L’artiste qui a peint ce tableau a réalisé durant sa carrière pas moins de 55 autoportraits. La colonne brisée est réalisée par Frida Kahlo en 1944.
Frida Kahlo photographiée par son père Guillermo Kahlo le 16 octobre 1932
Connu pour ses peintures mêlant humour et sarcasme la peintre présente ici un tableau très sombre. Cet autoportrait témoigne des grandes souffrances de l’artiste. Victime d’un grave accident de la route 20 ans auparavant, elle garde beaucoup de séquelles. Frida subie de nombreuses opérations chirurgicales. Notamment une à la colonne vertébrale. Lorsqu’elle réalise ce tableau, elle recommence à porter un corset pour soulager ses douleurs.
© Musée Dolores Olmedo
Au centre du tableau cette colonne robotique structure le corps de l’artiste. Elle déchire sa peau. Le corset blanc qui recouvre son torse la maintient droite. Sa santé dépend de la médecine. Elle se représente comme emprisonnée par ces objets médicaux. Cette peinture exprime aussi une douleur sentimentale. Son visage est couvert de larmes. Elle souffre des infidélités de son époux, le peintre Diego Rivera. Le paysage qui entoure sa silhouette évoque l’infertilité de l’artiste. Depuis son accident elle ne peut plus avoir d’enfants. Quant aux clous recouvrant son corps, ils accentuent la sensation de souffrance. Cette allusion à la crucifixion, s’inspire du Retable d’Issenheim réalisé par Matthias Grünewald au 16ème siècle.
Retable d’Issenheim, Matthias Grünewald (entre 1512 et 1516)
Certains éléments viennent combattre la tristesse et la douleur. La posture droite de l’artiste évoque sa dignité et sa fierté face à tous ces malheurs. Puis sa nudité montre que l’artiste dévoiles ses problèmes au grand jour. Ce qui témoigne d’un certain courage. Entre souffrance et bravoure l’artiste peint ici un portrait intime qui suscite la compassion.
Lieu d’exposition : Musée Dolores Olmedo, Mexico
Debout dans un paysage aride, l’artiste nous toise, seins nus, stoïque dans son corset de fer. Fissuré en deux, son buste est criblé de clous. Des larmes roulent sur ses joues impassibles. Parmi les 55 autoportraits sans complaisance que Frida Kahlo (1907–1954) a laissés derrière elle, celui-ci incarne plus que jamais la puissance de son œuvre où la souffrance, déchirante, cohabite avec une force tranquille, fière et grave. Expression impitoyable de la douleur que la peintre mexicaine a endurée toute sa vie suite à un terrible accident de bus survenu à l’aube de ses 18 ans, ce cri intérieur s’avère si poignant que certains médecins le considèrent comme un précieux outil de compréhension des plus lourdes peines du corps et de l’âme…
Ce qu’il faut savoir
Frida Kahlo se défend d’être surréaliste : même si elle use de symboles, ce qu’elle représente est sa réalité. La colonne vertébrale (ici figurée par un pilier en ruines), les côtes et le bassin cassés, la jambe droite fracturée en onze endroits et la cavité pelvienne transpercée par une barre de métal, l’artiste, privée de la capacité d’avoir des enfants, subira jusqu’à sa mort de longues périodes d’alitement et de lourdes opérations qui ne la soulageront jamais. Cette femme au tempérament de feu n’a pourtant pas renoncé à voyager, à peindre plus de 140 tableaux et à connaître des relations passionnées – un courage et une soif de liberté qui font aujourd’hui d’elle l’une des plus grandes icônes du féminisme !
Où la voir ?
Au musée Dolores Olmedo à Mexico, qui abrite 25 tableaux d’elle et 145 de son mari muraliste Diego Rivera. Une visite à compléter absolument par celle de la mythique Casa Azul – une jolie maison bleue dotée d’un petit jardin exotique – où se trouvent les cendres, la chambre et les affaires personnelles de l’artiste, dont son matériel de peinture, son fauteuil roulant et sa collection de robes flamboyantes, témoignage de son amour sans faille pour la culture mexicaine.
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La Colonne brisée
Frida Kahlo
1944
Huile sur panneau
39,8 x 30, 5 cm
Coll. musée Dolores Olmedo, Mexico
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Histoire de l’œuvre de “la colonne brisée”
Magdalena Carmen Frida Kahlo Calderon, plus connue simplement sous le nom de Frida Kahlo, a souffert à l’âge de 6 ans d’une maladie appelée poliomyélite qui l’a empêchée d’avoir des enfants, ce qui lui a valu une période très triste. À l’âge de 18 ans, elle a subi un accident de bus catastrophique qui l’a gravement blessée. Sa colonne vertébrale a été fracturée à trois endroits, et elle a également subi des fractures du bassin, de la clavicule, de deux côtes, de la jambe droite, du pied droit, de l’épaule gauche, et une main courante a traversé sa hanche gauche et est malheureusement ressortie par son vagin. Ce grave accident a marqué sa vie à jamais. Elle a subi 32 opérations chirurgicales et n’a pas pu marcher pendant plus de trois mois.
C’est à ce moment de sa vie qu’est née sa passion pour l’art. Tout le temps qu’elle était au lit, elle avait un chevalet spécial qui lui permettait de peindre, ainsi qu’un miroir qui lui permettait de se voir afin de réaliser ses autoportraits. “La colonne vertébrale brisée” a été peinte en 1944, pendant les dernières années de sa vie où la douleur physique était si forte qu’elle ne pouvait pas travailler.
Elle a longtemps porté un corset métallique qui atténuait un peu sa douleur. Cette œuvre reflète la douleur et la souffrance aiguës qu’elle a ressenties depuis le moment de son accident jusqu’aux dernières années de sa vie.
Le 17 Septembre 1925, une jeune fille mexicaine âgée de 17 ans appelé Frida Kahlo a été la victime d’un terrible accident de bus. Elle n’a pas été tuée, mais le choc violent eu de terribles séquelles, lui cassant la colonne vertébrale, les côtes, le bassin et la jambe droite. Il a également endommagé son utérus, lui faisant perdre la possibilité de donner un jour naissance à un enfant.
« La colonne brisée » (Huile sur panneau 40×34 cm de 1944, conservé au musée de Mexico) est un témoignage impitoyable de la souffrance qui à accompagné Frida tout au long de sa vie. L’artiste elle-même s’est représenté dans un paysage hostile et infertile comme elle: Le ciel couvert et la terre aride et désertique parsemée de crevasses reprennent le motif de la blessure. En effet, sa poitrine nue symbole de féminité malgré tout est enserrée dans un corset orthopédique en métal est traversée d’une violente déchirure dans toute la longueur de son buste. Elle nous permet d’observer ce qui ressemble à une colonne de pierre antique de style ionique (colonne qui, dans l’Antiquité, soutenait les monuments, si elle se cassait, les bâtiments tombaient également) -cassées en plusieurs pièces- remplaçant sa colonne vertébrale. Celle-ci symbolise les conséquences du terrible accident de bus ainsi que la grande fragilité qui en découle.
De plus comme vous pouvez le remarquer, plusieurs endroits du tissu de sa robe et de sa peau sont également transpercés par une multitudes de clous placés exactement aux endroits ou la souffrance de Frida est la plus exacerbée s (colonne vertébrale / jambe droite / seins / bras). Les autres clous situés au niveau de son visage sont eux là pour figurer la douleur mentale de l’artiste. En outre, Frida Kahlo a exagéré sa « laideur », en accentuant la pilosité de ses sourcils et celle de sa bouche. L’artiste ne montre aucune pitié pour elle-même comme souvent dans ses auto-portraits mais pour autant ils peuvent être considérés aux premiers abords comme paisibles, alors que la plupart du temps ce sont de terribles gémissements intérieurs. D’ailleurs nous pouvons voir de nombreuses larmes coulées sur son visage, Frida souffre que son corps soit devenu une véritable prison et l’empêche pleinement de vivre sa vie de femme.
Frida Kahlo présente donc dans ce tableau une véritable mise à nu de ses souffrances et de ses sentiments. Elle dévoile les blessures de son corps en même temps qu’elle dévoile celles de son âme. « Je ne suis pas malade. Je suis brisée. Mais je me sens heureuse de continuer à vivre, tant qu’il me sera possible de peindre ». Frida Kahlo.
La colonne Brisée, Frida Kahlo
Description générale
Voici un autoportrait de Frida Kahlo intitulée La colonne Brisée, réalisée qui date de 1944. Il s’agit d’une huile sur bois de dimension de 40X 30, 50 cm. L’artiste s’est peinte dans un décor désolé et minimaliste qui est divisé entre un arrière-plan bleu gris et un premier plan peint en plusieurs nuances de vert. Le ciel, qui est à l’arrière-plan est parsemé de gros nuages gris foncé. Un jeu de teintes sombres et claires et des crevasses caractérise le sol, représenté au premier plan. Frida Kahlo se représente à demie – nue. Elle se tient debout, face au spectateur. Son regard est très profond, très expressif, et voilé de larmes. Ses yeux noirs sont surplombés par son monosourcil très caractéristique. Sa peau est mate et ses longs cheveux défaits sont noirs, conformément à son origine mexicaine. Cette peau mate permet de mettre en valeur le blanc du corset qui se résume à des bandelettes qui ressemblent à celles des momies égyptiennes. Le corset dévoile sa poitrine parfaite et surtout le sujet principal de son œuvre, la colonne vertébrale. Elle est représentée sous la forme d’une colonne antique. Cette colonne antique, divise le buste de l’artiste en deux, est un axe de symétrie du tableau. La colonne est fracturée à plusieurs endroits. Autour de la colonne, on peut voir des clous dispersés tout atour partout sur son corps. Elle est dessinée en plein centre d’une plaie béante. Le bas du corps de Frida Kahlo est recouvert d’un drap blanc. On ne voit donc pas ces jambes. Seul le haut du corps est visible.
La colonne brisée, une œuvre macabre toute en contraste
La colonne brisée est une œuvre faite de contrastes. En effet, on peut observer des dégradés de bleus et de verts dans le ciel ainsi que dans le sol. Ce mélange de teintes claires et foncées peut faire penser aux états d’âme de Frida Kahlo. Frida Kahlo est en effet une épouse trompée maintes et maintes fois par le peintre muraliste mexicain Diego Riviera. Les couleurs sombres du tableau symbolisent sa tristesse, cependant, les quelques nuances de couleurs claires peuvent symboliser une pointe d’espérance. Peut -être espère -t-elle que son mari revienne vers elle et qu’elle pourra enfin devenir mère. Quand Frida Kahlo a pris le bus quand elle était jeune, son vagin et son abdomen ont été transpercés par une barre métallique. Cet accident très grave a rendu son corps inapte à mener une grossesse à terme. C’est aussi à cause de cet accident qu’elle a du porter un corset toute sa vie. Elle espère donc pouvoir être une épouse comblée et porter un enfant. Elle a en effet été victime de fausses couches plusieurs fois dans sa vie. Le corset de Frida, qui ressemble aux bandelettes de momies égyptiennes, dévoile sa poitrine. Ce tableau présente un contraste entre l’outil thérapeutique, loin de toute séduction qui dévoile sa poitrine parfaite qui symbolise sa vulnérabilité ainsi que sa sensualité. On pourrait croire que Frida Kahlo se donne au spectateur, comme si elle se confiait à eux, comme si elle voulait séduire le spectateur masculin. Le monosourcil de Frida Kahlo, sa marque de fabrique, est associé à la disgrâce et tranche alors que ces cheveux dénoués sont associés à la sensualité. La colonne antique symbolise la perfection, l’ordre, l’esthétique, alors qu’elle est brisée, ce qui représente la douleur, le chaos. Ce tableau a une symbolique macabre et même christique. Le linceul rappelle celui du Christ tous comme les clous qui peuvent faire penser à sa Crucifixion. Les bandelettes du corset, semblables à des bandelettes des momies égyptiennes donc cela ajoute à la signification macabre de l’œuvre.
Qu’est-ce que vous pouvez entendre si vous vous imaginez cette œuvre ?
Cette œuvre peut aussi vous permettre d’imaginer entendre des sons insolites ! Crac ! Ecoutez maintenant cet os si important se briser à plusieurs endroits. Tac ! Tac ! Tac ! Essayez de vous imaginer que quelqu’un transperce le cœur et le corps de Frida et que vous l’entendez pleurer doucement, car elle reste stoïque. Les clous représentent les souffrances qui ont eu raison de son corps et de son cœur. Imaginez vous maintenant l’autobus percuter un tramway et se renverse par terre. Clang ! Entendez cet autobus tomber de tout son poids sur la chaussée, vomissant des cadavres ou des personnes inconscientes baignant dans leurs sangs. Imaginez-vous que vous entendez les cris des personnages accidentés, blessés, des cris de douleur, peut-être même ceux de Frida Kahlo, dont les entrailles ont été transpercées par une barre métallique. Ainsi donc, l’artiste sera inapte à porter un enfant. Cet accident lui a empêché de créer des enfants humains, mais l’a poussé à enfanter des autoportraits. Les parents de Frida Kahlo ont placé un miroir à ciel ouvert en donnant à leur fille du matériel de peinture. C’est ainsi que débuta alors une longue série d’autoportraits qui ont eu de cesse de figurer les moments les plus difficiles de sa vie.
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