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Le torrent et la rivière morale

Le Torrent et la Rivière est la vingt-troisième ( 23ème ) fable du livre VIII de Jean de La Fontaine, placé dans le second recueil des Fables de La Fontaine et édité pour la première fois en 1678. Une autre de ces petites perles dans laquelle le Torrent symbolise l’homme et la Rivière la femme.

est la vingt-troisième ( 23ème ) fable du livre VIII de Jean de La Fontaine, placé dans le second recueil des Fables de La Fontaine et édité pour la première fois en 1678. Une autre de ces petites perles dans laquelle lesymbolise l’et lala

C’est au cœur du dix-septième siècle classique que Jean de la Fontaine, empruntant les traces de ses illustres prédécesseurs (Esope, Phèdre, Pilpay), livre à ses lecteurs ses Fables, véritable condensé de sagesse populaire. Fidèle aux mots d’ordre de son siècle, « plaire et instruire », il analyse les mœurs de son temps et développe des morales dont l’objectif est de permettre aux hommes de s’adapter au monde auquel ils sont confrontés. Ici, un cavalier fuit. Dans sa course, il évite un torrent et préfère se cacher dans le lit d’une calme rivière, pour son plus grand malheur, car il périra dans les flots faussement paisibles….

Le Torrent et la Rivière .

Avec grand bruit et grand fracas
Un torrent tombait des montagnes :
Tout fuyait devant lui ; l’horreur suivait ses pas ;
Il faisait trembler les campagnes.
Nul voyageur n’osait passer
Une barrière si puissante ;
Un seul vit des voleurs ; et se sentant presser,
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.
Ce n’était que menace et bruit sans profondeur :
Notre homme enfin n’eut que la peur.
Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une rivière dont le cours
Image d’un sommeil doux, paisible, et tranquille,
Lui fit croire d’abord ce trajet fort facile :
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre ; et son cheval le met
À couvert des voleurs, mais non de l’onde noire :
Tous deux au Styx allèrent boire ;
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser, au séjour ténébreux,
Bien d’autres fleuves que les nôtres.
Les gens sans bruit sont dangereux :
Il n’en est pas ainsi des autres.

Les illustrations les plus connues de la fable de Jean de La Fontaine.

le torrent et la rivière

le torrent et la rivière

: Illustration par Grandville ( première édition de 1855 ).

le Torrent et la Rivière

le Torrent et la Rivière

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: fable de Jean de la Fontaine, illustrée par cette gravure de Louis-Simon Lempereur d’après Jean-Baptiste Oudry.

Proposition de commentaire sur la Fable.

I ) Deux protagonistes opposés.
– – LA Puissance et brutalité du torrent
allitération en »r » et « c » v1 qui traduit la brutalité des « trombes d’eau » (harmonie imitative) + répétition de « grand », champ lexical de la peur « horreur » (allégorie), « trembler », « menaçante », « tout » + « nul voyageur » = caractère d’universalité, tt le monde en a peur…
– – La Tranquilité de la Rivière
image du « sommeil », accumulation de termes mélioratifs (champ lexical de la tranquillité), image de facilité à la traverser (« fort facile » , « pur et net »)…
II ) Une apparence trompeuse qui permet au fabuliste de dégager la morale.
– – Le Torrent se révèle « inoffensif » et la Rivière dangereuse
construction de la phrase v9 reprise vers 10 « ce n’était que » et « notre homme n’eut que « + « bruit sans profondeur » lui fit « d’abord » croire > il est ensuite détrompé, « mais non » > opposition avec la tranquillité décrite, le terme péjoratif « onde noire est une rupture
– – La morale de la fable grâce à une généralisation
Le Torrent et la Rivière, écrits avec majuscules sont représentatifs des torrents et des rivières mais aussi des gens « avec » et « sans bruits » : ce sont des types …

III ) La problématique de cette Fable de jean de la Fontaine.

Le fabuliste a donc choisi le genre de la fable pour nous transmettre une réflexion sur la nature humaine. Le lecteur se voit guidé vers la construction du sens, par une stratégie argumentative particulièrement efficace. En effet, le récit se met au service de l’argumentation par sa capacité à charmer un lecteur captivé par une action rapide et dramatisée. Ainsi il peut opposer les caractères pour pousser le lecteur à la réflexion: doit-on se fier aux apparences ?
La réponse est catégoriquement négative. Le pauvre cavalier n’aurait pas dû se fier au calme apparent de la rivière car il dissimulait sa fureur sournoise. Le fabuliste pousse ainsi son lecteur à dépasser les apparences pour éviter les déconvenues.

Le torrent et la rivière

329

mots

2 pages

Commentaire : le Torrent et la Rivière
Introduction :
La source est une fable d’Abstemius, « Du paysan qui voulait traverser un torrent » (Hecatonmythium, V), qui illustre l’idée « méfiez-vous de l’eau qui dort » ; La Fontaine proposerait une « métaphorisation spatiale » (M. Fumaroli) d’une thématique morale fréquente au XVII°s, celle des apparences trompeuses. Cette fable est située à la fin du livre huitième, donc dans la seconde période de La Fontaine, où le bestiaire et l’imaginaire en liberté du fabuliste s’est nettement amoindri pour s’orienter vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. « Le Torrent et la rivière » met en scène un homme fuyant devant des voleurs : il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d’apparence paisible où il sombre. Nous verrons dans ce texte quelle poétique convoque La Fontaine et la simplicité de ce texte qui en fait un exemple-type de la fable telle qu’elle pouvait être pratiquée dans l’Antiquité.
Nous verrons dans une première partie deux protagonistes opposées, puis dans une seconde partie la thématique des apparences trompeuses qui constituent la morale du texte.

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CONCLUSION
Ainsi cette fable est particulière dans l’œuvre de La Fontaine en ce qu’elle met de côté l’aspect novateur du fabuliste. Les lieux sont faiblement esquissés, les personnages inexistants. La morale y est assez peu approfondie. Se révèle ici l’aspect purement formel de la fable qui est de faire surgir une morale d’une petite anecdote pittoresque. C’est le cas ici, mais La Fontaine ne va pas au-delà. La seule originalité de cette fable réside dans cette spatialisation de la morale, et dans cette dimension littéraire : la nécessité de lire au-delà des apparences est également celle du critique de littérature d’aller voir ce qu’il y a au-delà du texte pur. La Fontaine ne développe rien en profondeur ici. Il prend à rebours sa propre morale, et en cela cette fable est particulière.

Le Torrent et la Rivière met en scène un homme fuyant devant des voleurs. Il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d’apparence paisible où il sombre. Cet exemple-type de la fable présente la simplicité du récit tel qu’il existait dans l’Antiquité (…)

Sommaire

Introduction

I) L’art du récit et de la versification

A. Les différents mouvements du texte
B. L’art du récit dominé par la ponctuation
C. L’art de la versification

II) La dénonciation des apparences trompeuses

A. Une thématique morale fréquente au 17ème siècle
B. Une fable particulière

III) Un archétype de la fable antique

A. Une structure narrative rudimentaire
B. Une fable manichéenne
C. Les références mythologiques

Conclusion

Extraits

[…] Le Torrent et la Rivière Recueil : II, parution en 1678. Livre : VIII. Fable : 23, composée de 25 vers. Avec grand bruit et grand fracas Un Torrent tombait des montagnes : Tout fuyait devant lui ; l’horreur suivait ses pas ; Il faisait trembler les campagnes Nul voyageur n’osait passer Une barrière si puissante : Un seul vit des voleurs, et se sentant presser, Il mit entre eux et lui cette onde menaçante. Ce n’était que menace et bruit sans profondeur : 10 Notre homme enfin n’eut que la peur. […]

[…] L’accumulation finale d’octosyllabes accélère le débit de la lecture. Cette structure assez simple, sans complexité, est l’image somme toute d’une morale assez simple : les apparences sont trompeuses. II- La dénonciation des apparences trompeuses Une thématique morale fréquente au 17ème siècle Pour comprendre la dénonciation de l’auteur, il faut replacer le texte dans le contexte de son époque d’écriture : la cour du Roi soleil, l’ostentation de Versailles, le faste et le luxe des vêtements et des apparats, les fêtes À cet égard, La Fontaine a toujours revendiqué sa nature épicurienne, se contentant de ce qu’il avait et rejetant le superflu : il privilégiait l’être au paraître. […]

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[…] Une fois de plus, La Fontaine s’inspire de réalités politiques de son temps. Mais il traite les personnages à la manière de La Bruyère. Ce sont des caractères au sens ou l’auteur des portraits considère le vantard (le Torrent) ou le doucereux hypocrite (la Rivière). Le Torrent et la Rivière met en scène un homme fuyant devant des voleurs. Il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d’apparence paisible où il sombre. Cet exemple-type de la fable présente la simplicité du récit tel qu’il existait dans l’Antiquité. […]

[…] On individualise ainsi : -vers 1 à 10 : le torrent -vers 11 à 17 : la rivière -vers 18 à 23 : la noyade du protagoniste dans la rivière -vers 24 à 25 : morale. L’art du récit dominé par la ponctuation Cette fable s’individualise des autres car sa structure est assez plate, tendue vers un aboutissement et ne présentant pas de figures de rhétorique, habituelles chez l’auteur, notamment de circonvolutions ou de prolepses. Ce qui ressort du texte est l’emploi d’une ponctuation judicieuse : – les points : ils délimitent les parties évoquées dans le paragraphe précédent : .vers 1 à 10 : trois phrases .vers 11 à 17 : deux phrases .vers 18 à 23 : une seule .vers 24 et 25 : la morale est constituée de deux vers qui sont également isolés de la dernière partie par un blanc typographique. […]

[…] Tout comme le sujet qu’elle dénonce, elle utilise le même effet trompe-l’œil pour arriver à une morale opposée, qui dit qu’une personne qui fait beaucoup de bruit est moins dangereuse qu’une personne silencieuse, faisant donc intervenir des apparences trompeuses pour justifier sa dénonciation. III- Un archétype de la fable antique Une structure narrative rudimentaire Les éléments de cette fable sont simples et peu nombreux : un torrent et une rivière constituent les seuls décors de l’action. Aucun autre élément n’est communiqué. Les personnages n’ont aucune profondeur, aucune dimension intérieure. On ne sait rien d’eux, de leurs personnalités ou de leurs motivations. […]

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