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Les plaisirs de la porte francis ponge

Les rois ne touchent pas aux portes.

Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, — tenir dans ses bras une porte.

… Le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement.

D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, — ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure.

Les plaisirs de la porte. Francis Ponge. Commentaires des élèves. 

Photographie d’une porte de la ville de Joigny (département de l’Yonne en Bourgogne), pendant les festivités de la Saint-Vincent (photo de l’auteur).

 

LES PLAISIRS DE LA PORTE.

 

Les rois ne touchent pas aux portes.

Ils ne connaissent pas ce bonheur: pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, – tenir dans ses bras une porte.

Le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier  s’accommode à son nouvel appartement.

D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure.      Francis PONGE « Le parti pris des choses » – 1942

 

Une première copie d’un élève de  Seconde (Devoir à la maison).

 

«Les plaisirs de la porte» est un poème en prose tiré d’un recueil intitulé «Le parti pris des choses», écrit en 1942 par un poète français du XXème siècle nommé Francis Ponge.  Dans ce recueil, l’auteur souhaite sortir certaines «choses» de leur banalité en décrivant leur beauté, en leur donnant une toute autre importance que celle du quotidien.  Dans ce cas précis, Ponge souhaite nous donner une autre perception d’un élément d’une habitation : la porte.

 

L’auteur commence son poème par l’observation que «les rois ne touchent pas aux portes », mettant bien en évidence dès le début, de la banalité de l’objet en question puisque les rois eux-mêmes ne s’abaisseraient jamais à les ouvrir ou les fermer, laissant ce travail déplaisant à des serviteurs. Comme s’il était méprisable  de toucher une porte et que cette tâche ne convenait  qu’à une personne de petite condition.

 

Mais dès le début du deuxième paragraphe, Ponge remet les pendules à l’heure et n’hésite pas à plaindre les rois de ne pas connaître le bonheur de toucher ces panneaux de fermeture. Il nous expose ensuite, dans les moindres détails,  ce bonheur : «pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place».  Ainsi décrit-il le simple fait d’ouvrir et fermer une porte.  Il donne à ce geste une élégance assez touchante et poétique.  Il ne referme pas simplement la porte, il se «retourne vers elle»: on a l’impression qu’il s’agit là d’une chose précieuse, d’un objet qui mérite notre attention, notre regard.  Francis Ponge ressent une certaine affection pour la porte puisqu’il a l’impression de la tenir dans ses bras comme on le ferait avec une personne chère.

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L’auteur insiste sur le bonheur ressenti en ouvrant une porte. Il le répète en début de paragraphe (« empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce »). Le poète a choisi d’utiliser comme figure de style la personnification qui se caractérise par des éléments physiques (le ventre pour désigner le centre de la porte). Tout comme un être  humain, la porte serait dotée d’un ventre.  Ponge utilise encore des figures d’analogie telles que la personnification, lorsqu’il prétend faire un « corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode – à son nouvel appartement».  Dans ce corps à corps, la porte est considérée comme un corps humain avec lequel il y a un instant de lutte puisque celle-ci est un obstacle au passage. Puis, l’œil « s’ouvre » : le panneau devient un organe de l’anatomie de l’homme.  Dans ce cas précis, celui-ci est assimilé à un œil. Il s’agit là encore d’une personnification.  La porte n’étant pas un être humain, elle n’en a pas ses aptitudes.  Donc, ce n’est pas elle qui s’ouvre, car cette action vient de l’homme : «Le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement».  La porte est assimilée à un corps dans sa totalité et se voit attribuer la faculté, propre à l’homme, de s’accommoder à un appartement, comme si cet objet pouvait s’adapter, se faire  à un lieu !  L’auteur a su ainsi attribuer des propriétés humaines à une chose et lui donner vie.  Francis Ponge transforme un simple élément de fermeture, la poignée, en un objet poétique: un nœud de porcelaine.  Cela rappelle-une décoration, voire un bijou.

 

Dans son dernier paragraphe, l’auteur emploie à nouveau la personnification comme figure de style: « d’une main amicale il la retient encore…. – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure ». Il est évident que la main ne peut être amicale c’est l’homme qui l’est par son geste.  Tout comme le déclic du ressort n’a pas la faculté d’assurer la personne en question que tout est bien fermé.  C’est un sentiment que ressent l’homme quand il entend le déclic.  L’auteur nous fait penser que la porte « aurait le souhait de s’éloigner » puisqu’il nous dit qu’il la retient.  Or, ce n’est que la volonté de l’homme qui tarde un peu trop pour refermer le panneau.  On a l’impression que cette personne désire rester encore quelques moments avec lui comme si elle appréciait sa compagnie!

 

Dans ce texte poétique, Francis Ponge n’avait pas pour but de décrire la porte comme tout le monde la voit, à savoir un simple objet qui permet d’entrer ou de sortir d’un lieu.  Il lui a donné vie, parfois même, il  nous a donné l’impression que cette dernière  avait une personnalité, un caractère, une volonté : il est question de corps à corps, d’un besoin de la retenir… Pour l’auteur il ne s’agit pas d’un objet fonctionnel, mais d’une chose qu’il respecte et à quoi, pour ne pas dire à qui, il rend hommage (copie de L. C).

 

Une deuxième copie d’un élève de Seconde

 

« Les plaisirs de la porte» est une poésie, écrite en prose en 1937, de Francis PONGE (1899-1988).  Ce texte a été publié dans le recueil «Le Parti pris des choses», au milieu de la Seconde Guerre mondiale, en 1942.

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 Dans «Le Parti pris des choses», Ponge décrit des « choses », des éléments du quotidien, délibérément choisis pour leur apparente banalité.

     Dans un premier temps, nous étudierons la porte qui est un objet parfaitement banal, mais aussi antique.  Dans un second temps, nous verrons que Francis Ponge ne s’attardent pas que sur cet objet.  L’auteur exprime ses sensations, ses sentiments,…

 

La porte est un objet banal.  Elle est définie comme une ouverture pratiquée dans un des plans verticaux permettant la communication entre cet espace et ce qui est extérieur à cet espace, et pouvant être obturée par un panneau mobile.  Ce dernier permet le passage d’un homme.  Ici, c’est l’auteur Francis Ponge qui occupe ce rôle.  Le terme «porte» apparaît à la fin du Xème  siècle.  L’expression est employée pour l’ouverture pratiquée dans les murs d’une ville pour y entrer et sortir.  La porte, c’est comme un sapate !  Ce dernier est un objet apparemment sans intérêt mais qui contient quelque chose de précieux à l’intérieur.  Dans le texte, la porte s’ouvre sur un «nouvel appartement».  Quelques personnes sont privilégiées et ne touchent pas aux portes.  Le poète dit que «les rois ne touchent pas aux portes».  Ces nobles possèdent des serviteurs, des domestiques qui font ce travail.  Ces derniers sont nommés valets de porte.

Examinons quelques figures de style en rapport avec l’objet banal. Les mots «roi» et «portes» forment  un chiasme.  On constate un croisement des sons /r/ et /o/.  Ponge utilise des périphrases du mot «porte» pour ne pas faire de redondances – «grands panneaux familiers», «hauts obstacles d’une pièce».  Le poète a une vision poétique de cette ouverture limitant un espace clos.  L’auteur emploie aussi des pronoms, «lui», «la», «le», pour définir cet objet assez conventionnel.  Ceci est une figure de style, la personnification.  On observe aussi qu’il y a quelques rythmes syllabiques comme deux vers octosyllabiques- «Les rois ne touchent pas aux portes» et «tenir dans ses bras une porte».  Mais aussi un vers en alexandrins:   «se retourner vers lui pour le remettre en place».

Dans              ce poème, on peut observer les fonctions de cet objet: organisation      du passage, isolation, sécurité… On observe que l’auteur décrit la hauteur de la porte – «ces grands panneaux familiers», «ces hauts obstacles ».  Ponge exprime des gestes quotidiens : «pousser devant soi», « le remettre en place », « la retient encore », «la repousser [ … ] et s’enclore». Il décrit des termes techniques de la porte, des parties de celle-ci comme la poignée de porte («nœud de porcelaine»), le ressort…

     Francis Ponge exprime envers la porte un attachement profond.  Il faut savoir que les romains faisaient de la sorte.  Ils avaient un dieu protecteur, pour cela, nommé Janus.  Ce dernier préside aux commencements et aux passages.  Il faut savoir que celui-ci est un dieu de premier rang dans la hiérarchie romaine.  Par conséquent, il a le privilège d’être invoqué avant toutes les autres divinités.

 

Le poète ne décrit pas que la porte.  Il met l’accent sur les sensations agréables ou les sentiments rassurants que l’on éprouve à se servir de cet objet si utile et si fréquemment utilisé dans la vie quotidienne.

La sensation, c’est une impression ou une perception physique de quelque chose qui vient en contact avec le corps.  De plus, c’est un effet psychophysiologique modificateur d’un être conscient.  Ce qui serait pour nous un geste quotidien est pour l’auteur une émotion forte, une vive impression faite sur les sens produisant du plaisir d’où le titre du poème en prose «les plaisirs de la porte».  Le sentiment est une composante de l’émotion qui implique les fonctions cognitives de l’organisme, la manière d’apprécier.  Le sentiment est à l’origine d’une connaissance immédiate ou d’une simple impression.  Il renvoie à la perception de l’état physiologique du moment.  Il a donc un lien direct avec la sensation. La porte est pour lui quelque chose de rassurant, si l’on en croit l’expression «tenir dans ses bras une porte».  Ceci est une personnification, un terme affectif.  L’expression «le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure» va dans le même sens.

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Il y a des sensations avec l’obstacle.  Notamment, une impression froide et sans aspérités lorsque – Ponge est au contact du «nœud de porcelaine». De plus, l’auteur exprime la surprise.  Cette dernière est une impression agréable: «l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement». L’auteur décrit trois sens, chacun correspond à un paragraphe.  Dans le premier paragraphe, on retrouve le toucher (les matériaux constituant la porte (porcelaine) et le geste).  Dans le second, il y a l’ouïe  avec le «déclic du ressort puissant».  Enfin, dans le dernier, on rencontre la vue avec les adjectifs de grandeur et les périphrases de la porte («hauts obstacles», «panneaux familiers», «l’œil s’ouvre»… ) Mais on peut supposer qu’il y ait aussi un quatrième sens: l’odorat (l’odeur de la pièce que l’on va voir, les matériaux de la porte (bois, porcelaine …). On remarque que le sens le plus utilisé par l’artiste est le toucher, la palpation, la sensation tactile avec l’objet.

En décrivant ses sentiments, Francis Ponge utilise des figures de style.  Examinons-les. «Pousser devant soi avec douceur ou rudesse» est une antithèse. «Douceur» et «rudesse» sont contradictoires.  Mais il y a aussi une allitération, des sifflantes, une onomatopée en /s/.  Ceci fait référence au grincement de la porte.  L’artiste joue avec les assonances, les rimes comme «enclore» et «s’enclore ».  Dans le deuxième paragraphe, il y a des métaphores  personnifiantes «Le bonheur d’empoigner au ventre… ». La porte n’a pas d’abdomen !  Ponge dit qu’il pratique un «corps a corps» avec l’objet symbolique.  Dans le dernier paragraphe, on retrouve un chiasme avec «main» et «amicale» (croisement des sons /m/ et /a/).   De plus, le groupe prépositionnel «d’une main amicale» est une hypallage.  L’organe situé à l’extrémité de l’avant bras n’a pas d’esprit.  Il ne peut pas être amical.   Mais, Ponge, lui, est affectueux.  Ce dernier décrit parfaitement son geste.  Il exprime ses états d’âme. L’émotion que lui procurent la manipulation de la porte et  l’accomplissement de ce geste banal.  Un geste qui devient pour l’auteur un  plaisir raffiné.  Le plaisir est défini chez l’être vivant comme une sensation plaisante et recherchée.

 

Ponge a réfléchi à l’essence même des objets qui nous rapprochent        de la nature. Par conséquent, nous ne verrons plus les     portes de la même façon.  Ces panneaux mobiles qui nous entourent journellement sont des objets précieux, rassurants pour Ponge.  L’auteur donne du «sens» à sa vie quotidienne qui est faite  d’une foule d’émotions ou d’impressions.  Il cite quatre sens: le toucher, l’ouïe, la vue et l’odorat.  Ceux-ci lui sont chers.  Ponge joue avec les mots et leur étymologie.  C’est tout simplement un artiste.                       (copie de F.V.)

 
 
 
 

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