Pierre de MARBEUF
1596 – 1645
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Sentinel – (2020)
The lover, The stars & The citadel – (2016)
The Edge – (2014)
Fourth, part two – (2011) Your choice of black cover (U.S.) or white cover (Europe)
Fourth, part one – (2009) Special edition hand sewn hardcover booklet
3 – 2017 re-issue of the 2006 release
Second – 2017 re-issue of the 2003 release (only 2 albums left of this re-issue of « Second »)
00/1 – 2017 re-issue of the
2001 release
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8 Album SetSentinel – (2020)The lover, The stars & The citadel – (2016)The Edge – (2014)Fourth, part two – (2011) Your choice of black cover (U.S.) or white cover (Europe)Fourth, part one – (2009) Special edition hand sewn hardcover booklet3 – 2017 re-issue of the 2006 releaseSecond – 2017 re-issue of the 2003 release (only 2 albums left of this re-issue of « Second »)00/1 – 2017 re-issue of the
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
– Pierre De Marbeuf
Poem review:
Yes, love songs existed before Marvin Gaye and Jay-Z. We used to call them poems.
Since the 12th century, the destructive passion represents a recurring theme in literature. Since the tale of Tristan and Iseult, passionate love inspires authors and help them to darken the innumerable pages of collections of poetry. A narrow bridge is often made between love and the ocean, two universes in the same time compared and contrasted, both full of pleasures and distress.
Throughout his untitled poem from 1628 which cleverly starts with “Et la mer et l’amour” (And the sea and love), Pierre De Marboeuf plays with words using both visual and sound aspects like subtle paronomasis (“mer/amer/amour”), alliteration on the redundant “m”-sound as well as a range of echoes of meanings.
Drawing parallels between “Mer/La mère” (Sea/Mother), “Eaux/Maux” (Waters/Pains), “Armes/ Larmes” (Weapons/Tears), the author acts as a prodigy of words. He evokes brilliantly the common points between an unfortunate love and a rolling sea, their common dangers (“L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer”) and their both high shipwreck risk (“Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage”).
Becoming a Baroque virtuoso, De Marboeuf also highlights the differences between Love and the Ocean, thanks to mythological allusions referring to “La mère de l’amour” (Mother of Love), known as the Greek Goddess of Love Aphrodite or Venus, her Roman equivalent. The image of Love symbolized by the allusion of fire (“Le feu sort de l’amour”/ Fire comes out from Love) struggles against the image of Ocean, symbolized by the allusion of water (“Sa mère sort de l’eau”/ Her mother comes out from water). The two distinct universes are here described as two antagonistic elements and are played off against each other especially in the last verse of the poem.
Indeed, love songs existed before Marvin Gaye and Jay-Z.
Pierre de Marbeuf (1596-1645), poète français.
Pierre de Marbeuf est né en 1596 à Sahurs dans la Seine-Maritime.
Elève du collège de La Flèche où il a été le condisciple de Descartes, le chevalier Pierre de Marbeuf est juriste de formation. Il exercera aussi la fonction de maître des eaux et forêts comme Jean de La Fontaine.
Son Recueil des vers est publié à Rouen en 1628. Auteur de sonnets baroques, il met en œuvre les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l’amour. Connu tardivement, il est apprécié non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques.
Recherchant la perfection, il joue avec les mots et les sonorités dans un style baroque.
Introduction
Le poème « Et la mer et l’amour » est paru en 1628. Il est extrait de Recueil des vers. Ce poème de Pierre de Marbeuf n’a pas de titre. C’est un sonnet baroque. Le poète développe le thème de l’amour malheureux en y associant le thème de l’eau. Ce poème est d’aspect conventionnel : c’est un exercice de virtuosité destiné surtout à mettre en valeur l’habileté de l’artiste plus que la sincérité de ses sentiments.
Texte du poème Et la mer et l’amour
Télécharger Et la mer et l’amour – de Pierre de Marbeuf en version audio (clic droit – « enregistrer sous… »)
Lu par Cécile Belluard – source : litteratureaudio.com
Et la mer et l’amour
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,Et la mer est amère, et l’amour est amer,L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf, Recueil des vers
Annonce des axes
Pierre de Marbeuf s’appuie sur une comparaison entre la mer et l’amour pour développer une réflexion et un monologue élégiaques sur les souffrances de la passion.
I. Une réflexion axée sur une comparaison entre la mer et l’amour
1. L’entrelacement de 2 thèmes, la mer (élément concret) et l’amour (sentiment de l’ordre de l’abstrait)
2. Les ressemblances entre la mer et l’amour
3. Les différences entre la mer et l’amour : dans les tercets, les 2 thèmes ne sont plus assimilés
II. Une réflexion et un monologue élégiaques sur l’amour malheureux
1. L’investissement personnel dans un monologue adressé à l’être aimé
2. La thématique de la passion malheureuse, souvent personnifiée, qui utilise des clichés
3. Une musicalité extrêmement travaillée : poème = un exercice de style
Commentaire littéraire
I. Une réflexion axée sur une comparaison entre la mer et l’amour
1. L’entrelacement de 2 thèmes, la mer (élément concret) et l’amour (sentiment de l’ordre de l’abstrait)
– Deux champs lexicaux primordiaux : « la mer » 6 fois, « l’amour » 8 fois
– Les répétitions parallèles, le
– Une mer tourmentée devient la métaphore filée de l’amour et de ses dangers, va et vient de la Mer.
2. Les ressemblances entre la mer et l’amour
Ces ressemblances sont explicites : (« en partage », « aussi bien », « tous deux »).
Le parallélisme va jusqu’au vers dix. Marbeuf examine les ressemblances, les points de contact.
Le premier est l’amertume : sel pour la mer, déconvenue pour l’amour.
Le second est la vie tourmentée (l’orage), le troisième est le risque de naufrage (utilisation de la métaphore filée de la navigation, des orages (litote) et du naufrage => dangers communs).
Le quatrième se situe dans la mythologie et les liens filiaux qui existent entre la mer, la déesse de l’amour et le dieu de l’amour.
3. Les différences entre la mer et l’amour : dans les tercets, les 2 thèmes ne sont plus assimilés
– Les images des vers 9 et 10 :
La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau.
Marbeuf fait allusion à la mythologie grecque et romaine. La mère de l’amour est Vénus ou Aphrodite. Selon la légende, elle est née, nue, de l’écume de la mer. Le dieu de l’amour est Cupidon ou Éros, fils de Vénus et de Mars. Traditionnellement, la passion amoureuse qu’inocule le Dieu Cupidon est décrite sous le nom de feux, de flammes car elle embrase l’imagination et le cœur.
– L’amour remplacé par le feu => éléments antagonistes (=opposés) > l’amour / feu ; l’eau / mer => l’eau ne parvient pas éteindre le feu de l’amour.
II. Une réflexion et un monologue élégiaques sur l’amour malheureux
1. L’investissement personnel dans un monologue adressé à l’être aimé
– La réflexion générale de départ (« l’on », « celui qui ») passe à une réflexion personnelle (« je », « me », « mes »).
– Registre élégiaque (exprimant une plainte, souffrance), nuance du lyrisme. Il souffre.
– Pierre de Marbeuf s’adresse à une personne, non caractérisée, mais tutoyé « ton ».
2. La thématique de la passion malheureuse, souvent personnifiée, qui utilise des clichés
– Amour passionné : métaphore. Hyperbole : « si fort »
– Un amour qui ressemble à une guerre, métaphore des « armes »
– Souffrances de l’amour : métaphore de l’amertume, de l’orage, du naufrage.
– Expression pathétique, métaphorique et hyperbolique de ce tourment => l’unilatéralité de l’amour, évocation du sentiment.
3. Une musicalité extrêmement travaillée : poème = un exercice de style
– Le polysyndéton dans les deux premiers vers.
– Poème en alexandrins, sans enjambements ni rejet > importance de la binarité
– Procédé de la répétition : anaphores, hémistiches, répétitions constantes de mots, homophone (= paronomase), allitérations.
– Marbeuf joue avec le langage aussi bien dans ses aspects visuels que sonores : ainsi « aimer » est visuellement proche d’« amer » et d’« amour ». « Amer » possède les mêmes phonèmes que « la mer » ou « la mère » ; « eaux » est repris en écho par « maux », « armes » est repris par « larmes ». Au-delà de la ressemblance des mots, Marbeuf joue sur les sens. Par exemple, la mer est amère (il est fait allusion au sel de la mer), mais les larmes sont aussi salées. Ainsi nous nous promenons par association d’idées entre des réalités très symboliques : le feu, l’eau qui renvoient à des concepts abstraits comme l’amour, la souffrance.
Conclusion
Dans ce poème « Et la mer… », Pierre de Marbeuf présente donc essentiellement une musicalité très travaillée. Le poète suit la tradition précieuse, quand il multiplie les figures de rhétorique, (comparaisons, métaphores, en particulier celle du feu, périphrases, personnifications, hyperboles…), les répétitions, les échos rythmiques et sonores. Cette musicalité permet à « Et la mer… » de sortir de la banalité à laquelle pourrait le condamner la thématique élégiaque si traditionnelle de la passion malheureuse.
Le lyrisme est ici particulièrement servi par cette musicalité d’abord,mais également par ce jeu emprunté au baroque de la comparaisonet de l’antithèse qui entrelace intimement les thèmes de l’amouret celui de l’eau, élément mouvant, insaisissable, symbole de lavanité, comme du caractère éphémère des choses de ce monde.
Pierre de Marbeuf est né en 1596 à Sahurs dans la Seine-Maritime.Elève du collège de La Flèche où il a été le condisciple de Descartes, le chevalier Pierre de Marbeuf est juriste de formation. Il exercera aussi la fonction de maître des eaux et forêts comme Jean de La Fontaine.Sonest publié à Rouen en 1628. Auteur de sonnets baroques, il met en œuvre les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l’amour. Connu tardivement, il est apprécié non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques.Recherchant la perfection, il joue avec les mots et les sonorités dans un style baroque.Le poème «» est paru en 1628. Il est extrait de. Ce poème de Pierre de Marbeuf n’a pas de titre. C’est un sonnet baroque. Le poète développe le thème de l’amour malheureux en y associant le thème de l’eau. Ce poème est d’aspect conventionnel : c’est un exercice de virtuosité destiné surtout à mettre en valeur l’habileté de l’artiste plus que la sincérité de ses sentiments.Pierre de Marbeuf s’appuie sur une comparaison entre la mer et l’amour pour développer une réflexion et un monologue élégiaques sur les souffrances de la passion.- Deux champs lexicaux primordiaux : « la mer » 6 fois, « l’amour » 8 fois- Les répétitions parallèles, le chiasme , les anaphores , la paronomase (l’amer, la mer) créent un sentiment de confusion- Une mer tourmentée devient la métaphore filée de l’amour et de ses dangers, va et vient de la Mer.Ces ressemblances sont explicites : (« en partage », « aussi bien », « tous deux »).Le parallélisme va jusqu’au vers dix. Marbeuf examine les ressemblances, les points de contact.Le premier est l’amertume : sel pour la mer, déconvenue pour l’amour.Le second est la vie tourmentée (l’orage), le troisième est le risque de naufrage (utilisation de la métaphore filée de la navigation, des orages (litote) et du naufrage => dangers communs).Le quatrième se situe dans la mythologie et les liens filiaux qui existent entre la mer, la déesse de l’amour et le dieu de l’amour.- Les images des vers 9 et 10 :La mère de l’amour eut la mer pour berceau,Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau.Marbeuf fait allusion à la mythologie grecque et romaine. La mère de l’amour est Vénus ou Aphrodite. Selon la légende, elle est née, nue, de l’écume de la mer. Le dieu de l’amour est Cupidon ou Éros, fils de Vénus et de Mars. Traditionnellement, la passion amoureuse qu’inocule le Dieu Cupidon est décrite sous le nom de feux, de flammes car elle embrase l’imagination et le cœur.- L’amour remplacé par le feu => éléments antagonistes (=opposés) > l’amour / feu ; l’eau / mer => l’eau ne parvient pas éteindre le feu de l’amour.- La réflexion générale de départ (« l’on », « celui qui ») passe à une réflexion personnelle (« je », « me », « mes »).- Registre élégiaque (exprimant une plainte, souffrance), nuance du lyrisme. Il souffre.- Pierre de Marbeuf s’adresse à une personne, non caractérisée, mais tutoyé « ton ».- Amour passionné : métaphore. Hyperbole : « si fort »- Un amour qui ressemble à une guerre, métaphore des « armes »- Souffrances de l’amour : métaphore de l’amertume, de l’orage, du naufrage.- Expression pathétique, métaphorique et hyperbolique de ce tourment => l’unilatéralité de l’amour, évocation du sentiment.- Le polysyndéton dans les deux premiers vers.- Poème en alexandrins, sans enjambements ni rejet > importance de la binarité- Procédé de la répétition : anaphores, hémistiches, répétitions constantes de mots, homophone (= paronomase), assonances – Marbeuf joue avec le langage aussi bien dans ses aspects visuels que sonores : ainsi « aimer » est visuellement proche d’« amer » et d’« amour ». « Amer » possède les mêmes phonèmes que « la mer » ou « la mère » ; « eaux » est repris en écho par « maux », « armes » est repris par « larmes ». Au-delà de la ressemblance des mots, Marbeuf joue sur les sens. Par exemple, la mer est amère (il est fait allusion au sel de la mer), mais les larmes sont aussi salées. Ainsi nous nous promenons par association d’idées entre des réalités très symboliques : le feu, l’eau qui renvoient à des concepts abstraits comme l’amour, la souffrance.Dans ce poème « Et la mer… », Pierre de Marbeuf présente donc essentiellement une musicalité très travaillée. Le poète suit la tradition précieuse, quand il multiplie les figures de rhétorique, (comparaisons, métaphores, en particulier celle du feu, périphrases, personnifications, hyperboles…), les répétitions, les échos rythmiques et sonores. Cette musicalité permet à « Et la mer… » de sortir de la banalité à laquelle pourrait le condamner la thématique élégiaque si traditionnelle de la passion malheureuse.Le lyrisme est ici particulièrement servi par cette musicalité d’abord, mais également par ce jeu emprunté au baroque de la comparaison et de l’antithèse qui entrelace intimement les thèmes de l’amour et celui de l’eau, élément mouvant, insaisissable, symbole de la vanité, comme du caractère éphémère des choses de ce monde.
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