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Pourquoi les musulmans ne mangent pas de cochon

Dans l’Ancien Testament, le porc est impur, car il se nourrit d’immondices, voire mange ses propres excréments. En conséquence, il est interdit aux juifs par la loi de Moïse, qui rejette tous les usages de sa chair, son cuir, ses entrailles, ses sécrétions. Le Talmud, l’un des principaux textes énonçant les lois juives, évite même d’en utiliser le nom. Les chrétiens lèvent ce tabou, mais l’islam le reprend. Toutefois si la consommation de porc est explicitement interdite dans le Coran (« Dieu vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc […] », sourate 2, verset 173), tous ses usages ne sont pas proscrits.

Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer le tabou du porc mais aucune n’est réellement satisfaisante. Certains scientifiques pensent que les plus anciens rejets du porc proviennent de l’inadaptation au monde nomade de cet animal incapable de transhumer. Le climat est également rendu responsable : dans les pays chauds la chair de porc se conserverait mal et deviendrait toxique ; mais cet argument n’est pas généralisable puisque certains groupes humains de régions chaudes et désertiques le consommaient. Des explications d’ordre taxinomique ont également été développées : le cochon est impur et tabou car il appartient à une catégorie d’animaux « inclassables ». Il ne rumine pas, alors qu’il a le sabot fendu comme tous les ruminants. Cette anomalie en fait un être suspect, dangereux. Enfin le cousinage biologique entre l’être humain et le cochon est une autre explication avancée : l’anatomie, la physiologie, les maladies du cochon et de l’homme, et même leurs regards, se ressembleraient…

Dans un récit mystique, le sage Shaikh Sanaan, tombé éperdument amoureux d’une jeune femme chrétienne, est contraint de garder ses porcs. Dialogue des oiseaux de Farid al-Din Attar, Boukhara, 1553, Paris, Bibliothèque Nationale de France © BNF

Florence Bergeaud-Blackler

D’après les historiens, la domestication du porc a commencé dès la sédentarisation de l’homme au VIIe millénaire avant notre ère. Méprisé par les nomades, cet animal a en revanche été élevé et consommé par les fermiers sédentaires de la vallée du Nil. Il devient impur et tabou chez les Hébreux, les Phéniciens, les Cananéens, les Crétois, les Éthiopiens et les Indiens. En revanche les Romains, les Germains, les Gaulois, les Grecs en apprécient la chair.Dans l’Ancien Testament, le porc est impur, car il se nourrit d’immondices, voire mange ses propres excréments. En conséquence, il est interdit aux juifs par la loi de Moïse, qui rejette tous les usages de sa chair, son cuir, ses entrailles, ses sécrétions. Le Talmud, l’un des principaux textes énonçant les lois juives, évite même d’en utiliser le nom. Les chrétiens lèvent ce tabou, mais l’islam le reprend. Toutefois si la consommation de porc est explicitement interdite dans le Coran (« Dieu vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc […] », sourate 2, verset 173), tous ses usages ne sont pas proscrits.Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer le tabou du porc mais aucune n’est réellement satisfaisante. Certains scientifiques pensent que les plus anciens rejets du porc proviennent de l’inadaptation au monde nomade de cet animal incapable de transhumer. Le climat est également rendu responsable : dans les pays chauds la chair de porc se conserverait mal et deviendrait toxique ; mais cet argument n’est pas généralisable puisque certains groupes humains de régions chaudes et désertiques le consommaient. Des explications d’ordre taxinomique ont également été développées : le cochon est impur et tabou car il appartient à une catégorie d’animaux « inclassables ». Il ne rumine pas, alors qu’il a le sabot fendu comme tous les ruminants. Cette anomalie en fait un être suspect, dangereux. Enfin le cousinage biologique entre l’être humain et le cochon est une autre explication avancée : l’anatomie, la physiologie, les maladies du cochon et de l’homme, et même leurs regards, se ressembleraient…

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Le Coran interdit la consommation de certains produits, parmi lesquels la viande de porc. On vous explique pourquoi.

Depuis de nombreuses années, le porc est la viande la plus consommée au monde. D’après de récentes données de Planétoscope, on en consommerait jusqu’à 115.5 millions de tonnes par an. La moitié de sa production provient de Chine et est exportée à travers le monde entier. Cet animal très apprécié en cuisine se voit pourtant suivi par des préjugés. Tout le monde n’en mange pas. Pourquoi ? Parce que certaines religions interdisent sa consommation.

Dans l’Islam, les musulmans ne peuvent pas consommer d’alcool ni de porc. Si pour les catholiques, cette viande n’est pas interdite dans leur religion, on se rend compte que les musulmans ne sont pas les seuls à ne pas pouvoir en consommer. C’est le cas aussi des juifs. Cet aliment est donc interdit dans deux des trois plus grandes religions monothéistes du monde. Mais pourquoi la religion interdit-elle la consommation de porc ?

Une interdiction écrite dans les textes sacrés

Quand on étudie de plus près les différents livres sacrés de religion, on découvre des explications sur les différentes habitudes alimentaires, propres à chacune. Dans le Coran, les juristes musulmans ont classé les aliments en quatre catégories : “halal” (“licite” ou “permis”), “haram” (“interdit” ou “péché”), “mubah” (permis), “makruh” (“licite mais répugnant”). Quand on parcourt le texte sacré de l’Islam, on découvre deux sourates qui parlent de l‘interdiction de consommer du porc.

Sourate 2, verset 172 : “Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Dieu, si c’est Lui que vous adorez.”

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Sourate 5, verset 3 : “Sont interdits pour vous les animaux qui meurent d’eux-mêmes, le sang, la viande de porc et les animaux dédiés à d’autres qu’Allah. Celles qui ont été étranglées, frappées avec un objet, tombées d’une hauteur, encornées, attaquées par un animal sauvage (…) ; ce qui a été immolé aux autels des idoles ; tout cela vous est défendu. Interdit aussi est le partage de la viande en consultant des flèches, car ceci est une impiété.”

Dans la Torah, le livre sacré propre aux juifs, on retrouve un passage similaire : “Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur.” Comme on peut le voir dans les deux textes religieux, la question de l’insalubrité du porc est l’argument premier. Des impuretés propres à cet animal qui expliqueraient en grande partie le tabou autour de sa viande.

Le Coran stipule l’interdiction de consommer du porc – © Pexels

Le cochon, un animal non sédentaire

D’après les différentes recherches effectuées sur la question, il existe plusieurs raisons permettant de comprendre ce tabou autour du porc. La première est son inadaptation au monde nomade. En effet, le porc est un animal sédentaire qui n’est pas capable de transhumer. À l’inverse des vaches ou des moutons.

De plus, le climat des régions chaudes telles que le Maghreb et le Proche-Orient, ne permettrait pas de bien conserver la chair de cochon. D’après les explications historiques, la viande porc avait tendance à se détériorer rapidement. En se replaçant au temps de l’écrit des livres sacrés, on comprend les risques présumés à la consommation de porc.

L’image d’un animal qui serait sale

Quand on parle du cochon, on a tous en tête l’image d’un animal qui adore se rouler dans la boue. Une tendance qui n’est pas un cliché. Or, la chaleur peut amplifier les risques de bactéries qui peuvent se développer sur sa peau et à l’intérieur de son corps. Consommer un cochon malade peut entraîner le développement d’une maladie chez l’homme. C’est le cas des trichines par exemple, qui sont des vers parasites présents parfois dans les intestins des cochons. Si l’homme venait à consommer un porc ayant des trichines, il peut développer une trichinellose pouvant conduire à des complications de santé.

Il convient également de rappeler que le porc est souvent associé à un caractère sale et parfois obscène. Dans son livre “Le cochon : histoire symbolique et cuisine”, Jacques Verroust écrit : “La mauvaise réputation du porc tient d’abord à sa goinfrerie et à son caractère omnivore. […] Il passe son temps à chercher de la nourriture, dévore à peu près n’importe quoi et n’hésite guère – occasionnellement – à absorber des ordures, des excréments et des cadavres d’autres animaux.” Toujours dans la littérature, le poète mystique persan Farid al-Din Attar en parlait déjà dès 1177 lors de la publication de son livre “Le langage des oiseaux”. L’ouvrage parle de l’histoire du Shaykh de la Caaba, humilié par son amour qui lui fait garder des petits cochons. “Le Shaykh ne détourna pas la tête de l’ordre de sa belle ; car s’il l’eût détournée, il n’aurait pas trouvé ce qu’il recherchait. Ainsi donc, ce Shaykh de la Caaba, ce saint et grand personnage, se résigna à garder les pourceaux pendant une année.”

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L’image du cochon sale continue de coller à l’animal – © Pexels

La viande consommée doit être halal

Les musulmans doivent donc consommer de la viande halal. Mais en quoi cela consiste-t-il ? L’animal doit être tué dans les règles du rituel de la “dhabiha” ou la “dhakat”. Un abattage rituel consiste à demander l’autorisation de Dieu pour tuer un animal. Pour qu’une viande soit halal, il faut que l’animal ait la tête orientée vers la Mecque avant d’être sacrifié.

La personne habilitée à le tuer doit prononcer la phrase “Bismillah Allahou Akbar” (“Au nom d’Allah, Allah est le plus grand”) avant de prendre un couteau bien aiguisé et de lui trancher les veines jugulaires et les artères carotides. Il doit être vidé le plus possible de son sang. Exit donc le boudin et autres préparations à base de sang d’animal.

Une interdiction totale sauf…

Si la viande de porc est totalement prohibée dans la religion, il existe tout de même deux exceptions qui autorisent sa consommation. En effet, les musulmans sont autorisés à en manger en cas de famine ou si l’individu ne sait pas ce qu’il mange. Dans ces deux cas, la consommation de porc n’est pas considérée comme une infidélité à la religion et la personne n’est pas dans l’interdit. C’est d’ailleurs ce qu’explique le Coran dans la Sourate 2, au verset 173 : “Certes, Il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre que Dieu. Il n’y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux.”

Vous l’aurez compris, tout est une question de croyance et de symbolique qui est propre à chacun. De nos jours, l’hygiène ne peut plus être pointée du doigt car il existe de nombreux contrôles sanitaires pour éviter les risques. Pour le consommateur, il est aujourd’hui important de savoir que l’animal est élevé dans de bonnes conditions et que la préparation et la conservation de sa viande respectent également certaines conditions.

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