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Comment faire une anthologie

 

Comment réaliser une anthologie poétique?

 

Définition :  Une anthologie est un recueil de morceaux choisis en prose ou en vers. ( Petit Robert)

Vous devez donc créer un recueil de poèmes et lui donner la forme d’un livre ou d’une revue.  Ce travail est personnel et figurera sur le descriptif du baccalauréat que vous remettrez à votre examinateur lors de l’oral de l’EAF.

Un recueil numérique sera réalisable en AP projet (1ère L) au deuxième semestre. Il peut être constitué d’un florilège des meilleures réalisations de la classe ou de poèmes rédigés par les élèves sur un même thème.

 

Étape 1 : Choisir les poèmes

– Choisissez le thème de votre recueil. Vous pouvez partir de thèmes traditionnels mais aussi chercher à être original : la singularité n’est pas défendue, tout au contraire!

Quelques suggestions de thèmes traditionnels : la représentation de la femme en poésie ( aimée, idéalisée, rêvée, la muse, la tentatrice…)le voyage, la fuite du temps, les saisons, l’amour ( sous toutes ses formes : idéalisé, malheureux, perdu, charnel, sensuel, les jeunes amours…), la guerre, la souffrance, la mort, la jeunesse, l’enfance, les animaux, les objets, la poésie engagée…

– Choisissez de 8 à 10 poèmes  sur ce thème : feuilletez des recueils et des anthologies, des manuels de littérature au CDI. Vous pouvez également consulter des sites, mais assurez-vous qu’ils soient sérieux et ne concernent que des poètes reconnus en tant que tels ( pas de « blogs amateurs »).

Quelques suggestions de sites :

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/

https://www.poetica.fr/

http://www.poesie-francaise.fr/les-sites-sur-la-poesie-francaise/

-  Veillez à  ce que les poèmes sélectionnés appartiennent à des auteurs, des époques et des formes différentes ( poèmes versifiés, en prose, formes fixes, vers libres, calligrammes…)

 

Étape 2 : Mise en page

– La typographie doit être unique pour tout le recueil : si vous utilisez un traitement de texte, utilisez toujours la même police.

– Vous pouvez, si vous le préférez ou si cela s’insère mieux dans votre projet, copier les poèmes à la main. Utilisez la même encre, la même plume pour chaque poème.

– Indiquez le titre du poème, celui du recueil dont il est extrait, le n0m de l’auteur et la date de publication.

– Présentez l’auteur dans un court paragraphe  ( 2,3 lignes).

 

Étape 3 : Illustrations

– Pour chaque poème, choissez une illustration qui figurera sur une page contiguë.

  • il peut s’agir d’un tableau, d’une photographie, d’une image trouvés sur internet : en ce cas, indiquez les sources ( nom de l’auteur, date, titre de l’oeuvre).

  • il peut s’agir d’un collage effectué par vos soins.

  • vous pouvez également réaliser vous-même une illustration : peinture, dessin, esquisse…tous les matériaux sont permis.

 

Étape 4 : Rédigez la préface

Il s’agit d’un texte argumentatif, visant à donner envie de lire votre recueil et à justifier vos choix:

  • expliquez quel est l’intérêt ( en général ou pour vous) du thème choisi.

  • indiquez les raisons qui ont motivé le choix de chacun des poèmes qui constituent le recueil.

  • pour les plus perfectionnistes ou méticuleux, précisez le choix des illustrations ( peut faire l’objet d’un texte à la fin du recueil).

 

Étape 5 : Réalisation matérielle du recueil

– Classez les poèmes selon un ordre logique : alphabétique, chronologique…

– Forme basique  du recueil : un livre, une revue,  avec couverture,  sommaire, préface. ( indiquez sur la première de couverture votre nom et le titre du recueil).

– Vous pouvez opter pour une forme plus originale qui correspondrait au thème choisi : cf. les exemples donnés en classe.

 

Date de remise du travail :

– Décembre, avant les vacances.

 

Comment réaliser une anthologie poétique?

 

Comment réaliser une anthologie poétique?

Comment réaliser une anthologie poétique?

Comment réaliser une anthologie poétique?

 

 

Sujet du devoir

Rédaction d’une anthologie poétique

Vous allez constituer une petite anthologie de cinq poèmes en rédigeant la préface.

  • But : développer une culture littéraire et un goût pour la poésie

Le choix des poèmes

  • Où les chercher ? Dans un manuel, dans des recueils de poésie, sur des sites Internet.

  • Comment ? Choisir des poèmes avec un thème commun qui plaisent à sa propre sensibilité ou qui se démarquent par un intérêt particulier ; ils doivent avoir été écrits par différents auteurs à des périodes elles aussi différentes (au moins trois), en représentant dans l’idéal un mouvement littéraire.

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C’est parti

Rédaction de la préface : méthode

Comment ?

Il vous faudra rédiger une préface pour présenter l’anthologie et justifier les choix effectués.

Il conviendra de mettre des références précises et de conduire des analyses rapides mais correctes pour mieux argumenter vos choix.

Naturellement, il faudra mettre en évidence des liens entre les poèmes choisis et montrer leurs points communs comme leurs différences.

Consignes

  • deux pages minimum

  • structure travaillée (paragraphes, ordre de la présentation, citations, références)

  • faire apparaître le titre de l’anthologie (en fonction du thème), la préface et les poèmes choisis avec leurs références

  • Soigner la mise en page

Caractéristiques de l’anthologie créée

Titre

Anthologie de la poésie amoureuse de l’Antiquité au XXème siècle

Comment se finit la pièce Le Mariage de Figaro ?

Résumé

Cette anthologie poétique sera axée sur l’évolution de la représentation de l’amour au travers des siècles, constituée par des poèmes traitant ainsi de cette « passion » selon les époques mais aussi selon les mouvements littéraires d’un même siècle.

Poèmes choisis

  • Géorgiques IV

    , vers 450-529, Virgile, 79-19 av. J-C (Antiquité)

  • « Une beauté de quinze ans enfantine », Pierre de Ronsard,

    Amours I,

    1552

  • « La nuit de mai », Alfred de Musset, 1835

  • « Mon rêve familier », Paul Verlaine,

    Poèmes saturniens

    , 1866

  • « Je pense à toi mon Lou », Guillaume Apollinaire,

    Poèmes à Lou,

    1914

Rédaction de la préface

Cette anthologie de la poésie amoureuse au travers des siècles vise à présenter, à travers cinq poèmes issus de cinq mouvements différents, l’évolution de la représentation amoureuse pour des poètes parties prenantes d’une époque, d’une culture, d’une sensibilité. Ainsi, la célébration de l’amour n’est-elle pas gratuite : elle est plutôt le résultat d’un contexte historique d’abord, personnel ensuite, qui la rend fatalement marquée par son temps et son auteur.

La lecture de ces cinq poèmes, fêtant tous l’amour d’une manière ou d’une autre, drainera avec elle, pour le lecteur avisé comme pour le novice, autant d’atmosphères différentes : tantôt le mythe qui du fond des âges rappelle à l’homme sa finitude, tantôt la beauté à trouver dans la souffrance d’une époque et d’un homme ayant perdu ses illusions ; tantôt la présence de la guerre qui tue, tantôt celle du souvenir fantasmé de la femme inconnue. Entamons donc la présentation de ces poèmes tous singuliers, et qui pourtant participent ensemble à polir les différentes facettes du diamant de l’amour.

Les vers 450 à 529 des Géorgiques IV du poète latin Virgile nous viennent de l’Antiquité. Dans cet extrait d’un poème plus long qui célèbre par ailleurs les simplicités de la terre, Virgile raconte la descente aux Enfers d’Orphée, qui veut y chercher son aimée Eurydice, déjà morte.

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Rappelons un peu les faits : le poète Orphée, à la lyre magique, avait obtenu la permission de Perséphone, reine du royaume des morts, de ressusciter la défunte, à la seule condition qu’il ne se retourne pas et ne regarde jamais en arrière tout au long du chemin à emprunter pour retourner à l’extérieur. Las, le poète ne sut retenir sa curiosité et, en voulant apercevoir son aimée qui la suivait, il la perdit à tout jamais.

Le récit dramatique qu’en fait Virgile, tendu entre lyrisme et narration, mêle ainsi la fragilité d’Orphée, détruit par la passion qu’il nourrît pour Euridyce et l’aspect divin de la loi des Dieux, qui ne renoncent pas à un pacte. Dans cette Antiquité, l’expression des sentiments amoureux se lie donc à la Mort.

Comment se termine le mythe d'Orphée et d'Eurydice ?

La souffrance d’Orphée laissé seul sur la Terre des vivants, puis dévoré par les Muses qui l’adorent, renvoie à une considération tragique de l’amour, travaillée par certains autres de nos poètes, qui partagent le lyrisme caractéristique de la poésie antique.

Parmi eux, il y a Alfred de Musset et son poème « La nuit de mai », tiré de son recueil Les Nuits (1835). Le poète s’y lamente de la perte de l’aimée, consécutive non pas à un décès, mais plutôt à une rupture amoureuse comme il en existe des milliards et des milliards. Historiquement, il s’agit de sa séparation d’avec Georges Sand, bien vivante pour quelques décennies encore. Mais la manière dont le poète romantique – et qui, en conséquence, exprime ses sentiments dans un certain excès – décrit son état à la Muse, descendue du ciel pour être son interlocutrice, invite à faire l’amalgame entre rupture amoureuse et décès de l’aimée. Musset, dans sa réaction immédiate, déplore la mort de tout et la souffrance qui s’y associe. Pourtant, sur exhortation de la Muse, sa souffrance est féconde – on en voudra pour preuve la création en elle-même du poème -, tout comme les lamentations d’Orphée étaient fécondes, lorsqu’elles provoquaient la révérence de la nature au son de sa lyre éplorée :

Sur sa lyre fidèle il soupirait sa peine.
Les tigres écoutaient, et dans les bois les chênes
S’inclinaient doucement au son de ses accords.

L’amour est une solitude quand il s’arrête, mais aussi quand il se vit. N’est-ce pas ce qu’avancent les deux poèmes plus tardifs de Verlaine et d’Apollinaire, chacun à leur manière ?

Car le poème « Mon rêve familier », extrait des Poèmes saturniens (1866), par Paul Verlaine, poète maudit s’il en est, célèbre l’amour comme il déplore la solitude. Il évoque là son rêve d’ « une femme inconnue », qui l’aime et qu’il aime, cette femme qui le comprend, « elle seule, hélas » ; c’est dire que cette femme n’existe que dans ses rêves – autre nom pour la poésie. 

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Comme Orphée, Verlaine ne peut plus que se souvenir, depuis les fonds d’un âge mythique (sa mémoire de poète peut-être, imprégnée du présent et de l’éternité) ; et la voix de la femme inconnue a l’inflexion des « voix chères qui se sont tues », telle Eurydice qui habite désormais en-dessous de la terre, pour l’éternité. Dans ce poème symboliste, la femme chérie restera un rêve informe, une présence indéfinie :

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.

Elle n’existe que dans la certitude du salut amoureux, de la nécessité d’aimer et d’être aimé, horizon vital de la mélancolie d’un poète atteint par un mal tout aussi informe que celle qu’il adore les yeux fermés.

À cette proximité entre amour et mort, Apollinaire donne une nouvelle modernité : dans le poème « Je pense à toi mon Lou », présent dans le recueil Poèmes à Lou, la date de décembre 1914 indique d’emblée la clé de lecture principale.

Au front de la Première Guerre mondiale, le poète ne peut voir la guerre sans penser à Lou, et inversement. C’est dire que sa passion amoureuse se lie essentiellement à la possibilité de la mort, ou tout du moins à la violence de son sentiment. La relation entre Apollinaire et Lou, à qui est dédiée le recueil, fut en effet tumultueuse ; mais rien n’efface la présence (dans le souvenir, à tout le moins) de la femme aimée, surtout pas les bruits d’obus :

Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d’un obus qui éclate au nord

Et le poème d’Apollinaire de rappeler lui-même les courbes callipyges de Lou : point de ponctuation dans ce poème de la modernité, comme si ses vers devaient reproduire en elle – la lectrice visée ! – ses caresses ininterrompues sur sa peau, faites dans les temps de paix, qui étaient aussi des temps guerriers pour la passion amoureuse.

Qu'est-ce qui provoque la remise en cause du roman ?

Car comment oublier la vue d’une femme, a fortiori celle qu’on aime ?

Pierre de Ronsard fut spécialiste en la matière, comme poète de l’amour et du sonnet, forme caractéristique du thème à son époque de la Renaissance, et qui sera réutilisée par Verlaine pour le poème déjà commenté. Dans « Une beauté de quinze ans enfantine », du premier tome de ses Amours (1584), le poète de la Pléiade célèbre la vision angélique de celle qui le bouleverse dans le moment – il s’agit peut-être de Cassandre Salviati, petite fille encore lorsqu’il la rencontra.

Là où, dans l’immersion de la guerre, Apollinaire compare la silhouette de son aimée à un fusil, Ronsard voit plutôt des attributs de la nature, comme la neige ou le lait – et cela, c’est la marque de l’époque.

La femme aimée, dans tous les cas, est une divinité : morte et presque vivante pour Orphée, « Dame humaine » et « beauté divine » chez Ronsard, incarnée dans la Nymphe devant les yeux de Musset, un songe pour Verlaine, un astre « sur qui ruent les étoiles » dans le poème d’Apollinaire.

Elle est aussi une divinité puisqu’elle n’existe jamais vraiment sinon dans la tête du poète qui la célèbre : elle est un songe, un rêve, un souvenir – une perfection qu’il convient seulement de célébrer, quel que soit le temps, quel que soit le lieu, quelle que soit l’urgence. Car, ainsi que le dit Musset, dans un poème, « La Coupe et les Lèvres », qui aurait tout aussi bien pu se trouver dans le présent recueil :

L’amour est tout, — l’amour, et la vie au soleil.

Amour est le grand point, qu’importe la maîtresse?

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse!

Les poèmes

« Géorgiques IV », Virgile, Ier siècle av. J-C, traduction d’Henri Laignoux, 1939)

Aristée, à ces mots, s’arrêta de parler.

.
Alors, grinçant des dents, l’irascible devin,

Roulant des yeux où brille une glauque lumière,
Aux regards du berger dévoila les destins.
«D’une divinité c’est la juste colère,
Dit-il, qui te ravit ce qui fit ton orgueil,
Décima tes essaims, mit tes ruches en deuil.
Tu gémis ? Souviens-toi d’Eurydice éperdue,
Par ta faute, Aristée, aux Enfers descendue,
Et pour le triste Orphée à tout jamais perdue.
Près du fleuve désert, le coeur rempli d’effroi,
Elle fuyait un jour, rapide, devant toi.
Hélas ! elle n’a pas dans les épais roseaux
Vu ramper un serpent aux monstrueux anneaux.
Eurydice n’est plus ! Ses farouches compagnes,
Les Dryades des bois et des hautes montagnes,
Ont rempli de leurs cris les plaines et les monts
Des sommets du Rhodope aux rives du Strymon ;
Et dans la Thrace entière, au bruit de son trépas,
Les échos ont redit : Hélas ! Hélas ! Hélas !
Le malheureux Orphée, en sa douleur cruelle,
Cherche les lieux déserts, et sur son luth fidèle,
Eurydice, c’est toi, toi seule, ses amours,
Qu’il veut chanter, de l’aube à la chute du jour.
Il va, toujours errant, toujours inconsolable ;
Il franchit des Enfers la porte redoutable,
Et jusque dans l’Hadès, en leur sombre séjour,
Ne craint pas d’affronter ces dieux inexorables
Dont le coeur endurci ne saurait s’attendrir
Aux plaintes des humains condamnés à souffrir.
Cependant aux accords de la lyre plaintive,
De l’Erèbe muet quittant les profondeurs,
Les ombres accouraient au-devant du Chanteur,
Comme un grand vol d’oiseaux, groupés sur une rive,
Prend soudain son essor vers un climat meilleur.
Leur foule se pressait le long du noir abîme,
Les mères, les époux, les héros magnanimes,
Et la vierge innocente, et les fiers jeunes gens
Placés sur le bûcher aux yeux de leurs parents.
Autour d’eux le Cocyte étale sa barrière
Faite d’une eau fétide et de joncs gémissants,
Et le Styx, par neuf fois, autour d’eux se glissant
Leur interdit neuf fois de revoir la lumière.
Même au fond du Tartare, au séjour des supplices,
Le luth a suspendu le cours de la justice :
Cerbère au triple mufle a cessé d’aboyer ;
Le dieu des vents, Éole, oubliant de souffler,
Sur sa roue Ixion s’arrête de tourner ;
Et sur leurs fronts hideux les pâles Euménides
N’entendent plus siffler les serpents homicides.
Enfin, grâce à son luth, vainqueur du noir trépas,
L’aède harmonieux revenait sur ses pas.
Eurydice suivait ; mais une loi sévère
Défendait à l’amant tout regard en arrière.
Nul danger désormais : déjà, sur la hauteur,
Blanchissait faiblement une pâle lueur…
Et voici que soudain, — démence pardonnable !
Mais les Mânes jaloux n’ont jamais pardonné, —
Le triste Orphée oublie, et l’époux misérable,
Impatient de voir un visage adoré,
S’arrête, et, malgré lui, se retourne…
0 terreur ! 0 du sombre Pluton implacable rigueur !
Trois fois la foudre éclate, et le pacte est rompu
Qui liait le tyran à l’amant éperdu.
Faible, une voix gémit : «Orphée, ô cher époux,
Quel dieu cruel, hélas ! s’acharne contre nous ?
Le sommeil de la mort oppresse ma paupière ;
Il me faut à jamais, pour la seconde fois,
Dans l’éternelle nuit retourner en arrière :
O cher Orphée, adieu ; je ne suis plus à toi !»
Elle dit et s’efface, ainsi que dans les airs
Se mêle une fumée à l’impalpable éther.
Orphée étend les bras et ne saisit qu’une ombre ;
Il voudrait lui parler, mais l’ombre a disparu,
Cependant que Charon, le nocher à l’oeil sombre,
Le repousse d’un bord qu’il ne franchira plus.
Que faire désormais ? Où porter sa misère ?
Quelles divinités, quelles âmes de pierre
Pourrait-il émouvoir ? Inutiles efforts !
Déjà son Eurydice, au royaume des morts,
Sur la barque du Styx voguait, pâle et glacée !

.

Pendant sept mois entiers sa plainte non lassée
S’exhala nuit et jour près du Strymon désert.
Seul parmi les rochers, malgré le rude hiver,
Sur sa lyre fidèle il soupirait sa peine.
Les tigres écoutaient, et dans les bois les chênes
S’inclinaient doucement au son de ses accords.
Ainsi, lorsque, la nuit, la Nature s’endort,
Tu gémis dans les bois, plaintive Philomèle,
Appelant tes petits que d’une main cruelle
Le rude laboureur arracha de leur nid :
L’air retentit au loin de ta plainte éternelle
Qui toujours recommence et jamais ne finit !
Ainsi gémit l’aède, et dans les tristes plaines
Où la Thrace en hiver blanchit sous les frimas,
Solitaire et farouche il a porté ses pas,
Désormais insensible aux tendresses humaines,
Rebelle à tout amour, et se plaignant sans fin
Des Enfers et d’un don qui devait être vain.
Mais les femmes de Thrace ont senti ses mépris.
De son coeur trop fidèle Orphée aura le prix.
Ivres de la fureur des nocturnes orgies,
Bacchantes en délire aux mains de sang rougies,
Elles ont déchiré les membres pantelants
Du Héros, et les ont dispersés dans les champs !

.

Et l’Hèbre alors, dit-on, sur ses eaux apaisées
Roula la tête pâle aux paupières baissées ;
Et comme reprochant aux dieux leur injustice,
«Eurydice !» criait la voix déjà glacée.
L’âme à son tour, fuyante, appelait : «Eurydice !»
Et tout le long du fleuve, où la tête est passée
L’Écho faible a redit : «Eurydice ! Eurydice !»

.

Ainsi parla Protée, et, soudain, d’un seul bond,
Le devin disparut au sein du flot profond.
Où son corps a plongé, l’écume a rejailli
Qui s’efface bientôt et se ferme sur lui.

« Une beauté de quinze ans enfantine », Pierre de Ronsard,

Amours I,

1552

Une beauté de quinze ans enfantine,
Un or frisé de maint crêpe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l’âme aux Astres achemine ;

.

Une vertu de telles beautés digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
En Dame humaine une beauté divine ;

.

Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis,
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée

.

Avec un chant découpé doucement
Ore d’un ris, or’ d’un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée

« La nuit de mai », Alfred de Musset, 1835

LA MUSE

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;

La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore,

Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ;

Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,

Aux premiers buissons verts commence à se poser.

Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.

LE POÈTE

Comme il fait noir dans la vallée !

J’ai cru qu’une forme voilée

Flottait là-bas sur la forêt.

Elle sortait de la prairie ;

Son pied rasait l’herbe fleurie ;

C’est une étrange rêverie ;

Elle s’efface et disparaît.

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,

Balance le zéphyr dans son voile odorant.

La rose, vierge encor, se referme jalouse

Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.

Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.

Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée

Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.

Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature

Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,

Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

LE POÈTE

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?

Qu’ai-je donc en moi qui s’agite

Dont je me sens épouvanté ?

Ne frappe-t-on pas à ma porte ?

Pourquoi ma lampe à demi morte

M’éblouit-elle de clarté ?

Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.

Qui vient ? qui m’appelle ? – Personne.

Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ;

Ô solitude ! ô pauvreté !

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse

Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.

Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse,

Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.

Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.

Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,

Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,

Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?

Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance !

Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.

Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ;

J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour.

LE POÈTE

Est-ce toi dont la voix m’appelle,

Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?

Ô ma fleur ! ô mon immortelle !

Seul être pudique et fidèle

Où vive encor l’amour de moi !

Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde,

C’est toi, ma maîtresse et ma soeur !

Et je sens, dans la nuit profonde,

De ta robe d’or qui m’inonde

Les rayons glisser dans mon coeur.

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; c’est moi, ton immortelle,

Qui t’ai vu cette nuit triste et silencieux,

Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle,

Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.

Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire

Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ;

Quelque amour t’est venu, comme on en voit sur terre,

Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.

Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées,

Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ;

Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu,

Éveillons au hasard les échos de ta vie,

Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie,

Et que ce soit un rêve, et le premier venu.

Inventons quelque part des lieux où l’on oublie ;

Partons, nous sommes seuls, l’univers est à nous.

Voici la verte Écosse et la brune Italie,

Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,

Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes,

Et Messa la divine, agréable aux colombes,

Et le front chevelu du Pélion changeant ;

Et le bleu Titarèse, et le golfe d’argent

Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,

La blanche Oloossone à la blanche Camyre.

Dis-moi, quel songe d’or nos chants vont-ils bercer ?

D’où vont venir les pleurs que nous allons verser ?

Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière,

Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet,

Secouait des lilas dans sa robe légère,

Et te contait tout bas les amours qu’il rêvait ?

Chanterons-nous l’espoir, la tristesse ou la joie ?

Tremperons-nous de sang les bataillons d’acier ?

Suspendrons-nous l’amant sur l’échelle de soie ?

Jetterons-nous au vent l’écume du coursier ?

Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre

De la maison céleste, allume nuit et jour

L’huile sainte de vie et d’éternel amour ?

Crierons-nous à Tarquin : « Il est temps, voici l’ombre ! »

Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ?

Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ?

Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ?

Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ?

La biche le regarde ; elle pleure et supplie ;

Sa bruyère l’attend ; ses faons sont nouveau-nés ;

Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée

Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant.

Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée,

S’en allant à la messe, un page la suivant,

Et d’un regard distrait, à côté de sa mère,

Sur sa lèvre entr’ouverte oubliant sa prière ?

Elle écoute en tremblant, dans l’écho du pilier,

Résonner l’éperon d’un hardi cavalier.

Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France

De monter tout armés aux créneaux de leurs tours,

Et de ressusciter la naïve romance

Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ?

Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ?

L’homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie,

Et ce qu’il a fauché du troupeau des humains

Avant que l’envoyé de la nuit éternelle

Vînt sur son tertre vert l’abattre d’un coup d’aile,

Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ?

Clouerons-nous au poteau d’une satire altière

Le nom sept fois vendu d’un pâle pamphlétaire,

Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli,

S’en vient, tout grelottant d’envie et d’impuissance,

Sur le front du génie insulter l’espérance,

Et mordre le laurier que son souffle a sali ?

Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ;

Mon aile me soulève au souffle du printemps.

Le vent va m’emporter ; je vais quitter la terre.

Une larme de toi ! Dieu m’écoute ; il est temps.

LE POÈTE

S’il ne te faut, ma soeur chérie,

Qu’un baiser d’une lèvre amie

Et qu’une larme de mes yeux,

Je te les donnerai sans peine ;

De nos amours qu’il te souvienne,

Si tu remontes dans les cieux.

Je ne chante ni l’espérance,

Ni la gloire, ni le bonheur,

Hélas ! pas même la souffrance.

La bouche garde le silence

Pour écouter parler le coeur.

LA MUSE

Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,

Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,

Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?

Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne.

L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,

C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,

Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure

Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du coeur :

Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.

Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,

Que ta voix ici-bas doive rester muette.

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,

Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,

Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,

Ses petits affamés courent sur le rivage

En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.

Déjà, croyant saisir et partager leur proie,

Ils courent à leur père avec des cris de joie

En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,

De son aile pendante abritant sa couvée,

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;

En vain il a des mers fouillé la profondeur ;

L’Océan était vide et la plage déserte ;

Pour toute nourriture il apporte son coeur.

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre

Partageant à ses fils ses entrailles de père,

Dans son amour sublime il berce sa douleur,

Et, regardant couler sa sanglante mamelle,

Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,

Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.

Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,

Fatigué de mourir dans un trop long supplice,

Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;

Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,

Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,

Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,

Que les oiseaux des mers désertent le rivage,

Et que le voyageur attardé sur la plage,

Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c’est ainsi que font les grands poètes.

Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ;

Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes

Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,

De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,

Ce n’est pas un concert à dilater le coeur.

Leurs déclamations sont comme des épées :

Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant,

Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

LE POÈTE

Ô Muse ! spectre insatiable,

Ne m’en demande pas si long.

L’homme n’écrit rien sur le sable

À l’heure où passe l’aquilon.

J’ai vu le temps où ma jeunesse

Sur mes lèvres était sans cesse

Prête à chanter comme un oiseau ;

Mais j’ai souffert un dur martyre,

Et le moins que j’en pourrais dire,

Si je l’essayais sur ma lyre,

La briserait comme un roseau.

« Mon rêve familier », Paul Verlaine,

Poèmes saturniens

, 1866

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent

Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.

Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

« Je pense à toi mon Lou », Guillaume Apollinaire,

Poèmes à Lou,

1914

Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne

.

Le ciel est plein ce soir de sabres d’éperons
Les canonniers s’en vont dans l’ombre lourds et prompts

.

Mais près de moi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardente du courage

.
Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi

.

Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d’un obus qui éclate au nord

.

Je t’aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles

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