Les Plus Beaux Poèmes du 17e siècle
Le poète baroque et dramaturge Pierre Corneille (1606-1684) et le fabuliste Jean de La Fontaine (1624-1695) sont les poètes les plus connus du 17e siècle. À cet époque deux courants de poésie s’opposent : une poésie baroque exubérante privilégiant la forme et une poésie classique plus mesurée.
Jean de La Fontaine (1624-1695) est souvent considéré comme le plus grand poète du 17e siècle. Son œuvre est un incontournable de la poésie classique de cette époque. Il a notamment écrit les fables suivantes : La cigale et la fourmi, Le lièvre et la tortue et Le corbeau et le renard.
La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine est le poème le plus célèbre du 17e siècle. Cette fable sans morale explicite est une adaptation d’une fable d’Ésope. Elle est composée de vers en heptasyllabes et est parue pour la première fois en 1668 dans le premier recueil des Fables de La Fontaine.
Voici le meilleur de la poésie du 17e siècle.
Stances à la Marquise du Parc – Pierre Corneille
Marquise, si mon visage a quelques traits un peu vieux (ou Stances à la Marquise du Parc) est un poème célèbre du recueil Stances (1684) de Pierre Corneille . Ce poème est adressé à Marquise-Thérèse de Gorla, dite Marquise du Parc, une comédienne de la troupe de Molière, courtisée par Corneille.
Marquise si mon visage
À quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes
Vous serez ce que je suis.
Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu’on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.
Pensez-y, belle Marquise.
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise,
Quand il est fait comme moi.
Stances du Cid – Pierre Corneille
Le Cid est probablement l’œuvre la plus célèbre de Pierre Corneille. Cette pièce tragi-comique en vers de 5 actes a été jouée pour la première fois à Paris en 1637. Elle relate l’amour impossible entre Chimène et Rodrigue et leur dilemme entre amour et honneur après la dispute de leurs pères.
Percé jusques au fond du cœur
D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d’une juste querelle,
Et malheureux objet d’une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène !
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse :
L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
Père, maîtresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L’un me rend malheureux, l’autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d’une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui causes ma peine,
M’es-tu donné pour venger mon honneur ?
M’es-tu donné pour perdre ma Chimène ?
Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père :
J’attire en me vengeant sa haine et sa colère ;
J’attire ses mépris en ne me vengeant pas.
À mon plus doux espoir l’un me rend infidèle,
Et l’autre indigne d’elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir ;
Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu’il faut mourir,
Mourons du moins sans offenser Chimène.
Mourir sans tirer ma raison !
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire !
Endurer que l’Espagne impute à ma mémoire
D’avoir mal soutenu l’honneur de ma maison !
Respecter un amour dont mon âme égarée
Voit la perte assurée !
N’écoutons plus ce penser suborneur,
Qui ne sert qu’à ma peine.
Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur,
Puisqu’après tout il faut perdre Chimène.
Oui, mon esprit s’était déçu.
Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse :
Que je meure au combat, ou meure de tristesse,
Je rendrai mon sang pur comme je l’ai reçu.
Je m’accuse déjà de trop de négligence :
Courons à la vengeance ;
Et tout honteux d’avoir tant balancé,
Ne soyons plus en peine,
Puisqu’aujourd’hui mon père est l’offensé,
Si l’offenseur est père de Chimène.
La Cigale et la fourmi – Jean de la Fontaine
La fable de La Fontaine la plus connue est probablement La Cigale et la Fourmi (1re fable des Fables de La Fontaine – 1668). C’est une adaptation d’une fable antique d’Ésope. Ce texte en heptasyllabes oppose le matérialisme et individualisme de la fourmi à l’âme artiste et bohème de la cigale.
La Cigale, ayant chanté tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.
Le Lièvre et la Tortue – Jean de la Fontaine
Le Lièvre et la Tortue est une fable célèbre de Jean de La Fontaine inspirée des Fables d’Ésope (Grèce Antique). Il s’agit de la dixième fable du livre VI du premier recueil des Fables de La Fontaine (1668). Son premier vers, « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point », est passé à l’histoire.
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
– Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?
Le Corbeau et le Renard – Jean de la Fontaine
Le Corbeau et le Renard est une fable célèbre de Jean de La Fontaine inspirée des Fables d’Ésope. Il s’agit de la deuxième fable du livre I du premier recueil des Fables de La Fontaine (1668). Elle met en scène un corbeau fier et orgueilleux qui perd son fromage au profit du renard rusé et flatteur.
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Les poèmes suivant sont également dignes d’intérêt.
Les imprécations de Camille – Pierre Corneille
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Les Plus Beaux Poèmes du 18e siècle
Au 18e siècle, les Lumières délaissent la poésie et privilégient l’instruction à l’émotion. C’est une période assez pauvre pour cette forme d’art qui a tout de même vu la création de très beaux textes du célèbre Voltaire (1694-1778) et de son protégé Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794).
Plaisir d’amour de Jean-Pierre Claris de Florian, membre de l’Académie française, est possiblement le plus beau poème du 18e siècle. Cette romance sur les chagrins d’amour fait partie de son recueil Les Nouvelles de M. de Florian (1784) et a été mise en musique par Jean-Paul-Égide Martini.
Voici le meilleur de la poésie du 18e siècle.
Plaisir d’amour – Jean-Pierre Claris de Florian
Bien qu’étant célèbre pour ses fables, l’œuvre la plus connue de Jean-Pierre Claris de Florian est probablement Plaisir d’amour. Ce poème romantique composé de deux couplets et deux quatrains est extrait de la nouvelle Célestine, de son recueil Les Nouvelles de M. de Florian (1784).
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
J’ai tout quitté pour l’ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t’aimerai, me répétait Sylvie ;
L’eau coule encore, elle a changé pourtant !
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
À Mme du Châtelet – Voltaire
L’un des plus beaux poèmes de Voltaire, À Mme du Châtelet, est un texte d’amour qu’il a écrit pour Émilie du Châtelet. Ils se rencontrent en 1733 et elle fût pendant quinze ans sa maitresse et sa muse. Ce poème est composé de neuf quatrains en octosyllabes avec des rimes embrassées et croisées.
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l’Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n’a pas l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments :
Qu’il en soit un pour la sagesse.
Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
Tendresse, illusion, folie,
Dons du ciel, qui me consoliez
Des amertumes de la vie !
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien.
Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis ; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle.
Hospitalité (Il pleut, il pleut, bergère) – Philippe Fabre d’Eglantine
Il pleut, il pleut, bergère (aussi appelée L’orage ou Hospitalité) est une chanson de Fabre d’Églantine tirée de l’opéra-comique Laure et Pétrarque (1780). Après la prise de la Bastille (1789) elle a gagné en popularité, la bergère devenant Marie-Antoinette, et l’orage faisant allusion à la Révolution.
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons.
J’entends sur le feuillage
L’eau qui tombe à grand bruit ;
Voici, voici l’orage,
Voici l’éclair qui luit.
Bonsoir, bonsoir, ma mère,
Ma Sœur Anne, bonsoir !
J’amène ma bergère
Près de nous pour ce soir.
Va te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons.
Sœur, fais-lui compagnie ;
Entrez, petits moutons.
Soupons : prends cette chaise,
Tu seras près de moi ;
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi :
Goûte de ce laitage ;
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l’orage ;
Il a lassé tes pas.
Eh bien, voici ta couche ;
Dors-y jusques au jour ;
Laisse-moi sur ta bouche
Prendre un baiser d’amour.
Ne rougis pas, bergère :
Ma mère et moi, demain,
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.
La jeune Tarentine – André Chénier
La jeune Tarentine est un poème célèbre d’André Chénier paru à titre posthume dans le recueil Les Bucoliques (1819). Ce poème mélancolique et lyrique en alexandrins à rimes plates est un récit sur la mort tragique de l’héroïne, un éloge funèbre sur la beauté et un symbole de la fragilité de l’existence.
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d’hyménée
Et l’or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L’enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d’un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L’élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage, et dans ce monument
L’ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.
Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : « Hélas ! » autour de son cercueil.
Hélas ! chez ton amant tu n’es point ramenée.
Tu n’as point revêtu ta robe d’hyménée.
L’or autour de tes bras n’a point serré de nœuds.
Les doux parfums n’ont point coulé sur tes cheveux.
Les poèmes suivant sont également dignes d’intérêt.
Daphnis et Chloé – Jean-Jacques Rousseau
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Le grillon – Jean-Pierre Claris de Florian
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La guenon, le singe et la noix – Jean-Pierre Claris de Florian
Lire La guenon, le singe et la noix.
La jeune captive – André Chénier
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L’hymen et ses liens – Voltaire
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Johann – Poetica Mundi
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