Paul VERLAINE
1844 – 1896
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Je fais souvent ce rêve étrange et…
Language:
French (Français)
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Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 23-24.
1 Bosmans: « parfois »
2 Bosmans: « blonde, brune »
Bosmans: « parfois »Bosmans: « blonde, brune »
Authorship:
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
Settings in other languages, adaptations, or excerpts:
- Also set in German (Deutsch), a translation by Hermann Hesse (1877 – 1962) , title 1: « Traum », title 2: « Mon rêve familier aus dem Französischen des Paul Verlaine », written 1901, first published <<1915 ; composed by Laci Boldemann, Richard Czelinski, Willy Czernik, Artur Immisch, Richard Trunk.
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Other available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , « My familiar dream », copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , « My Familiar Dream », appears in Poems Saturnine, in 1. Melancholia, no. 6
- ITA Italian (Italiano) (Ignazio Giacona) , « Il mio sogno familiare », copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
Research team for this text: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
Research team for this text: Emily Ezust, Poom Andrew Pipatjarasgit
This text was added to the website between May 1995 and September 2003.
Line count: 14
Word count: 128
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? –Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
dit par François PÉRIER
Paul VERLAINE (Poèmes saturniens, 1866)
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Paul Verlaine (1844 – 1896)
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine (1844 – 1896)
Streets – I
Dansons la gigue !
J’aimais surtout ses jolis yeux,
Plus clairs que l’étoile des cieux,
J’aimais ses yeux malicieux.
Dansons la gigue !
Elle avait des façons vraiment
De désoler un pauvre amant,
Que c’en était vraiment charmant !
Dansons la gigue !
Mais je trouve encore meilleur
Le baiser de sa bouche en fleur
Depuis qu’elle est morte à mon cœur.
Dansons la gigue !
Je me souviens, je me souviens
Des heures et des entretiens,
Et c’est le meilleur de mes biens.
Dansons la gigue !
I often have this strange and striking dream:
Some woman, whom I love, and who loves me;
Loves me and understands; not utterly
Different each time, not utterly the same.
She understands me, she alone, and clears
My clouded heart, uncomplicated now
For her alone; my damp and pallid brow
She, she alone, can freshen, with her tears.
Her hair: brown, blonde or auburn? I don’t know.
Her name resembles music sweet and low,
Like names of loved ones Life has sent away;
Her gaze is like a statue’s, and her tone
Of voice is distant, calm, and grave: you’d say,
Like those dear voices that are hushed and gone.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l’ignore.
Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Introduction
Mon rêve familier est un sonnet extrait de la première section (« Melancholia ») du recueil Poèmes saturniens (1866) (-> Texte complet des
Inspirations romantiques : femme idéalisée
Sonnet en alexandrin.
Dans Mon rêve familier, Verlaine met en scène une femme aimée, à la fois familière et inconnue.
Verlaine
Texte du poème Mon rêve familier de Verlaine
Télécharger Mon rêve familier – Verlaine en version audio (clicdroit – « enregistrer sous… »)
Lu par Gilles-Claude Thériault – source : litteratureaudio.com
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! Cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Verlaine
Poèmes saturniens
Annonce des axes
I. Un contraste rêve-réalité
1. Confusion
2. Atemporalité du poème
II. La femme rêvée
1. La femme aimée
2. La femme mystérieuse
3. Mais cette femme n’existe pas
Commentaire littéraire
I. Un contraste rêve-réalité
1. Confusion
Le rêve accompagne la réalité de l’auteur : « je fais souvent ce rêve » -> présent d’habitude, en relation avec le déterminant démonstratif « ce rêve » qui indique que le rêve est déjà connu.
Le déterminant démonstratif « ce » met en valeur le mot « rêve », répété dans le titre et au vers 1 et placé juste avant ce qui peut être considéré comme la
Le rêve est « familier » (titre du poème) mais également « étrange et pénétrant » (vers 1) -> confusion et contradiction car ce qui est familier n’est en général pas étrange : Verlaine rêve d’un monde différent (« étrange ») mais dans lequel il se retrouve (« familier »).
Les
Rythme confus, flou : nombreux
Le lieu et le temps ne sont pas définis. Beaucoup d’éléments ne sont pas définis (apparence physique vers 9, prénom de la femme vers 10). La femme est « lointaine » (vers 13).
=> Le rêve est confus : perte de la réalité.
Dans le premier quatrain, les sonorités se répètent :
2. Atemporalité du poème
– Les temps verbaux
C’est le présent qui domine « et que j’aime et qui m’aime » (vers 2) : présent de vérité générale.
Ruptures aux vers 11 et 14 avec l’emploi du passé : caractère insaisissable de la femme, présente et absente (vie/mort).
– Le poème semble hors du temps.
« souvent » : présent qui englobe passé, présent et futur. Aucune indication de quand se passe le rêve.
« statues » (vers 12) : atemporalité, éternité et immobilité comme source de bonheur.
II. La femme rêvée
1. La femme aimée
Seule certitude : l’amour est réciproque « et que j’aime, et qui m’aime » (vers 2), « et m’aime et me comprend » (vers 4). C’est l’amour parfait : amour et compréhension.
L’insistance forte sur le verbe aimer est montrée par l’homophonie des vers 2-3-4 (« la même » pronom indéfini et « m’aime » du verbe aimer).
Allitération douce en [m] au vers 2 pour illustrer la douceur de l’amour.
Cohésion rythmique des vers 2 et 3 : 6/3/3/3/3/6
Elle seule est capable de comprendre et consoler le poète (« et les moiteurs de mon front blême, / Elle seule les sait rafraîchir » vers 7-8)
« cœur transparent » (vers 5) : la femme comprend les émotions du narrateur.
Le prénom et l’apparence de la femme ne sont pas importants -> amour profond
« regard des statues » (vers 12) -> idée de la beauté intemporelle de la statue.
2. La femme mystérieuse
La femme est « inconnue » (vers 2) mais pourtant aimée.
Le femme n’est pas définie : « ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre » (vers 3-4).
Son prénom et son apparence physique sont confus (vers 9-10).
La femme est « lointaine » (vers 13).
=> Femme singulière et mystérieuse.
3. Mais cette femme n’existe pas
« hélas ! » (vers 6) interjection lyrique (exprime la douleur). Mise en valeur par la présence devant la césure -> exprime le regret que la femme ne soit qu’en rêve mais n’existe pas dans la réalité.
« Je me souviens qu’il est doux et sonore, / Comme ceux des aimés que la Vie exila. » (vers 10-11) « la Vie exila » = qui sont morts (
=> Mélancolie
Le passé simple tranche très fortement avec le présent dominant dans le sonnet => différence rêve (présent) / réalité (passé).
« sa voix, lointaine, et calme, et grave » (vers 13) -> adjectifs connotés à l’idée de mort.
« qui se sont tues » vers 14 : généralisation par le pluriel (cf. vers 11 « des aimés ») + périphrase (« qui se sont tues »= « que la Vie exila »). Parallélisme entre les deux vers qui sont tous deux en dernière position dans le tercet.
Le mot « tues » termine le sonnet -> sonne comme un couperet, obligeant presque à relire le sonnet autrement.
Conclusion
Mon rêve familier est l’occasion pour Verlaine d’évoquer la dure condition de poète meurtri par son hyper sensibilité et de sa capacité à s’échapper momentanément de la réalité grâce au rêve. Verlaine se réfugie dans la femme qui lui apparaît dans son « rêve familier » pour se consoler de la perte des êtres aimés dans la dure réalité de la vie.
est un sonnet extrait de la première section (« Melancholia ») du recueil(1866) (-> Texte complet des Poèmes saturniens ) de Verlaine Inspirations romantiques : femme idéaliséeSonnet en alexandrin.Dans, Verlaine met en scène une femme aimée, à la fois familière et inconnue.Le rêve accompagne la réalité de l’auteur : « je fais souvent ce rêve » -> présent d’habitude, en relation avec le déterminant démonstratif « ce rêve » qui indique que le rêve est déjà connu.Le déterminant démonstratif « ce » met en valeur le mot « rêve », répété dans le titre et au vers 1 et placé juste avant ce qui peut être considéré comme la césure du vers 1.Le rêve est « familier » (titre du poème) mais également « étrange et pénétrant » (vers 1) -> confusion et contradiction car ce qui est familier n’est en général pas étrange : Verlaine rêve d’un monde différent (« étrange ») mais dans lequel il se retrouve (« familier »).Les allitérations en [r] et en [t] font sonner durement ce premier vers.Rythme confus, flou : nombreux enjambements (vers 1, vers 3, vers 5…), refus de la césure à l’ hémistiche (vers 9, 13-14..), diérèses (« inflexion » à prononcer en 4 syllabes vers 14).Le lieu et le temps ne sont pas définis. Beaucoup d’éléments ne sont pas définis (apparence physique vers 9, prénom de la femme vers 10). La femme est « lointaine » (vers 13).=> Le rêve est confus : perte de la réalité.Dans le premier quatrain, les sonorités se répètent : assonance en [an] dans le premier vers, anaphores de « et que / qui » et de « et » => cela crée un effet de bercement, propice à la rêverie.- Les temps verbauxC’est le présent qui domine « et que j’aime et qui m’aime » (vers 2) : présent de vérité générale.Ruptures aux vers 11 et 14 avec l’emploi du passé : caractère insaisissable de la femme, présente et absente (vie/mort).- Le poème semble hors du temps. »souvent » : présent qui englobe passé, présent et futur. Aucune indication de quand se passe le rêve. »statues » (vers 12) : atemporalité, éternité et immobilité comme source de bonheur.Seule certitude : l’amour est réciproque « et que j’aime, et qui m’aime » (vers 2), « et m’aime et me comprend » (vers 4). C’est l’amour parfait : amour et compréhension.L’insistance forte sur le verbe aimer est montrée par l’homophonie des vers 2-3-4 (« la même » pronom indéfini et « m’aime » du verbe aimer).Allitération douce en [m] au vers 2 pour illustrer la douceur de l’amour.Cohésion rythmique des vers 2 et 3 : 6/3/3/3/3/6 Anaphore de « elle seule » -> amour uniqueElle seule est capable de comprendre et consoler le poète (« et les moiteurs de mon front blême, / Elle seule les sait rafraîchir » vers 7-8) »cœur transparent » (vers 5) : la femme comprend les émotions du narrateur.Le prénom et l’apparence de la femme ne sont pas importants -> amour profond »regard des statues » (vers 12) -> idée de la beauté intemporelle de la statue.La femme est « inconnue » (vers 2) mais pourtant aimée.Le femme n’est pas définie : « ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre » (vers 3-4).Son prénom et son apparence physique sont confus (vers 9-10).La femme est « lointaine » (vers 13).=> Femme singulière et mystérieuse. »hélas ! » (vers 6) interjection lyrique (exprime la douleur). Mise en valeur par la présence devant la césure -> exprime le regret que la femme ne soit qu’en rêve mais n’existe pas dans la réalité. »Je me souviens qu’il est doux et sonore, / Comme ceux des aimés que la Vie exila. » (vers 10-11) « la Vie exila » = qui sont morts ( périphrase et euphémisme ). Signifie que les êtres aimés par le poète dans la réalité sont morts.=> MélancolieLe passé simple tranche très fortement avec le présent dominant dans le sonnet => différence rêve (présent) / réalité (passé). »sa voix, lointaine, et calme, et grave » (vers 13) -> adjectifs connotés à l’idée de mort. »qui se sont tues » vers 14 : généralisation par le pluriel (cf. vers 11 « des aimés ») + périphrase (« qui se sont tues »= « que la Vie exila »). Parallélisme entre les deux vers qui sont tous deux en dernière position dans le tercet.Le mot « tues » termine le sonnet -> sonne comme un couperet, obligeant presque à relire le sonnet autrement.est l’occasion pour Verlaine d’évoquer la dure condition de poète meurtri par son hyper sensibilité et de sa capacité à s’échapper momentanément de la réalité grâce au rêve. Verlaine se réfugie dans la femme qui lui apparaît dans son « rêve familier » pour se consoler de la perte des êtres aimés dans la dure réalité de la vie.
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