel violence, quelle usurpacion, quelle fraude, quel malengin ay je eu à quelque personne pour avoir l’estat que Dieu m’a presté ? Qui s’en plaint ? Qui m’en donne charge viengne avant ! J’en respondray devant mon roy et souverain seigneur. Parquoy j’apreuve que Dieux m’a mis de sa grace et vertu divine là où je suis. Tous sortilleges, se je les ayme et se ceulx qui s’en entremectent, tieng costé moy. Je m’en rapporte à Dieu et à tous ceulx qui me pevent congnoistre. Et à venir à l’estat que Dieux si m’a presté, ne par tyranie ne par homicides ne par violence je n’y suis venuz. Ceulx qui sont venuz ou usurpent autre seigneurie par autre maniere, comme vous faites, ne sont approuvéz de Dieu ne louéz du monde.
[11] Au fait qui touche ma tres honnouree dame et niepce, Madame la royne d’Angleterre, que vous ay escript qu’elle avoit à comparer de vostre rigueur et vostre cruaulté, qui estoit venue par dedeça desolee de son seigneur qu’elle a perdu, desnuee de son douaire que detenez, despoillee de son avoir qu’elle emporta par dedela et qu’elle avoit de son seigneur, et que vous excusez que n’avez fait rigueur ne cruaulté envers elle, de quoy s’est bourde se vous ne lui restituez son seigneur et mary, se vous ne lui bailliez son douaire, se vous ne lui rendez ses meubles ; et duquel douaire et desquelx meubles vous estes obligié par vostre seellé à lui rendre et delivrer par l’ordonnance et commandement de vostre seigneur, le roy Richart, lui estant vivant, et plusieurs autres de son sang. Et cuidiez par vostre cautelle la destruire et despouiller des choses dessus dites sur aucune lectre ou endenture que vous dites avoir, dont de ce ne [175vo] m’avez envoyé ne l’original ne la copie. Et si ne sçay se voulez ignorer qu’el[le] n’ait amis pour pourchacer son bon droit ; avons oublié la protestacion que ma dite dame et niepce fist à son retourner, estant à Bouloigne. Combien tenistes vous ma dite dame et niepce depuis le trespas de son seigneur, dont Dieux ait l’ame, sanz la restituer ne bailler à mon tres redoubté seigneur, Monseigneur le roy de France, son pere, à Madame la royne, sa mere, ne à nous, ses parens et amis, pour requeste que mon dit seigneur ne elle ne nous tous de son sang vous feissions ne feissions faire, pensant et cuidant la faire avoir ou bailler à vostre aisné filx. Quantes peines pour ce refuser ne pour ce ne vouloir faire en a elle eues, dont, sanz la grace de Dieu, elle ne les eust peu souffrir, qui y a remedié ? Quantes menaces ont esté faites à ses gens du pays de France et en quans perilz en ont esté ? Quans maulx en ont souffert et chevaliers et dames et damoiselles du pays d’Angleterre pour garder leur loyaulté envers elle par vostre volenté desordonnee, qui ont mieulx amé tout ce endurer et souffrir que faulser leur serment envers son seigneur, dont Dieux ait l’ame, ne envers elle ? Et pour ces choses dessus dites, joinct les autres, l’aide de la benoite Trinité, m’acquictant envers Dieu, m’acquictant envers elle et l’ordre de chevalerie, seray pour elle, comme autresfoiz vous ay escript, son champion à maintenir et garder son bon droit et sa juste querelle.
[12] Et à ce que vous vouldriez, se dites vous, que je n’eusse fait à dame ne à damoiselle ne autre personne autre chose que vous avez fait envers elle, ja Dieu ne plaise que l’eusse fait. Je tieng de la plus grant jusques à la plus petite qui soit ou monde que elle ne se plaint de moy. Se j’ay aymé et on m’a aimé, sa fait amours, je l’en mercie, je m’en repute bieneureux.
[13] O prince de mensonges, à ce que vous ne reprouviez point tous mes vrays et loyaulx parens, serviteurs, aliéz et adherens qui m’acompaigneront à soustenir ma querelle que j’ay emprinse contre vous, et ores et autresfoiz, ne vous ne autre de vostre pays ne le sauriez ne n’oseriez ne ne pourriez maintenir que vous n’eussiez response, l’aide de Dieu devant, en verité, mais quant à moy qui ne me reputez ne ne tenez pour tel que je suis et que je seray, l’aide de Dieu devant, toute ma vie, je vous respons que suis leal et proudomme envers Monsr et envers son royaume. Et pour ce dy je que vous mantez ; et toutes foiz que le direz, vostre bouche fera sa coustume, qui est raemplie de mensonges et de trestoute faulseté.
[14] À ce que vous reprenez ce que vous avoye escript, que vous avez plus chier le sang de ceulx de mon costé que n’aviez eu cellui de vostre lige et souverain seigneur, il appert bien, car, Dieux mercy, vous ne leur feistes onques mal ; à vostre roy et à vostre seigneur, chascun scet bien que vous lui avez fait et se par vous il est mort en prison ; et combien, se je vouloie tant fair[e] à vous convaincre, à l’aide de Dieu devant, de ce que vous ay escript et que chascun puet congnoistre comme faites, se me samble, par voz lectres qui ne dient le jour ne l’eure ne quant vous vous oseriez defendre en offrant vostre personne à l’encontre de la mienne, la mer estant entre deux, point ne l’avez apperceu par chose que j’aye escripte, et si est tout approuvé et congneu en verité tout ce que vous ay escript.
[15] Et au point que m’escrisez que mon tres redoubté seigneur, Monseigneur le roy de France, et mes parens et amis de par deça feussent à present plus aises se je ne leur eusse procuré plus grant mal qu’avez fait à vostre dit seigneur, je vous respons que vous mantez par vostre faulse et desloyalle gorge : à Monseigneur me suis bien acquictié comme à mon roy et souverain seigneur, et comme preudomme et loyal doit faire. Si ay je fait à mes autres parens et amis comme je doy et je y suis tenuz. [176ro] Et si eusse fait ou fait faire tel mauvaistié, tel traïson, tel faulseté comme avez fait envers vostre roy et souverain seigneur, combien que vous dites que mon tres redoubté seigneur, Monseigneur le roy de France, et mes autres parens seroient plus aises qu’ilz ne sont, je cuide que leurs corps ne souffreroient ne bien ne mal. Et quant à ce que vous pretendez avoir droit sur ceulx de ce royaume, pourquoy de leur sang vous dites que devez avoir grant pitié ? Vous vous en deussiez actendre à les garder à leur roy et prince et souverain seigneur, mon tres redoubté seigneur, Monsr le roy de France, et à nous tous de son sang, qui les a et nous en sa compagnie améz, chieriz, nourriz et gardéz, et ferons, l’aide de Dieu devant, comme vrays et loyaulx qu’ilz sont.
[16] Or puis je veoir et congnoistre par la fin de voz dites lectres que l’eure et le jour que je desiroye de vous asavoir, je ne puis entendre, fors que m’escrisez que, quant bon vous samblera, vous venrez personnelment par deça acompaignié de tant de gens comme il vous plaira. Surquoy vous mande, comme autresfoiz vous ay escript, que, l’aide de la benoite Trinité, de Nostre Dame et de Monsr saint Michel, vous estant en lieu convenable, moy estant encontre de vous, vous trouverez en gardant mon honneur des trois offres à vous faites, s’en vous ne tient tele response par effect comme en tel cas il appartient.
[17] Et pour ces choses dessus dites, Dieu appelant en mon aide, je vous faiz assavoir : je suis celui qui soustendray et maintendray la querelle de ma tres honnouree dame et niepce, Madame la royne d’Angleterre, et les paroles ci escriptes ou dommage, se Dieux plaist, de vostre faulse personne au plus tost que je pourray et quant je verray mon point.
[18] Et pour ce que vous sach[i]ez et congnoissiez, et vous et le monde, que ce que j’escripz et que je vous mande je vueil accomplir à l’aide de Dieu, j’ay yci fait mectre le seel de mes armes et m’y suis subscript de ma propre main, le dimenche aprés la Saint Denys, .xiiii.e jour d’octobre l’an de grace mil quatre cens et trois.
Ainsi signé : Loys.
Collacio facta est : Baye.
https://www.youtube.com/watch?v=
Soyez le premier a laisser un commentaire