Source de l’image : Rade de Rio-Janeiro, aquarelle de Gustave Rabel (1828-1911) ©2015 PLT / PVII
Les documents qui vous sont proposés se composent d’une explication linéaire d’un extrait de Montaigne, « Des coches », réalisée avec les élèves à partir de l’extrait abordé dans l’émission « En Français dans le texte » sur France Culture. Suivent des entrainements au commentaire de texte et à la dissertation avec propositions de corrigés.
En téléchargement :
– Le plan de la séquence
– L’explication linéaire : extrait « Des coches » (Montaigne, Essais)
– Le commentaire de texte : extrait Supplément au voyage de Bougainville (Diderot)
– Le commentaire de texte : extrait Les Lettres persanes (Montesquieu)
– Le sujet 1 de dissertation
Montaigne écrit dans « Des cannibales » : « Ces nations me semblent donc ainsi barbares, pour avoir reçu fort peu de façon de l’esprit humain, et être encore fort voisines de leur naïveté originelle. » Vous confronterez cette affirmation à votre lecture des deux essais au programme.
– Le sujet 2 de dissertation
Selon André Malraux, l’humanisme, c’est dire : « nous voulons retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase » (Les Voix du silence, 1951). Dans quelle mesure cette affirmation éclaire-t-elle la démarche de Montaigne dans « Des cannibales » et « Des coches » ?
Montaigne dissertation des Cannibales et Des Coches. Nous te proposons une synthèse sur le parcours « Notre monde vient d’en trouver un autre » et sur les deux essais « Des Coches » et « Des Cannibales » de l’auteur humaniste, Michel Eyquem de Montaigne, sous la forme d’un sujet de dissertation type bac.
François Hartog déclare que « dire l’autre c’est bien évidemment une manière de parler de nous. » Vous répondrez à cette affirmation en vous appuyant sur des exemples de « Des Coches » et « Des Cannibales » de Montaigne ainsi que dans le parcours « Notre monde vient d’en trouver un autre ».
1. MONTAIGNE DISSERTATION DES CANNIBALES ET DES COCHES Analyse du sujet
Quelles sont les limites du sujet ? Autrement sur quelles autres peux-tu précisément t’appuyer ?
- « Des Coches »
- « Des Cannibales »
- le parcours « Notre monde vient d’en trouver un autre »
Ensuite quelle question est précisément posée sur ces œuvres ?
- « l’autre » : celui qui n’est pas soi, l’indigène
- « nous » : Montaigne ou les Européens
- « manière de parler » : forme du texte de Montaigne, démarche analytique entreprise
Reformulation : Est-ce que parler de l’autre suppose forcément de parler de nous ?
2. MONTAIGNE DISSERTATION DES CANNIBALES ET DES COCHES Problématique
Comment l’essai permet-il simultanément d’interroger l’autre et soi-même?
3. MONTAIGNE DISSERTATION DES CANNIBALES ET DES COCHES Plan détaillé de la dissertation
I) Dire l’autre pour se dire soi-même
En effet, parler de l’autre consiste également à parler de soi.
A/ L’autre comme gage d’authenticité
Ainsi, dans « l’avis au lecteur », Montaigne indique d’emblée : « car c’est moi que je peins ». Or, il établit tout de suite un parallèle avec les peuples primitifs qui incarnent l’authenticité. Par exemple : « Si j’étais né parmi ces populations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des lois primitives de la nature, je me serais très volontiers, je t’assure, peint tout entier et dans la plus complète nudité. »
B/La pensée des autres et celle de Montaigne
Ensuite, Montaigne s’appuie énormément sur la pensée d’autres pour mieux trouver la sienne. Effectivement, les Essais reposent sur des citations nombreuses et variées de penseurs de l’Antiquité. Citons à titre d’exemple : « Moins on a peur, moins on court de risques ». Montaigne cite Tite-Live dans « Des coches » afin de réfléchir sur l’appréhension humaine du danger.
C/L’essai et la comparaison
Enfin, les Essais reposent sur un grand nombre de comparaisons entre peuples européens, auquel Montaigne s’inclut, évidemment, et peuples dits « barbares ». Prenons l’exemple des « Cannibales », au cours de la rencontre à Rouen à laquelle Montaigne accompagne le roi. La richesse française et les injustices sociales sont mises en évidence.
II) A la rencontre du monde nouveau
Dire l’autre pour mieux comprendre le monde nouveau (le nouveau découpage géographique suite à la Découvert de l’Amérique par Christophe Colomb)
A/Des peuples plus authentiques
Montaigne prend toujours la défense des plus faibles. D’ailleurs, il sera l’un des artisans de la réconciliation entre protestants et catholiques lors des guerres civiles. De même, il prend le parti des peuples indigènes face à l’arrivée des Européens dont il défend les valeurs morales simples. En effet, dans « Des Cannibales », la rencontre avec celui qui est le chef des Indiens est significative. Celui-ci lui explique que son apanage de chef consiste à passer devant ses hommes lorsqu’ils vont à la guerre. De plus, en dehors des périodes de guerre, le chef a la chance que l’un des hommes de son peuple coupe la végétation sur son passage. En outre, Montaigne évoque même la métaphore filée d’un peuple dans son enfance
B/Des êtres courageux
Dans « Des coches » comme dans « Des Cannibales », Montaigne met en relief leur âpreté au combat. En effet, dans « Des Cannibales » Montaigne écrit : « c’est chose émerveillable que la fermeté de leurs combats, qui ne finissent jamais que par meurtre et effusion de sang ». De même, dans « Des coches », l’essayiste dit : « Quand je considère l’ardeur indomptable avec laquelle tant de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants se sont exposés tant de fois à des dangers inévitables ».
C/L’éloge du relativisme culturel
L’exemple le plus évocateur du relativisme culturel est probablement la défense d’un peuple considéré de manière très péjorative car « Cannibale », en témoigne le titre. Or l’auteur s’efforce de montrer, d’une part, que cette tradition s’inscrit dans une volonté de partage communautaire et, d’autre part, Montaigne met en relief les pratiques cruelles des Portugais. Effectivement, ces derniers prennent un grand plaisir à faire souffrir leur prisonnier de guerre. Montaigne conclut avec amertume : « Ils abandonnèrent alors peu à peu leur ancienne façon de faire, et adoptèrent celle des Portugais. Je ne suis certes pas fâché que l’on stigmatise l’horreur et la barbarie d’un tel comportement ; mais je le suis grandement de voir que, jugeant si bien de leurs fautes, nous demeurions à ce point aveugles envers les nôtres ». (Voir commentaire de texte du passage)
Ainsi, Montaigne montre un grand intérêt et une réelle ouverture quant à la découverte de ce peuple nouveau mais cette découverte apparaît également comme l’occasion de poser un regard critique sur le peuple européen.
III) Dire l’autre et soi-même pour exercer un regard critique sur son propre peuple
A/La critique des Européens
En effet, le regard porté par l’étranger, tel que le pratiquera notamment Montesquieu dans Les lettres persanes au XVIIIème siècle permet de faire apparaître les curiosités de notre propre fonctionnement. Or, la rencontre avec l’indigène met en lumière l’aberration qui consiste à considérer un petit garçon comme un roi. Or, le roi Charles IX a alors 12 ans et commande des hommes beaucoup plus âgés et beaucoup plus forts physiquement. Ainsi, l’étrangeté du fonctionnement monarchique et de l’application du pouvoir politique sont accentués. De plus, l’indigène s’étonne des injustices sociales qui gangrènent la société française, il exprime même sa surprise dans la mesure où les plus pauvres semblent ne pas vouloir se révolter.
B/Le refus des préjugés et de l’ethnocentrisme
A de multiples reprises, Montaigne s’insurge face à l’ethnocentrisme. Il a alors recours à l’ironie pour mieux mettre en exergue le fait que déconsidérer ces peuples est infondé. Citons par exemple « mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausse ». Cette formule saillante vient ponctuer « des Cannibales ». Il vient de montrer le bon sens et les valeurs justes qui prévalent chez les indigènes et les injustices sociales qui régissent la société française. Il indique par là que l’Européen et le Français en particulier, considère l’indigène comme inférieur simplement parce qu’il n’a pas la même apparence et qu’il ne porte pas de vêtement.
C/La critique de la colonisation
Enfin, dans « Des coches » comme dans « Des Cannibales », Montaigne montre la terrifiante réalité de la colonisation. Montaigne met en évidence l’opposition entre les conséquences futiles, l’enrichissement de l’Europe, et les conséquences, l’asservissement et le meurtre des peuples primitifs. Nous pouvons notamment citer une tournure évocatrice : « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, la plus riche et belle partie du monde bouleversée, pour la négociation des perles et du poivre ».
MONTAIGNE DISSERTATION DES CANNIBALES ET DES COCHES : pour aller plus loin
-Commentaire de texte d’un extrait « Des Cannibales » (sur les pratiques cannibales)
–Biographie de Montaigne
-Editions des Essais (présentation)
–Fiche sur la pensée de Montaigne dans Les Essais (« Des coches » et « Des Cannibales » surtout)
Sujet : “Notre monde vient d’en trouver un autre”, écrit Montaigne dans Des Coches. Selon vous, en quoi le thème de la découverte d’un autre monde intéresse-t-il tant les écrivains ?
Ces œuvres littéraires sont souvent placées dans le contexte historique des découvertes majeures, de la colonisation et de l’ethnocentrisme. Alors, pourquoi des écrivains, tel Montaigne, s’intéresse-t-il tant « à l’autre monde ». Dans un premier temps nous constaterons que la découverte d’autres mœurs les intrigue beaucoup, ce qui les pousse à écrire sur un nouveau monde. Ensuite, nous verrons qu’ils s’en servent comme outils de critique de notre propre civilisation. Et enfin, nous nous questionnerons sur le faite que ce nouveau monde pourrait être un modèle envisagé par les auteurs.
La découverte d’autres mœurs est l’une des premières raisons de leur intérêt, en effet la curiosité, le divertissement et le plaisir d’ailleurs passionnent beaucoup. De part la découverte et les voyages qui au XVIe siècle ne sont pas aussi communs que maintenant. Bougainville dans son récit Voyage autour du monde décrit en détail la colonie espagnole qui deviendra plus tard l’Argentine, ainsi que la population et le paysage de la Patagonie et de Tahiti. A maintes reprises il nous montre la gentillesse des Tahitiens ainsi que la beauté de leur île qu’il qualifie de jardin d’Eden. Les chapitres de son récit sont composés de longues descriptions admiratives sur l’île et son climat, mais aussi sur le peuple qu’il apprécie beaucoup. L’ouvrage se distingue par son portrait de la société tahitienne, guidée par la recherche du bonheur, où les gens semblent être libérés de la tyrannie du travail.
Néanmoins deux attitudes sont adoptées par les écrivains. L’ouverture d’esprit ou l’ethnocentrisme. Si nous continuons avec l’exemple de Bougainville qui fait découvrir au lecteur le paysage et la vie des Tahitiens, on remarque un regard ethnocentrique. Diderot nous l’a affirmé dans son livre Supplément au voyage de Bougainville, avec l’extrait où un Tahitien prend « une méprisable bagatelle » sur le bateau de Bougainville. Il nous dit alors que Bougainville s’est vengé. L’ouverture d’esprit est là l’inverse de l’ethnocentrisme, cette écriture a pour but de dénoncer l’ethnocentrisme. Voltaire avec le chapitre 16 de Candide nous fait réfléchir sur le fait que le cannibalisme est une chose normale et qu’il « vaut mieux manger ses ennemis plutôt que de les laisser aux corbeaux et aux corneilles » dans ce monde où eux non pas les mêmes moyens que nous. Montaigne lui aussi défend le cannibalisme dans Des cannibales en comparant les Indiens aux Scythes qui sont des tribus grecques qui pratiquaient le cannibalisme. Les Grecs étant à cette époque un exemple pour les Européens il fait ainsi passer comme message que cette pratique est normale et que comme elle a déjà était pratiquée les Européens ne peuvent pas dire que les Indiens sont des sauvages de par leur cannibalisme. Voltaire et Montaigne sont donc deux opposés de Bougainville par leur écriture qui vise à faire réfléchir le lecteur sur une ancienne pratique.
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