Apostrophe
Dans le discours, une apostrophe consiste à faire mention de l’allocutaire, présent ou absent. Il s’agit en fait d’interpeller quelqu’un ou une chose que l’on personnifie.
Fréquente en poésie, l’apostrophe sert généralement à exprimer une vive émotion, et elle est souvent accompagnée du point d’exclamation, de l’interjection « ô » (ô vocatif) et du mode impératif.
Exemples littéraires :
-
Corneille
, Le Cid, acte I, scène 4 :
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
- Un autre exemple d’apostrophe dans « Le Lac » de
Lamartine
:
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
- Dans « Fonction du poète » de Victor
Hugo
:
Peuples ! écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
- Dans « Le Dormeur du val » d’Arthur
Rimbaud
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
- Et chez Jean
Giraudoux
dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, acte II, scène 5 :
Ô vous qui ne nous entendez pas, qui ne nous voyez pas, écoutez ces paroles, voyez ce cortège. Nous sommes les vainqueurs.
Conseils de lecture
Définition, origine, exemples issus de la littérature ou du quotidien… Jean-Loup Chiflet, éditeur et écrivain, nous parle d’une de ses figures de style préférées.
Qu’est-ce qu’une apostrophe?
« Vendredi soir, si tu veux. – Mais non ! – Ah, c’est vrai, j’oubliais que tu regardes “Apostrophes” ! » Eh oui, je fais partie de ces gens, qui, dans les années 1980, ne sortaient pas le vendredi soir afin de regarder Bernard Pivot.
Alors, quand on me dit « apostrophe » c’est d’abord à cette émission rythmant la vie littéraire de l’époque que je pense. Mais ce mot a évidemment plusieurs autres significations aux origines différentes d’ailleurs.
Quand il désigne le signe graphique indiquant l’élision d’une voyelle, il vient du bas latin apostrophus, lui-même du grec apostrophos (signe courbé, retourné).
Interpeller une personne ou une chose personnifiée
Lorsqu’il s’agit de sa fonction grammaticale ou de la figure de style, son origine grecque est le mot apostrophê (action de se retourner). Ce qui m’intéresse ici, bien sûr, ce n’est pas l’interpellation « Médor, viens ici ! » que vous lancez à votre chien, mais la figure utilisée par nos grands auteurs pour interpeller quelqu’un (présent ou non, réel ou fictif) ou une chose qu’ils personnifient.
Vous ne pouvez pas ignorer ces trois-là : « Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! » (Le Lac, Lamartine) ; « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! » (Le Cid, Corneille) ; « Ô ministres intègres ! / Conseillers vertueux ! » (Ruy Blas, Hugo).
En revanche, ces vers extraits du poème Obsession de Baudelaire, qui montrent que l’apostrophe n’est pas toujours en début de phrase, vous sont peut-être moins connus : « Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes, […] Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles… »
Extrait deBalade littéraire parmi les figures de style. Retrouvez l’intégralité de l’ouvrage sur notre boutique Figaro Store.
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Figures de style 2/3
Figures de style
(merci aux membres qui ont eu la gentillesse de bien vouloir m’aider pour ce sujet)
Une figure de style est un procédé de langage permettant de rendre un discours plus évocateur d’une idée, ou plus convaincant.
– Accumulation : multiplication de mots voisins (exemple : l’os est brisé, fracturé, disloqué)
– Allégorie : suite d’éléments narratifs ou descriptifs correspondant à une série de détails dans un but de sensibilisation (exemple : chaque jour, c’est la même histoire : métro, boulot, dodo)
– Allitérations : répétition de consonnes initiales ayant une même sonorité dans des mots rapprochés (exemple : ces serpents sifflent sans cesse)
– Anacoluthe : rupture ou discontinuité dans une phrase (exemple : le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face du monde aurait changé).
– Anaphore : répétition d’un même mot au début d’une série de phrases dans un but de renforcement (exemple : Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !)
– Antithèse : opposition de deux pensées dans un but de contraste (exemple : une main de fer dans un gant de velours)
– Antonomase : désignation d’un être ou d’une chose par un autre nom (exemple : la douce épouse)
– Apostrophe : interpellation d’un être ou même d’une chose personnifiée (exemple : c’est à toi que je m’adresse, Dieu tout-puissant !)
– Assonance : répétition d’une même voyelle sonore à la fin de chaque vers (exemple : cela rime / avec file)
– Chiasme : croisement de termes alors que le parallélisme serait normal (exemple : il faut manger pour vivre mais non vivre pour manger)
– Circonlocution : manière indirecte d’exprimer une idée (exemple : veux-tu que je m’en aille ?)
– Comparaison (métaphore) : similitude entre deux termes, ressemblance (exemple : le poète est semblable à un prince)
– Ellipse : omission d’un ou plusieurs mots, sous-entendus (exemple : quand pars-tu ? demain !)
– Gradation : progression dans une suite croissante ou décroissante de mots (exemple : un souffle, une ombre, un rien)
– Hyperbole : exagération dans un but de mise en relief d’une idée (exemple : je meurs d’ennui)
– Litote : atténuation d’une expression de la pensée dans un but de suggestion, souvent par la négation du contraire (exemple : cet argument n’est pas idiot)
– Métaphore (comparaison) : comparaison par analogie, substitution (exemple : le poète est semblable à un prince)
– Métonymie : expression d’une idée par un terme désignant une autre idée mais qui lui est reliée (exemple : de cause à effet)
– Oxymore : rapprochement de mots normalement éloignés (exemple : cette obscure clarté)
– Paradoxe : présentation d’une argumentation allant à l’encontre de ce qui est normalement admis (exemple : il était si paresseux qu’il organisait au mieux son travail)
– Pathos : expression touchante dans un but d’émotion (exemple : ce n’est point un simple criminel, c’est un monstre !)
– Périphrase : évocation d’un mot par une expression comprenant plusieurs mots (c’était l’heure de l’apéritif)
– Personnification : représentation humaine d’une chose (exemple : le climat est malade)
– Pléonasme : répétition non indispensable dans un but d’accentuation (exemple : elle avait une bonne occasion de partir, occasion qui ne devait hélas plus se représenter)
– Redondance (pléonasme grammatical) : abondance de mots non indispensables dans un but d’insistance (exemple : peut-être ma sœur a-t-elle raison)
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1. Ton silence est éloquent !
2. Il est très riche en défauts, et très pauvre en qualités.
3. Ce bruit aurait réveillé un mort !
4. Elle était tellement triste qu’elle versait un torrent de larmes.
5. Il appela la Mort. Elle vint sans tarder.
6. Le soleil était noir de mélancolie.
7. Avec mon ami Maurice, nous sommes allés boire un verre.
8. Le toit du monde se trouve dans l’Himalaya.
9. Je te préviens à l’avance, ce sera non !
10. Elle est devenue rouge comme une tomate.
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Version à imprimer
On peut lire Phèdre à Wikisource :
http://fr.wikisource.org/wiki/Ph%C3%A8dre_(Racine)#ACTE_I
Quelques bonnes analyses et interprétations faites par les étudiants de FREN 332
Mais notez bien que ce n’est pas tout ce qu’on peut dire au sujet des figures de style
et qu’il y a des figures dont ces étudiants ne parlent pas (« l’antithèse » dans numéro 3, par ex).
1. « La fille de Minos et de Pasiphaé. » (Hippolyte, I, i, 36 = dit par Hippolyte dans Acte I, scène i, vers 36).
Voici deux exemples de bonnes analyses / interprétations :
Avec cette périphrase, Hippolyte évite de nommer Phèdre tout en soulignant la dualité de sa situation et de sa personnalité. Comme la fille de Minos, de roi de l’enfer, et de Pasiphaé, la fille du Soleil, Phèdre combine en elle-même l’obscurité et la lumière, le noir et le blanc, la mort et la vie. On pourrait dire qu’avec cette périphrase Hippolyte présage le tourment de Phèdre à travers la tragédie.
Cette périphrase sert à rappeler au lecteur les origines de Phèdre. Cela est important parce que Pasiphaé, la mère de Phèdre, était tourmentée par le désir; la passion irrationale causée par Vénus et sa malédiction sur la famille est un thème central dans la pièce. Hippolyte dit que “cet heureux temps n’est plus” depuis l’arrivée de Phèdre. Elle amène la malédiction de sa famille à Athènes.
2. Noble et brillant auteur d’une triste famille,
Toi, dont ma mère osait se vanter d’être fille,
Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
Soleil, je te viens voir pour la dernière fois. (Phèdre, I, iii, 169-72)
Voici deux exemples de bonnes analyses / interprétations :
Cette métaphore sert à décrire le soleil comme le père, le chef de la famille, d’une manière plus poétique que de dire, “chef d’une triste famille.” En disant « auteur », Phèdre met la responsabilité sur l’auteur, d’une manière subtile, comme s’il est le créateur de la famille, et comme s’il a causé la tristesse. En plus, en parlant au soleil en apostrophe, Phèdre fait deux choses: 1) elle donne de la « vie » au soleil, comme s’il était un vrai homme, un personnage; et 2) en donnant des qualités humaines au soleil, Phèdre peut « lui » parler et exprimer toutes ses pensées aux spectateurs, sans parler avec un autre personnage.
C’est un exemple de l’apostrophe parce que Phèdre parle au Soleil, qui est absent; c’est aussi une périphrase quand elle l’appelle « noble et brillant auteur d’une triste famille. » C’est alors à la fois une référence à la destinée tragique de sa famille et un « au revoir » émotionnel et dramatique à son grand-père.
3. Je sentis tout mon corps et transir et brûler. (Phèdre, I, iii, 276)
Voici deux exemples de bonnes analyses / interprétations :
Quand Phèdre se sent à la fois et transir et brûler, c’est un oxymore parce qu’elle expérience au même temps deux sensations opposées. Ses sensations physiques correspondent à la confusion qu’elle se sent au sujet de son amour, le chaud représentant son amour pour Hippolyte et le froid la peur et la honte qu’elle ressentit aussi.
Avec l’oxymore, Phèdre peut nous montrer qu’elle souffre beacuoup. Transir et brûler sont deux réactions différentes que l’on sent dans une situation horrible. L’amour que Phèdre sent pour Hippolyte, et le résultat (la honte), lui causent deux réactions. En utilisant simplement deux mots opposés, Racine arrive à nous donner un vrai sens de la puissance de la souffrance de Phèdre.
4. Depuis plus de six mois éloigné de mon père,
J’ignore le destin d’une tête si chère;
J’ignore jusqu’aux lieux qui le peuvent cacher. (Hippolyte, I, i, 5-7)
Voici deux exemples de bonnes analyses / interprétations :
Hippolyte annonce à Théramène qu’il va à la recherche de son père. En utilisant une synecdoque pour le décrire (“une tête si chère”), il nous montre son respect pour son père—ce qui est ironique en face de l’accusation que Thésée fait plus tard. De plus, Hippolyte commence à parler du destin, un thème important dans Phèdre. Est-ce qu’Hippolyte suggère que les lieux peuvent cacher le destin de quelqu’un? Et peut-il donc fuir Aricie?
La synecdoque, «tête si chère», peut signifier la valeur de son père, le royaume, ou son père comme le roi. Alors, on trouve dans ces trois mots l’idée de la centralité de Thésée pour Hippolyte et pour le royaume grec.
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