5 septembre 2018Culture espagnole
Le flamenco est un genre musical et une danse d’origine gitane et andalouse. À l’origine, le flamenco consistait en un chant sans accompagnement (cante). Puis la guitare est apparue comme accompagnement (toque), suivie des mains (palmas) et de la danse (baile). La guitare et la danse s’expriment désormais souvent seules, bien que le chant soit toujours considéré comme le cœur de la tradition.
Plus récemment, des instruments comme le cajón (un instrument de percussion provenant du Pérou), les palillos (castagnettes), et la guitare basse, ont été introduits.
Formes du Flamenco
Le cante flamenco consiste en un certain nombre de formes traditionnelles (et d’autres plus modernes), ayant des structures rythmiques et harmoniques différentes. Le rythme (compas) est sans doute la caractéristique la plus importante pour distinguer les différentes formes du flamenco. Les pièces sont composées de plusieurs « phrases » ou « falsetas » dont la sensation intense, rythmique est définie par la forme principale du morceau.
Certaines formes sont chantées sans accompagnement, alors que d’autres utilisent une guitare, voire un autre accompagnement. Certaines formes ne s’expriment que par la danse. En outre certaines danses ou chants sont traditionnellement le privilège des hommes et d’autres sont réservés aux femmes. Cependant de nombreux aspects traditionnels perdent de leur rigidité. La « farruca » par exemple, traditionnellement une danse masculine, est aujourd’hui également pratiquée par les femmes.
Classification du Cante
La classification des formes du flamenco fait l’objet de débats mais une approche classique et pratique est de les séparer en trois groupes. Les formes les plus profondes et les plus « sérieuses » sont connues sous le nom de cante jondo (ou cante grande), alors que les formes relativement plus légères et frivoles sont nommées cante chico. Les formes intermédiaires sont appelées cante intermedio (par exemple, la rumba est une forme de fandango). De nombreux artistes de flamenco, gherbas y compris ceux considérés comme les plus grands, se sont spécialisés dans une forme unique.
Cantes dans le Flamenco
Cante Jondo
– Siguiriyas
– Soleares
– Tientos
– Peteneras
Cante Intermedio
– Bulerias
– Tango
– Malagueñas|Farruca
– Granadinas
Cante Chico
– Garrotín
– Verdiales
– Verdiales
– Alegrías
– Fandango
– Farruca
– Guajiras
– Sevillana
– Verdiales
– Milongas
Aujourd’hui, cette classification n’a plus la même signification. Le caractère jondo ou chico est moins fonction du style de compas (solea, buleria, tientos…) que de l’interprétation qu’en fait le chanteur. Par exemple, de nombreux chanteurs interprètent les fandangos libres, ou les bulerias, comme des cantes jondos.
Par ailleurs, on peut ajouter à cette liste d’autres styles plus folkloriques, plus modernes, ou certains styles hybrides :
Styles hybrides : solea por buleria, jaleos, zambra, liviana, serrana
Cantes del Levante : taranta, tarantos, minera, cartagenera
Styles folkloriques : colombiana, garrotin, farruca
Cantinas : cantina, romera, alegria
Auxquels ils faut encore ajouter les sous-catégories propres à certains styles. Il existe ainsi plusieurs variantes traditionnelles de soleares, bulerias, tangos, cantinas, fandangos (qui est le style le plus riche en termes de sous-catégories : il existe quasiment un fandango par village et par interprète spécialiste des fandangos).
Ajoutons, pour être presque exhaustifs, que la tona, proche du martinete et qui s’interprête également sans guitare constitue quasiment un style en soi et que les saetas sont également très flamencas dans le sud de l’Espagne.
Artistes de flamenco
Chant
– Antonio Chacon
– Camarón de la Isla
– Diego el Cigala
– José Mercé
– Duquende
– Manuel Torre
– Terremoto de Jerez
– La Niña de los Peines
– Porrinas de Badajoz
– Pepe Marchena
– Carmen Linares
– Miguel Flores
– Bernarda de Utrera
– Fernanda de Utrera
– Agujetas
– Manolo Caracol
– El Pele
– El Chocolate
– Antonio Mairena
– Fosforito
– Estrella Morente
– Niña Pastori
– Pepe Pinto
– Antonio Molina
– Juanito Valderrama
– Carmen Amaya
– Remedios Amaya
Guitare
– Paco de Lucía
– Melchor de Marchena
– Niño Ricardo
– Diego del Gastor
– Sabicas
– Tomatito
– Pepe Habichuela
– Juan Habichuela
– Manolo Sanlúcar
– Vicente Amigo
– Pedro Bacan
– Paco Cepero
– Paco Pena
– Ramon Montoya
– Pedro Soler
– Juan Martin
Paco de Lucía
Paco de Lucía (né Francisco Sánchez Gómez) était un guitariste espagnol né le 21 décembre 1947 à Algesiras (province de Cadix, Espagne) et décédé le 26 février 2014. Il était considéré comme le plus universel des guitaristes ayant également apporté l’innovation la plus importante à la guitare flamenca.
Enfance, adolescence
L’environnement familial de Paco de Lucía fut favorable à son travail musical, tout d’abord par son père lui-même guitariste qui lui donne ses premières leçons à l’âge de 5 ans, puis ses frères, Ramón de Algeciras reconnu comme guitariste de talent et Pepe de Lucía qui mena très tôt une carrière de chanteur de flamenco.
A Jerez, Paco de Lucía participe à un concours de flamenco à l’âge de 12 ans et remporte le prix spécial. À l’âge de quatorze ans il est engagé comme guitariste pour la compagnie de danse José Greco et commence sa première tournée aux États-Unis. À New York il rencontre Mario Escudero et Sabicas, deux guitaristes espagnols de renommée qui l’encouragent à mener une carrière de soliste.
Carrière
Après l’enregistrement en solo de son premier disque en 1965 et un concert au Teatro Real de Madrid son talent est reconnu unanimement. L’innovation de ses compositions dans le milieu du flamenco traditionnel associé à une technique instrumentale impressionnante lui ouvre d’autres horizons musicaux.
Paco de Lucía adapte et enregistre plusieurs thèmes du compositeur espagnol Manuel de Falla et quelques années plus tard il enregistre l’œuvre majeure de Joaquín Rodrigo, le Concerto d’Aranjuez.
Entre-temps Paco de Lucía collabore avec de nombreux musiciens de jazz, Larry Coryell, Chick Corea… En 1981, un trio réunit les guitaristes John McLaughlin, Al Di Meola et Paco de Lucía, le disque Friday Night in San Francisco enregistré à l’issue d’une tournée mondiale se classe rapidement parmi les meilleures ventes de disques de guitare instrumentale.
Sans jamais oublier son univers musical d’origine Paco de Lucía s’associera à l’enregistrement de 10 albums de la grande figure du chant flamenco, Camarón de la Isla.
Un guitariste reconnu et influent
Paco de Lucía représente l’influence de nombreux guitaristes et participe avec eux à l’expression d’un nouveau flamenco qui élargit considérablement son audience à travers le monde.
En automne 2004 Paco de Lucía reçoit à Oviedo (Asturies – Espagne) le Prix Prince des Asturies des Arts patronnée par Felipe de Bourbon, actuel roi d’Espagne.
« Considéré comme le plus universel des artistes flamenco, son style a fait école parmi les plus jeunes générations et son art est devenu un des meilleurs ambassadeurs de la culture espagnole à travers le monde », a estimé le jury.
« Tout ce qui peut s’exprimer avec les six cordes d’une guitare peut sortir de ses mains, qui s’animent avec l’émouvante profondeur de la sensibilité », a ajouté le jury.
A noter, qu’il a composé la musique du film « The Hit » de Stephen Frears en 1984.
Danse
– Carmen Amaya
– Farruquito
– Sara Baras
– Israël Galvan
– Mercedes Ruiz
– Farruco
– Felix El loco
– Antonio Gades
– Christina Hoyos
– Manuel Liñán
– La Morita
– Maria Pages
– José Rafael « el Moro »
Histoire du flamenco
Le Flamenco trouve son origine dans trois cultures essentielles, qui furent violemment combattues et persécutées par l’Église catholique : Musulmane, Juive et Andalouse. Exégètes, musicologues, chercheurs, s’accordent à penser aujourd’hui que Triana (quartier de Seville), est le berceau du flamenco. C’est en effet dans cette ville, que poètes et musiciens trouvèrent refuges vers le XVIe siècle. D’autres sources, telle la bibliothèque de Séville, fait remonter la venue de troubadours « réfugiés » en raison de persécutions au XIIIe siècle.
Flamenco = gitans ?
Il est souvent dit que le flamenco est né des Gitans. Ce qui, comme le souligne Michel Dieuzaide n’est pas tout à fait exact, et de nuancer : « Le Flamenco ne se confond pas avec les gitans, il s’en faut ; les « payos » (ou « gadgés » pour les Manouches), y jouent un rôle important, mais les gitans lui donnent son style ». Certains historiens considèrent que les gitans par nomadisme,ont fortment contribué à la dispersion et diffusion du flamenco.
Certains attribuent la création de cette musique aux gitans, un peuple provenant d’Inde (jusqu’à récemment, on croyait qu’ils étaient égyptien)- et dispersé, en raison de sa condition de peuple errant, partout en Europe. Ils sont arrivés en Espagne, au début du XVe siècle, à la recherche de climats plus chauds que ceux qu´ils avaient connus jusqu´à lors sur le continent.
« Cantaores » absolument prodigieux, les gitans intègrent alors les diverses sonorités musulmanes, telles que nous pouvons encore les entendre de nos jours, avec l’immense el Hadj Abdelkrim Raïs 1, tout en en modifiant le rythme.
Ils s’inspirent également des cantiques liturgiques chrétiens Mozarabes, ou « rites Mozarabes », dont la présence est attestée dès le début du IXe siècle. Ces liturgies seront remplacées (pour ne pas dire interdites) vers le début du XIe siècle par les papes qui se succéderont, ainsi que par les rois de Castille et d’Aragon. Elles seront de nouveau autorisées au XVIe siècle par l’évêque Cisneros de la cathédrale de Tolède, qui voit là une bonne façon de ramener au bercail les « Infidèles ». Il est par ailleurs intéressant de noter, que le Mozarabe apparaît pleinement dans la poésie des troubadours appelée « muwachchaha », terme que l’on retrouve déformé dans la langue Rom sous la forme « muvaachaha ».
Enfin, la profonde sensibilité musicale des gitans, puise également dans la douceur, l’exil et la tristesse des berceuses des mères juives.
L’ancêtre du flamenco ?
Selon les avis les plus répandus, au début il n’y avait ni danse ni guitare, seulement le chant, de sorte qu’on est arrivé à la conclusion que le premier genre de l´histoire fut la toná, et que celle-ci s’est établie dans le triangle formé par Triana, Xérès et Cadix.
Il est très difficile de déterminer avant le XVIIIe siècle, comment était représenté l’ »ancêtre » du Flamenco. Des pièces de musique du XVIè (nées vers 930-960) et ayant circulées dans le sud de l’Europe, Corse, Andalousie, et dans les pays Catalans, tels les « Cant de la sibilla » – tout en étant d’ailleurs interdits par l’Église – peuvent nous donner une idée des sonorités arabo-andalouse, qui composaient les voix et le son des instruments de cette époque.
A côté des instruments traditionnels utilisés, un seul d’entre eux semble ne pas avoir changé. Il s’agit du « rabab », ancienne vielle à deux cordes en boyau de mouton, dont on tire les sons avec un archet en crin de cheval. Le son mélodieux de cet instrument, peut, sans autres précisions, d’après le musicologue Garcia Matos, avoir été utilisé pour accompagner ceux que nous pouvons, nommer les « premiers » Cantaores. Il semblerait que la mandoline ait pu être utilisée, mais ce, sans autre forme de précision notable, si ce n’est quelques très vieilles photos datées des années 1900.
À la fin du XVIIè début du XVIIIè, le Flamenco commence à être reconnu et revendiqué par les exclus, les déshérités. Le chant seul, comme dans la tonà servait à dissimuler des remarques et critiques d’ordre politique.
Ce n’est qu’au milieu du XVIIIè et au XIXe siècle, que ce dernier commencera à être reconnu, et à avoir un rôle social et culturel, qui s’exprimera d’abord dans les lieux de travail, entre amis, ou dans les réunions familiales. Et c’est à Triana, que s’ouvriront les premiers « tablaos », ancêtres de nos cafés-concerts. Mais le succès du Flamenco à aussi son revers.
Il perdra dans les années 1920, jusqu’à environ 1950, voire 1960 – date de son renouveau – son âme. Mêlé à un pseudo folklore de « bas étage », il ne servira qu’à plaire à un public toujours plus nombreux, en recherche de trivialités.
Renouveau des années 80
Il faudra attendre les années 1980, afin que soit entrepris un travail conséquent, pour faire découvrir aux amateurs, les plus belles et vibrantes pages du Flamenco passé. On le doit notamment à Mario Bois, qui propose en 1985 à Chant du Monde de créer une anthologie. Le succès aujourd’hui est considérable. Les archives discographiques des plus grands (es) interprètes couvrent à ce jour plus d’une trentaine de volumes. Pour ce dernier, le travail a été très difficile : « Comment trouver cette musique dans le labyrinthe de l’édition ? On peut dire que 80 % de ce que l’entend est médiocre, 15 % est de « bonne volonté », mais le reste, rarissime, est d’une force, d’une flamboyance fascinantes ».
De nos jours, pour ce qui est de l’enseignement, des Ecoles prestigieuses, des Académies – Jerez, Séville, Grenade entre autres – offrent à cette musique exceptionnelle, la place qui est enfin la sienne. Ce qui fait dire avec beaucoup de justesse et d’émotion à Sophie Galland :
« Il [le flamenco] renferme aussi et surtout les trois mémoires de l’Andalousie, mêlées de façon inextricable : la Musulmane, savante et raffinée ; la Juive, pathétique et tendre ; la Gitane enfin, rythmique et populaire. »
Le mystère de l’origine du flamenco
Un autre aspect selon lequel cet art est un véritable mystère réside dans le fait de définir quelle est la provenance exacte du terme « flamenco« . Il existe de nombreuses théories concernant la genèse de ce vocable, même si la plus répandue est peut-être celle que défend Blas Infante dans son livre « Origines du flamenco« . Selon le père de l’Autonomie andalouse, le mot « flamenco » dérive des termes arabes « Felah-Mengus », qui associés signifient « paysan errant ».
Flamenco = nom d’un couteau ?
De nombreux adeptes connaissent également la curieuse théorie affirmant que le flamenco était le nom d’un couteau ou d´un poignard. C’est la raison pour laquelle, dans la saynète « El Soldado Fanfarrón », écrite par González del Castillo au XVIIIè siècle, on peut lire : « El melitar, que sacó para mi esposo, un flamenco« (Le militaire, qui sortit pour mon époux, un flamenco). Dans une autre copla (chanson) reprise par Rodríguez Marín, il dit : « Si me s’ajuma er pescao (Si le poisson brûle) / y desenvaino er flamenco (et si je sors mon flamenco)/ con cuarenta puñalás (avec 40 coups de poignard)/ se iba a rematar el cuento (allait se terminer l’histoire) ».
Cependant, cette hypothèse ne s’est jamais fait une place, de même que l’hypothèse selon laquelle le nom avait été donné au genre pour l’oiseau appelé flamenco (flamand). L’autorité de ce précepte est également due à Rodríguez Marín, qui justifia sa position en argumentant que les chanteurs interprétaient le chant avec une veste courte, qu’ils étaient grands et brisés à la taille et c’était la raison pour laquelle ils ressemblaient à l’échassiers du même nom.
De même que les précédentes, la théorie dirigée par des experts tels que Hipólito Rossy ou Carlos Almendro dans laquelle on affirme que nous devons le mot flamenco à la musique polyphonique de l´Espagne au XVI siècle qui s’est accentuée avec les Pays Bas, c’est à dire, avec les anciennes Flandres, n’a toujours pas été vérifiée. Cette théorie fut également défendue, bien que nuancée, par le voyageur romantique George Borrow et par Hugo Schuchard, entre autres. Selon ces écrivains, anciennement on croyait que les gitans étaient d’origine germanique, ce qui explique qu’on aurait pu les appeler flamencos.
Enfin, il existe deux hypothèses moins engagées, mais assez intéressantes. Antonio Machado et Álvarez, Demófilo, dit que « les gitans appellent les Andalous gachós et que ceux-ci appellent les gitans flamencos, sans que nous sachions la cause de cette dénomination ». Et Manuel García Matos affirme: « Flamenco provient de l´argot employé à la fin du XVIII siècle et au début du XIXe pour cataloguer tout ce qui signifie ostentatoire, prétentieux ou fanfaron ou, comme nous pourrions le déterminer d´une façon très andalouse, « echao p´alante » (débrouillard) ». Pour ce même auteur, ce serait un mot germanique qui signifierait « flamboyant », « ardent ».
Le flamenco fut popularisé à la fin du XVIIIe siècle à Jerez-de-la-Frontera en Andalousie, par Tio Luis el de la Juliana. C’est en transportant de l’eau depuis la source des Albarizones jusqu’à Jerez que le troubadour créait ses chants. Un nom qui a créé de nombreux conflits entre les flamencologues d´antan, car sa biographie n’a jamais pu faire l’objet d’un consensus. Aujourd’hui, cette discussion n’a plus la même importance car il est toujours impossible de démontrer le fait même qu’il ait existé (source).
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