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Les feux de saint elme

Feu de Saint-Elme sur un bateau (G. Hartwig) dans The Aerial World, 1886.

(G. Hartwig) dans, 1886.

Le feu de Saint-Elme est un phénomène physique, se produisant dans certaines conditions météorologiques, qui se manifeste par des lueurs apparaissant surtout aux extrémités des mâts des navires et sur les ailes des avions certains soirs. Ce phénomène se crée parfois aussi en très haute altitude, au-dessus des cumulonimbus. Dans ce cas, on parlera de « farfadets ».

Ce phénomène a impressionné et intrigué les Anciens. Pline l’Ancien le décrit comme suit :

« Il se montre des étoiles dans la mer et sur la terre. J’ai vu, la nuit, pendant les factions des sentinelles devant les retranchements, briller à la pointe des javelots des lueurs à la forme étoilée. Les étoiles se posent sur les antennes et sur d’autres parties des vaisseaux avec une espèce de son vocal, comme des oiseaux allant de place en place. Cette espèce d’étoile est dangereuse quand il n’en vient qu’une seule ; elle cause la submersion du bâtiment ; et si elle tombe dans la partie inférieure de la carène, elle y met le feu. Mais s’il en vient deux, l’augure en est favorable ; elles annoncent une heureuse navigation : l’on prétend même que, survenant, elles mettent en fuite Hélène, c’est le nom de cette étoile funeste et menaçante. Aussi attribue-t-on cette apparition divine à Castor et à Pollux, et on les invoque comme les dieux de la mer. La tête de l’homme est quelquefois, pendant le soir, entourée de ces lueurs, et c’est un présage de grandes choses. La raison de tout cela est un mystère caché derrière la majesté de la nature[1]. »

Le feu de Saint-Elme est une manifestation de l’effet de couronne, qui se produit lorsque le champ électrique à proximité d’un conducteur est assez fort pour provoquer une décharge dans l’air ambiant et ainsi stimuler les molécules de l’air qui émettent alors une lumière caractéristique. En effet, grâce aux effets de pointes, qui entraînent une augmentation considérable du champ électrique au voisinage d’une pointe, en présence d’un champ électrique important comme celui qui accompagne un orage, l’air est ionisé sur des distances faibles devant la distance séparant les différentes saillies, et la recombinaison des électrons avec les ions s’accompagne de l’émission de lumière, qui est le feu de Saint-Elme proprement dit. Pour que le phénomène se produise, le champ électrique doit être suffisamment fort pour accélérer les électrons à une vitesse minimum avant que ceux-ci n’entrent en collision avec les autres molécules, sinon celles-ci ne peuvent être ionisées.

Ce phénomène tirerait son nom de Saint Elme ou Érasme de Formia, patron des marins, qui aurait continué à prêcher après que la foudre l’eut frappé à ses pieds ; il fut ensuite invoqué par les marins qui craignaient les orages en mer ; un feu de Saint-Elme est alors vu comme un signe de protection du saint.

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Un feu de Saint-Elme est un signe avant-coureur indiquant que l’aéronef va peut-être être frappé par la foudre. Les accidents dus à la foudre sont rares mais peuvent avoir de sérieuses conséquences. Ils se produisent à proximité ou à l’intérieur de cumulonimbus. En règle générale, un aéronef doit éviter de voler à proximité et surtout à l’intérieur de nuages d’orage.

Un phénomène similaire a été observé en 1982 lorsque le vol 9 British Airways a traversé un nuage de cendres volcaniques rejetées par l’éruption du Galunggung en Indonésie, la friction provoquant une ionisation. Les cendres volcaniques entrainèrent par ailleurs l’arrêt des quatre moteurs. Le vol put se terminer sans incident.

Ces effets peuvent avoir lieu sur les extrémités de mâts ou autres objets pointus sur les navires. Souvent accompagnés ou précurseurs d’un orage, ils sont le signe que l’air est très chargé électriquement. Un champ électrique d’au moins 100 kV/m est nécessaire pour produire cet effet de décharge et de plasma. Le feu de Saint-Elme est accompagné d’un bruit de « buzz » électrique similaire à ce que l’on peut entendre sous les lignes de transmission très haute tension.

Les voiliers de régate modernes étant équipés de câble de terre, la charge présente dans l’air est dissipée au travers du câble vers la quille du bateau et finit dans l’eau. Ceci protège les occupants du bateau contre des décharges électriques. Ce bruit reste très impressionnant à entendre en plein jour quand la lumière du plasma reste invisible à l’œil. La nuit, une lueur violette apparaît aux extrémités du mât et des barres de flèches, similaire aux couleurs que l’on peut voir dans les boules à plasma.

Le 25 octobre 1785, La Pérouse signale que les deux navires de son expédition ont été pris dans un orage violent : « Le feu Saint-Elme se posa sur la pointe du paratonnerre. Mais ce phénomène ne nous fut pas particulier, l’Astrolabe, qui n’avait pas de paratonnerre, eut également le feu Saint-Elme sur son mât. »

Dans les arts

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Le feu de Saint-Elme a été illustré par Hergé en 1960 dans Tintin au Tibet : lorsque le capitaine Haddock escalade un flanc de montagne, son piolet est soudain enveloppé par un champ électrique (curieusement de couleur verte) et Tintin lui explique le phénomène.

Dans le roman Moby Dick d’Herman Melville, au chapitre CXIX Les Bougies :

« Regardez là-haut ! cria Starbuck, le feu Saint-Elme ! les revenants ! les revenants !
Les extrémités des vergues étaient entourées d’un feu pâle; et, touchés au sommet de chaque paratonnerre à triple pointe par de blanches flammes effilées, les trois grands mâts brûlaient silencieusement dans l’air sulfureux, comme trois cierges gigantesques devant un autel. »

Dans le film Moby Dick (1956) de John Huston : vers la quatre-vingt-dixième minute, le capitaine Achab maîtrise le feu de Saint-Elme.

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Jules Verne évoque ce phénomène dans Voyage au centre de la Terre quand un orage est sur le point de se déclarer dans la grotte souterraine. Un feu de Saint-Elme se déclare sur le mât de leur radeau.

Il est également mentionné dans le roman Premier de cordée de Frison-Roche lorsqu’un orage s’abat sur une cordée se trouvant dans le massif des Drus.

Ce phénomène apparaît dans les deux romans de Michel Tournier, Vendredi ou les Limbes du Pacifique et Vendredi ou la vie sauvage, durant la tempête qui va provoquer le naufrage de Robinson sur une île déserte.

Dans le roman de Michael Ende, Jim Bouton et les Terribles 13, les feux de Saint-Elme illuminent les parois intérieures du Grand Aimant de Gouroumouch après que celui-ci a été réparé par Jim et Lucas (chapitre 7).

Le personnage interprété par Kirk Douglas dans le film El Perdido désigne des luminescences qui se produisent en plaine au sein d’un troupeau comme des « feux de Saint-Elme ».

Dans l’épisode numéro 4 de la saison 1 des Mystérieuses Cités d’or, un feu de Saint-Elme se manifeste sur le mat détruit de l’épave de l’Esperanza, qui est à la dérive. Mendoza explique que, la plupart du temps, les marins le considèrent comme un mauvais présage.

Un morceau du musicien britannique Brian Eno, se trouvant sur l’album Another Green World, se nomme St Elmo’s Fire.

Dans L’Ordre du mouvement de Pierre Oster: « Je ne m’établis pas dans la construction qu’en se superposant les poèmes dessinent; j’y découvre le feu Saint-Elme d’une phrase substantiellement libre. ».

Dans l’épisode 3 de l’anime Hunter × Hunter, un feu de Saint-Elme apparaît sur le mât du navire qui transporte les principaux héros vers le local du navigateur de l’examen des hunters.

Dans l’épisode 11 de la saison 2 de Rawhide (série télévisée) « La lumière bleue « (Incident of the Blue Fire). Le phénomène se produit sur les cornes du bétail.

Dans Le voyage, tome 3 de la saga Outlander de Diana Gabaldon, les héros sont pris dans un violent orage en mer de Jamaïque durant lequel « les espars et le gréement de la goélette étaient nimbés d’une aura bleue phosphorescente : les feux de Saint-Elme ».

Dans Le dernier tome de la bande dessinée Justin Hiriart, un feu de Saint-Elme apparaît dans un des mats du navire du personnage principal.

Notes et références

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Ce récit autobiographique que Daniel Cordier a commencé à rédiger dès 1990 et qui devait faire partie de ses Mémoires publiées en 2009 (Alias Caracalla), relate l’histoire de ses années de pension au Collège Saint-Elme, sur les bords du bassin d’Arcachon entre 1928 et 1936, après le divorce de ses parents. Travail mis de côté alors par son éditeur qui le convainc aujourd’hui malgré les réticences de l’auteur de publier. Les premières pages d’Alias Caracalla qui se faisaient l’écho douloureux de ce qu’il a nommé son « internement » à Saint-Elme en évoquant l’éclatement de sa famille et « sa nostalgie de l’amour perdu », peuvent enfin plus clairement s’expliquer.

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L’incipit des Feux de Saint-Elme fera peut-être date on ne sait jamais : « J’avais treize ans, lorsque je lus un ouvrage qui bouleversa ma vie ». Car les grands désarrois de l’élève Cordier dans l’entre deux-guerres, tiraillé entre sa libido et une quête d’idéal fondé sur la morale catholique inculquée par les Dominicains, trouvent un exutoire dans la littérature. Dans le « kaléidoscope céleste » de ses lectures où viendront se bousculer Bossuet, Pascal, Céline et Saint Augustin, la libraire d’Arcachon madame Gauthereau lui propose d’ajouter un soir de l’automne 1935, tandis que ses tourments l’assaillent, Les Nourritures terrestres : « Peut-être est-ce l’ami dont vous avez besoin ce soir ! »

Quant au phénomène atmosphérique lié à la foudre visible en haut des mâts des bateaux, si souvent décrit par les marins, auquel le titre fait allusion de manière métaphorique il illustre assez joliment ce printemps de 1936 que Daniel Cordier n’oubliera pas de sitôt. C’est en effet un champ magnétique puissant qui s’abat sur Daniel âgé de quinze ans provoquant une attirance absolue, comme seule l’adolescence en produit, pour son jeune ami David de deux ans son cadet. Coup de foudre dont le récit s’attache à rendre compte sans faux-fuyants par une écriture directe et sans fard où l’intensité du souvenir prévaut sur l’analyse.

Ce retour en arrière n’est pas pour l’auteur, encore moins pour le lecteur, un exercice d’écriture ou de lecture banale, une sorte de rétrospective sentimentale ou fondatrice. Au-delà de l’aspect narratif c’est à une épreuve de vérité intime que se soumet Daniel Cordier qui, n’ayant jamais refermé totalement la porte sur une blessure qu’il s’infligea lui-même, nous donne à entrevoir en même temps, dans le manque affectif abyssal né d’une promesse entrevue et jamais aboutie, une partie insoupçonnée de sa nature entière, passionnée et exclusive. Celle qui font les rebelles. Il se donne ici une possibilité de se délivrer de tous ses démons.

Livre très attachant au dénouement étonnant qui ne peut selon moi être détaché du reste de ce que l’on sait de la vie de Daniel Cordier qu’on n’imagine pas faire cet aveu bouleversant : « Ne jamais oublier que le regret de ma vie est celui de cette histoire que je n’ai pas vécue, alors que mes plus brûlantes et mes plus douloureuses aventures me laissent aujourd’hui sans souvenir, sinon sans traces. »

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