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Dom juan acte 1 scene 2 analyse

acte 1 scene 2 dom juanVoici une analyse de l’acte 1 scène 2 de Dom Juan de Molière (la profession de foi du séducteur).

L’extrait étudié pour ce commentaire est la tirade de Dom Juan : « Quoi ! tu veux qu’on se lie […] pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses« . Lire le texte de l’acte 1 scène 2 de Dom Juan.

Pour appréhender l’œuvre dans son intégralité, va voir mon résumé de Dom Juan scène par scène.

Questions possibles à l’oral sur l’acte I scène 2 de Dom Juan :

♦ Quelle est la fonction de cette tirade ?
Quel portrait de Dom Juan se dégage de cette tirade ?
♦ Dans quelle mesure l’éloge de l’inconstance de Dom Juan est-il paradoxal ?
♦ Dom Juan apparaît-il comme un personnage de comédie ou de tragédie ?
♦ Comment Dom Juan parvient-il à justifier le libertinage ?

Clique ici pour voir comment répondre à ces questions.

I – La vision de l’amour de Dom Juan

Dans cette tirade, Dom Juan expose sa vision de l’amour. Après avoir vivement critiqué la fidélité (A), il fait l’éloge de l’inconstance (B) puis compare ses conquêtes amoureuses à des conquêtes militaires (C)

A – Une critique de la fidélité

Ce passage s’ouvre sur une vive critique de la fidélité.

La fidélité est dénoncée par Dom Juan comme un emprisonnement, une servitude volontaire.  On relève des verbes faisant référence à la servitude et à la contrainte : « qu’on se lie », « qu’on renonce ».

La fidélité est une considérée comme une privation. C’est ce que révèle le vocabulaire à connotation négative et les phrases à la forme négative : « tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? »

Cette privation est d’autant plus insupportable qu’il s’agit d’une privation précoce comparée à une mort prématurée. On observe le champ lexical de la mort : « on renonce au monde », « s’ensevelir » « être mort dès sa jeunesse ».

L’antithèse dans cette dernière expression (« mort » et « jeunesse » sont rapprochés) met en relief le caractère insupportable et contre-nature de la fidélité.

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B – Un éloge de l’inconstance

La doctrine amoureuse de Dom Juan se résume à cette phrase clé : « Tout le plaisir de l’amour est dans le changement« .

Le changement est l’essence même de l’amour, de la passion. Il ne peut y avoir d’amour sans nouveauté et sans multiplication des conquêtes car « lorsqu’on en est maître une fois, il n ‘y a plus rien à dire ni rien à souhaiter« .

Pour Dom Juan, l’amour n’est envisagé qu’au pluriel. On peut relever l’abondance des pluriels dans sa tirade : « toutes les autres beautés », « toutes les belles », « aux autres », « le mérite de toutes« , « les inclinations naissantes ».  La multiplication des conquêtes est renforcée par l’anaphore en « tout » qui marque le désir mégalomane de Dom Juan de séduire la totalité des femmes.

C – La conquête amoureuse comme une conquête guerrière

Dans la bouche de Dom Juan , la conquête amoureuse prend la forme d’une conquête guerrière.

On relève le champ lexical de la conquête guerrière à la fin de sa tirade : « combattre », « rendre les armes », « forcer », « résistances qu’elles nous opposent », « vaincre », « conquêtes », « triompher de la résistance », « ambition des conquérants », « victoire en victoire », « pour y pouvoir étendre mes conquêtes ».

Les conquêtes amoureuses permettent à Dom Juan d’assouvir son besoin de puissance.

II – Le portrait d’un libertin

A – Un esthète

Dom Juan se présente dans cette tirade comme un esthète qui voue un véritable culte à la beauté : « la beauté me ravit partout où je la trouve ». Le pouvoir qu’exerce sur lui la beauté transparaît à travers le choix de verbes qui connotent une forme de fatalité à laquelle il est impossible de résister : « ravit », « cède », « entraîne », « charmer ».

L’importance du regard dans cette tirade souligne les joies de la contemplation : « tu veux qu’on n’ait d’yeux pour personne », « les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux », « je conserve des yeux pour voir », « tout ce que je vois d’aimable ».

B – Un homme orgueilleux

Dom Juan est un homme orgueilleux qui méprise ceux qui font le choix de la fidélité et de la tranquillité. Son mépris pour les partisans de la fidélité s’exprime dès le début de sa tirade : « la constance n’est bonne que pour des ridicules« .

Le mariage est tourné en dérision par l’emploi d’une antiphrase : « La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle« . (L’antiphrase est une figure de style qui consiste à dire ou écrire le contraire de ce que l’on pense. C’est un des procédés de l’ironie).

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Son orgueil démesuré le mène à se comparer à Alexandre le Grand, un des plus grands conquérants de l’histoire. Il se considère le plus fort : « Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs« . Cette phrase hyperbolique est à la mesure de sa mégalomanie.

C – Un homme cruel

Pour Dom Juan, la séduction est une façon d’assouvir un besoin de puissance et de domination.

La conquête amoureuse est un art dans lequel il excelle. Il révèle ses stratégies de séduction : flatter (« cent hommages »), attiser la pitié en jouant la comédie (« par des transports, par des larmes et des soupirs »).

Dom Juan est stimulé par les résistances que les jeunes femmes lui opposent. Il choisit des femmes jeunes, pures et naïves car son plus grand plaisir réside dans la corruption : « le cœur d’une jeune beauté« , « l’innocente pudeur d’une âme« .

Son plus grand plaisir est de les voir céder petit à petit. Chaque corruption, aussi petite soit elle, est une victoire pour le libertin : « à voir de jour en jour les petits progrès« , « à forcer pied à pied toutes les petites résistances« .

Il prend plaisir à voir la femme déshonorée, « à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur« . La cruauté de ses procédés est soulignée par l’oxymore « douceur extrême«  : Dom Juan se joue de l’amour (la douceur) pour exercer une violence cruelle sur ses victimes (« extrême »).

La femme devient un jouet dont Dom Juan prend possession, sans respect pour la personne humaine. Seul compte son désir puisqu’il souhaite uniquement « la mener doucement où nous avons envie de la faire venir« .

III – La maîtrise du discours

A – L’élégance de la langue

Dom Juan est un virtuose de la séduction. La rhétorique est son arme la plus persuasive, ce qu’il nous montre dans cette tirade.

Alors que Sganarelle s’exprime très maladroitement (on se souvient par exemple de l’éloge du tabac de la première scène), Dom Juan s’exprime avec raffinement. Son vocabulaire est précis et galant : « au premier objet » (l’objet désigne la personne aimée dans le style galant), « si piquer« , « les belles« , « dérober« .

Très subtilement, il utilise également le langage juridique pour légitimer ses conquêtes. On retrouve ainsi le champ lexical du droit : « toutes les belles ont droit de nous charmer« , « ne doit point dérober aux autres les justes prétentions« , « n’engage point mon âme à faire injustice aux autres« , « rend à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige« . Dom Juan est un aristocrate raffiné et éduqué.

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 B – Une tirade suggestive

Dom Juan s’exprime de façon imagée et riche, ce qui emporte la conviction de ceux qui l’écoutent. Il a recours a plusieurs réseaux d’images, notamment celui de la mort (champ lexical de la mort évoqué plus haut) et de la guerre.

Il multiplie les registres dans sa tirade. Le début de sa tirade est lyrique. On relève le champ lexical de l’amour, des interjections (« Quoi !« )  et une ponctuation expressive qui souligne l’expression des sentiments personnels.

On perçoit une touche de tragique lorsque Dom Juan se présente comme victime de la beauté, force extérieure et supérieure à laquelle il ne peut résister (« me ravit« , « je cède« , « douce violence« , « des charmes inexplicables« ).

La fin du texte laisse place à un registre épique : champ lexical de la conquête militaire, multiplication des pluriels et des hyperboles.

C – Une tirade énergique

Une grande énergie se dégage de cette tirade.

Tout d’abord, on relève une ponctuation expressive. Une question rhétorique ouvre la tirade : « Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? »
(Une question rhétorique est une question posée au public ou au lecteur  sans attendre de réponse afin de renforcer l’adhésion du public ou du lecteur).

Ensuite, les procédés d’hyperboles et d’accumulation laissent le spectateur étourdi et séduit. Les phrases sont amples. On relève par exemple une longue phrase (« On goûte une douceur extrême […] où nous avons envie de la faire venir« ) où les propositions infinitives s’accumulent (« à voir […] », « à combattre […] » etc).

La tirade de Dom Juan est si riche et si énergique que le spectateur ne peut être que fasciné par la prestance de ce personnage. Le spectacteur se retrouve en quelque sorte dans la position de Sganarelle qui répond à son maître : « je ne sais que dire; car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison; et cependant il es vrai que vous ne l’avez pas. »

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