Paroles de la chanson Les oubliés par Gauvain Sers
Devant le portail vert de son école primaire
On l’reconnaît tout d’suite
Toujours la même dégaine avec son pull en laine
On sait qu’il est instit
Il pleure la fermeture à la rentrée future
De ses deux dernières classes
Il paraît qu’le motif c’est le manque d’effectif
Mais on sait bien c’qui s’passe
On est les oubliés
La campagne, les paumés
Les trop loin de Paris
Le cadet d’leurs soucis
À vouloir regrouper les cantons d’à côté en 30 élèves par salle
Cette même philosophie qui transforme le pays en un centre commercial
Ça leur a pas suffit qu’on ait plus d’épicerie
Que les médecins se fassent la malle
Y’a plus personne en ville, y’a que les banques qui brillent dans la rue principale
On est les oubliés
La campagne, les paumés
Les trop loin de Paris
Le cadet d’leurs soucis
Qu’il est triste le patelin avec tous ces ronds-points
Qui font tourner les têtes
Qu’il est triste le préau sans les cris des marmots
Les ballons dans les fenêtres
Même la p’tite boulangère se demande c’qu’elle va faire
De ses bon-becs qui collent
Même la voisine d’en face elle a peur, ça l’angoisse
Ce silence dans l’école
On est les oubliés
La campagne, les paumés
Les trop loin de Paris
Le cadet d’leurs soucis
Quand dans les plus hautes sphères couloirs du ministère
Les élèves sont des chiffres
Y’a des gens sur l’terrain de la craie plein les mains
Qu’on prend pour des sous-fifres
Ceux qui ferment les écoles les cravatés du col
Sont bien souvent de ceux
Ceux qui n’verront jamais ni de loin ni de près
Un enfant dans les yeux
On est les oubliés
La campagne les paumés
Les trop loin de Paris
Le cadet de leur soucis
On est troisième couteau
Dernière part du gâteau
La campagne, les paumés
On est les oubliés
Devant le portail vert de son école primaire
Y’a l’instit du village
Toute sa vie, des gamins
Leur construire un lendemain
Il doit tourner la page
« Les Oubliés » : comment la chanson de Gauvain Sers est devenue un hymne des « gilets jaunes » et des « Invisibles »
Le chanteur des « Oubliés » est sur les routes pour une tournée qui comprend petites salles et Zéniths (Limoges, Paris) jusqu’en mai 2020.
Sa silhouette, son look « Gavroche des terroirs », sont devenus familiers des scènes françaises. Et ses paroles, à la fois tendres et mordantes, ont fait mouche dans l’actualité sociale. Comment Gauvain Sers, Creusois pur jus, est devenu la voix de plus en plus écoutée des Oubliés, titre d’un 2e album au succès foudroyant ?
Parce que sa chanson est inspirée du réel
« On est les oubliés / La campagne, les paumés / Les trop loin de Paris / Le cadet d’leurs soucis… ». En pleine ère de fracture territoriale, et sur fond de mouvement de Gilets Jaunes, l’écho de sa chanson Les oubliés –sur une classe d’école de village menacée de fermeture– a fait basculer Gauvain Sers dans une autre dimension.
« La chanson a été inspirée par une lettre qu’un instituteur de la Somme m’a envoyée », explique-t-il à l’AFP. Et le clip, »ça coulait de source », a été tourné dans la classe en question, à Ponthoile, et visionné 4,2 millions de fois sur YouTube. L’album est devenu disque d’or en deux mois.
Parce que ce texte « donne de l’espoir »
Le chanteur de 29 ans au sourire facile, serein, les yeux verts pétillants, ne se doutait pas que la chanson prendrait une telle résonance. « Ce texte a donné de l’espoir. Je trouve ça super quand une chanson échappe à un artiste, que les gens se l’approprient. Maintenant le public la chante par coeur pendant les concerts. Ça me donne des frissons à chaque fois ».
J’étais passé à côté de cette chanson. Magnifiques paroles qui me font espérer que l’Acte I des Gilets Jaunes (novembre 2018 – printemps 2019) n’était que la première vague d’une lame de fond populaire. Les oubliés ne crèveront pas comme ça. https://t.co/7WgQlLn5FI
— Pierre-Romain Thnt (@PierreR_Thnt) June 15, 2019
Et pas qu’en concerts… « Les Oubliés » a été reprise, entendue, lors de manifestations des gilets jaunes, qui ont débuté en novembre 2018. « J’ai écrit ce texte six mois avant le mouvement », précise l’artiste. « Mais je pense que le sentiment d’être oubliés par les institutions, par les services publics qui ferment les uns après les autres, cela fait partie de leur combat. C’est quelque chose que je revendique aussi ».
Parce que Gauvain Sers chante le quotidien, avec tendresse
Gauvain Sers, chanteur des territoires? Son premier album Pourvu (2017, plus de 100.000 exemplaires) avait donné un aperçu de sa palette, sociale-politique (Hénin-Beaumont), sociétale (Mon fils est parti au djihad), nostalgique (La bagnole de mon père), romantique (Pourvu) ou rurale, bien sûr (Sur ton tracteur).
Chanteur du quotidien, avec toujours cette oscillation entre tendresse, humour et piquant. Pas sans rappeler un autre chanteur engagé à casquette.
Parce que le chanteur reprend le flambeau d’une lignée de chanteurs engagés
Renaud, de fait, tomba sous le charme de Sers qu’il prit sous son aile, lui offrant la première partie de sa tournée « Phénix » (2016-17). Et Sers ne cache pas son admiration pour son aîné –« mon parrain, mon poto »–, avec qui il partage outre des thèmes, un timbre un rien éraillé, un look.
Lui a déjà évoqué ses influences diverses, des auteurs français à la poésie ciselée et engagée, tels Jean Ferrat, Allain Leprest, au folk anglo-saxon, social ou intimiste des Léonard Cohen, Bob Dylan, Simon and Garfunkel.
Parce que Gauvain Sers a tout sacrifié à la chanson
C’est ce fond sonore, la chanson française surtout qu’écoutait le paternel, qui fit basculer à 20 ans ce fils de prof de maths et de pharmacienne, grandi à Dun-le-Palestel (1.100 habitants, 30 km de Guéret).
« Au départ quand j’ai abandonné mon diplôme d’ingénieur pour dire +je me lance dans la musique et je vais écrire mes chansons, de la chanson française, qui n’est pas forcément le truc le plus en vogue dans les radios, je pense que mes parents ont un peu flippé, forcément, surtout ma mère ! »
Parce que Gauvain Sers n’a pas oublié la Creuse, ses racines
Ses parents sont rassurés à présent. Et ravis sans doute, qu’il revienne « souvent » de Paris. « Tous les mois, tous les deux mois », affirme le chanteur. « Ce sont mes racines, et il y a un calme absolu, ici… (rires) qui permet d’avoir un peu plus d’inspiration. De mes trois frères, je suis celui qui revient le plus je crois ! »
Et à Mérinchal (738 habitants), où Sers rencontrait l’AFP en marge d’un tout jeune festival dont il est tête d’affiche, sa venue est tout un symbole « (Ici), nous sommes souvent oubliés en Creuse, alors imaginez en Nouvelle-Aquitaine ! », confiait Alexandre, un jeune coorganisateur.
Et en une tournée qui mêle petites salles et Zéniths (Limoges, Paris) jusqu’en mai 2020, répondre à cette attente suffit au bonheur de Gauvain Sers : « S’ils se sentent oubliés, je suis content de venir chanter pour eux. C’est important d’être en cohérence avec le titre de l’album, d’aller à la rencontre des gens (…) J’aime bien le côté du gars parti de son petit village pour essayer de séduire la capitale, mais qui revient parce que si ça a marché pour lui, c’est parce qu’il y a eu ça au départ ».
Devant le portail vert de son école primaire On l’reconnaît tout d’suite Toujours la même dégaine avec son pull en laine On sait qu’il est instit Il pleure la fermeture à la rentrée future De ses deux dernières classes Il paraît qu’le motif c’est le manque d’effectif Mais on sait bien c’qui s’passe On est Les Oubliés La campagne, les paumés Les trop loin de Paris Le cadet d’leurs soucis À vouloir regrouper les cantons d’à côté en 30 élèves par salle Cette même philosophie qui transforme le pays en un centre commercial Ça leur a pas suffit qu’on ait plus d’épicerie Que les médecins se fassent la malle Y’a plus personne en ville, y’a que les banques qui brillent dans la rue principale On est les oubliés La campagne, les paumés Les trop loin de Paris Le cadet d’leurs soucis Qu’il est triste le patelin avec tous ces ronds-points Qui font tourner les têtes Qu’il est triste le préau sans les cris des marmots Les ballons dans les fenêtres Même la p’tite boulangère se demande c’qu’elle va faire De ses bon-becs qui collent Même la voisine d’en face elle a peur, ça l’angoisse Ce silence dans l’école On est les oubliés La campagne, les paumés Les trop loin de Paris Le cadet d’leurs soucis Quand dans les plus hautes sphères couloirs du ministère Les élèves sont des chiffres Y’a des gens sur l’terrain de la craie plein les mains Qu’on prend pour des sous-fifres Ceux qui ferment les écoles les cravatés du col Sont bien souvent de ceux Ceux qui n’verront jamais ni de loin ni de près Un enfant dans les yeux On est les oubliés La campagne les paumés Les trop loin de Paris Le cadet de leur soucis On est troisième couteau Dernière part du gâteau La campagne, les paumés On est les oubliés Devant le portail vert de son école primaire Y’a l’instit du village Toute sa vie, des gamins Leur construire un lendemain Il doit tourner la page On est les oubliés
Submitted by allezol on November 28, 2019
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