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Quel site parodique américain a inspiré le gorafi

Avec plus de 2,5 millions de followers sur Facebook et Twitter, Le Gorafi est le site d’information parodique français le plus connu. Mais quel site parodique américain l’a inspiré ? 

Tout comme de nombreux autres tels que State Afrique, ou Nordpresse, Le Gorafi publient des articles aux informations imaginaires et teintées d’humour. Ces derniers sont abondamment relayés par les internautes, et d’autres médias, parfois au premier degré. Ce site a notamment été inspiré par le média parodique américain The Onion, très connu au pays de l’oncle Sam.

The Onion : le média parodique qui en a inspiré bien d’autres

A l’origine, The Onion n’était pas qu’un site. C’ était un média qui publiait une édition imprimée. Cette dernière s’écoulait à plus de 690 000 exemplaires, selon son éditeur. Cependant la diffusion de l’édition a cessé depuis décembre 2013.

The Onion a vu le jour officiellement en 1988. Toutefois, le site parodique existait depuis 1996. C’est un média d’informations parodiques. Il a été créé par Christopher Johnson et Tim Keck à Chicago. Aujourd’hui, le média est la propriété de l’entreprise Onion. Inc.

Ce média parodique a connu une forte popularité grâce à ses articles qui présentaient l’actualité nationale avec une note d’humour. Mais il est aussi réputé pour publier des articles imaginaires. Dans son édition imprimée, on pouvait lire une interview d’un homme de la rue, des éditos, des reportages imaginaires. Enfin, The Onion fait quelques fois dans la répétition. En effet, à chaque fois qu’il y a une tuerie aux Etats-Unis, il publie le même article où ne changent uniquement que la date, le lieu et parfois les chiffres.

Le Gorafi : dans les sillages de The Onion

C’est en février  2012 que Le Gorafi voit le jour, inspiré par le site parodique américain The Onion. Il s’agit d’un site parodique dont le nom est une anagramme de “Le Figaro”, le quotidien français. Sébastien Liebus et Pablo Mira en sont les créateurs.

Au départ, Le Gorafi n’était qu’une page twitter qui y a fait le buzz durant la campagne présidentielle française. Profitant de sa popularité, il devient un blog en mai et un site web en septembre 2012.

Le Gorafi est reconnu comme un site de fausses informations ou d’informations parodiques. Il est réputé pour créer des bad buzz ou commenter l’actualité nationale avec humour. Les nombreux internautes qui le suivent le savent. Ceux-ci commentent ses articles ou publications avec le même régistre, des trolls ou une mauvaise utilisation de la majuscule.

Ce site français a de nombreux faits notables à son actif. Par exemple, il avait publié un article où Felix Baumgartner disait vouloir traverser l’île-de-France en RER B en solitaire. Bien évidemment, plusieurs médias sont tombés dans le piège et l’ont relayé. L’information a été plus tard démentie par le parachutiste autrichien.

Par ailleurs, Le Gorafi a inventé une citation au nom d’Emmanuel Macron en 2016 : « Quand je serre la main d’un pauvre, je me sens sale pour toute la journée. » Ce qui a causé du tort au candidat de La République en Marche.

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Dans l’à propos du site, Le Gorafi avertit que tout ce qu’il partage est parodique et faux. Mais les lecteurs ne font pas toujours attention à l’avertissement et n’hésitent pas à prendre ces articles pour vrais.

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Le Gorafi (anagramme de « Le Figaro ») est un site d’information parodique français, créé en mai 2012 durant la campagne présidentielle française sur le modèle de The Onion, journal satirique américain de fausses informations[2]. Il a aussi été comparé à Infos du Monde[3] et à L’Examineur[4]. Jusqu’en 2018, le site présentait une dimension interactive permettant aux lecteurs de réagir en commentant les articles, comme dans certains sites d’information. Les internautes eux-mêmes agissaient de façon parodique : langage SMS, utilisation inappropriée des majuscules, faux trolls ou militants politiques.

L’identité des rédacteurs était inconnue[5] jusqu’en janvier 2014, date à laquelle les deux créateurs — Pablo Mira et Sébastien Liebus — se font connaître dans les médias[1].

Le Gorafi a d’abord été un simple fil Twitter débuté en février 2012, pendant la campagne présidentielle française, avant d’être transposé sous la forme d’un blog en mai 2012, puis de subir une refonte en septembre 2012 en devenant un site web[6],[7]. Depuis, plusieurs de ses articles ont été relayés dans la presse, notamment celui portant sur un supposé nouveau défi relevé par Felix Baumgartner, qui aurait décidé d’effectuer la traversée en solitaire de l’Île-de-France en RER B[2], ou encore celui concernant la démission de l’écharpe de Christophe Barbier, article démenti ensuite de manière humoristique par l’intéressé[8].

Une institution du web

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Le site présente le journal comme datant de 1826, issu d’une scission après un conflit d’intérêts au sein de la rédaction du Figaro et nommé Gorafi du fait de la dyslexie de son fondateur Jean-René Buissière. Les contenus sont comparés à la « Page Pute » de Brain Magazine, au site humoristique Bilboquet magazine[9],[10], ou à un autre collectif satirique présent sur Twitter et Facebook, l’Humour de droite. Le Gorafi revendiquait plus de 400 000 visiteurs uniques en février 2013[7] et dépasse régulièrement les 900 000 visiteurs uniques par mois en juin 2013 d’après Les Inrocks[3].

En janvier 2014, L’Année du Gorafi 2013 est publiée aux éditions Denoël[11].

En novembre 2014, paraît L’Année du Gorafi 2. Les auteurs sont invités dans l’émission radio de critique des médias L’Instant M de France Inter, où, durant un quart d’heure, ils se dévoilent[12].

Le 31 août 2015, vers 9 heures, Le Gorafi a créé un « faux bad buzz » en affichant une redirection temporaire avec un message « Le Gorafi, c’est fini, merci de votre fidélité[13]. » Il s’agissait d’un « coup de pub pour sa nouvelle plateforme »[14],[15].

Jusqu’en 2018, le site du Gorafi permettait aux lecteurs de commenter les articles dans une section nommée « avis éclairés ». Les contributions étaient essentiellement humoristiques (jeux de mots, reprise ou continuation de l’article) de façon parfois involontaire lorsque des utilisateurs commentaient sans connaître le caractère satirique du site. Toutefois, ce service n’est plus proposé par le site du Gorafi.

En 2021, face à l’accumulation de scandales et d’erreurs de communication du gouvernement Macron selon le sociologue Frédéric Lordon, ce dernier publie un essai titré Critique de la raison gorafique, dans lequel il déplore que la réalité politique française dépasse petit à petit la satire que tente d’en faire le site[16]. La même semaine, le site Arrêt sur images titre « Le blues du Gorafi », affirmant que « Le Gorafi est dépassé par la réalité », et que l’actualité politique est définitivement devenue « gorafique »[17].

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Le Gorafi devient une vraie société commerciale en 2013 et dispose d’une équipe d’une dizaine de rédacteurs. En 2017, Sébastien Liébus et Pablo Mira sont respectivement actionnaires du Gorafi à hauteur de 51 et 49 % de parts[18]. Pablo Mira rapporte en 2019 avoir cessé de contribuer à la rédaction du Gorafi « faute de temps » après avoir rédigé plus de 600 articles pour le site, mais il affirme avoir gardé « la casquette de directeur général »[19].

En novembre 2021, le site est racheté par DC Company, une société d’investisseurs spécialisés dans le numérique, afin de pérenniser le média satirique en développant notamment de nouveaux formats vidéo[20]. Ce rachat suscite quelques réactions, certains estimant que ce rachat nuit à l’indépendance éditoriale du site. Vincent Flibustier de Nordpresse estime par exemple que « Le Gorafi a été revendu à des pigeons qui pensent pouvoir faire des fortunes avec des articles sponsorisés sur lesquels personne ne cliquera ». De leur côté, les fondateurs du Gorafi répondent que le rachat ne nuira pas à leur ligne éditoriale[21].

Les articles du Gorafi sont publiés principalement sur son site, et répartis entre différentes rubriques (politique, société, sciences, éco, etc.) comme pour certains sites d’informations authentiques. On peut également lire des faux horoscopes et visionner de courtes vidéos. Le journal possède également des comptes Facebook, Instagram, Twitter et Youtube. Ce dernier n’est plus en activité mais a publié entre septembre 2016 et août 2017 40 vidéos qui totalisent 292 000 vues (en novembre 2019)[22]. Tous les ans depuis 2014, une sélection d’articles est publié en livres L’Année du Gorafi, mais l’édition 2017 ne comporte que des articles inédits.

Les revenus de l’entreprise sont assurés par la vente des livres, la présence de nombreuses publicités sur le site ainsi que par des articles publicitaires sponsorisés[source insuffisante].

Passage dans Le Grand Journal

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Du printemps 2014 à juin 2015[23], Le Gorafi anime une chronique du Grand Journal, de deux à trois fois par semaine, le plus souvent le lundi (« le lundi, c’est Gorafi », dixit Antoine de Caunes), le mercredi et le vendredi. Les émissions se basent sur une ou deux chroniques développées autour d’une thématique chacune. La première thématique fait l’objet d’un traitement d’une actualité détournée ou décalée présentée sur un ton satirique par l’un des deux cofondateurs du Gorafi : Pablo Mira, d’une durée allant de deux à quatre minutes. Ce dernier rebondit parfois sur un deuxième sujet qui, celui-ci, est augmenté d’une enquête sous forme de reportage avec des images vidéo, illustrée par des micro-trottoirs ou des avis d’experts.

Le , Le Gorafi anime une émission parodique rétrospective de l’actualité de l’année écoulée. Présenté par Pablo Mira, le programme est une caricature de journal télévisé de chaîne d’information en continu, alternant faux reportages et lancements en plateau[24].

Relais d’articles par des personnalités et dans la presse

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Plusieurs articles du Gorafi ont été pris au sérieux par des lecteurs crédules, et certains ont même eu un écho dans la presse traditionnelle[7],[10].

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Outre l’article très relayé sur Baumgartner, un autre article s’est retrouvé au centre des attentions, celui sur un homme qui aurait été placé en garde à vue à la suite d’une attitude trop polie dans le métro parisien, L’Indépendant relaie ainsi que « quelques sites nationaux parmi les plus réputés ont ainsi été pris dans le piège tendu par Le Gorafi », soulignant que peu de monde semble lire les avertissements du site et indiquant que les articles sont repris comme de véritables informations[5].

En mars 2013, un faux reportage du Gorafi sur une boulangère toulousaine qui aurait fusillé un client lui demandant un pain au chocolat[25] crée une polémique parmi des lecteurs ayant cru la nouvelle véridique, et suscite alors des commentaires dans la presse régionale sur la montée de la délinquance à Toulouse et des condamnations des supposés agissements de la boulangère[26],[27].

Malgré ces reprises, les rédacteurs du Gorafi interrogés par Télérama ont expliqué « ne pas se sentir responsables de la crédulité des gens »[7]. Le caractère humoristique des articles est indiqué dans la page « À propos » du site[5].

En septembre 2013, l’agence de presse italienne de la ANSA, reprend un faux sondage du Gorafi qui stipule que « 89 % des hommes [français] pensent que le clitoris est un modèle de Toyota »[28]. Cette fausse information est relayée par plusieurs journaux italiens comme le Corriere della Sera[29] ou L’Unione Sarda[30].

Le 3 février 2014, Christine Boutin a cité — très sérieusement — à la télévision un tweet publié ce même jour par le Gorafi. Interrogée sur le report de la loi sur la Famille, la présidente d’honneur du Parti chrétien-démocrate a justifié ses propos par un « petit papier » expliquant que le gouvernement parle de « Stratégie provisoire d’avancement à potentialité différée », un élément de langage inventé par le site parodique. Le « président du Directoire du Gorafi News Network » s’en est d’ailleurs amusé en lui offrant un exemplaire de L’Année du Gorafi 2013[31].

Le 14 février 2017, le quotidien généraliste algérien El Hayat reprend en une un article du Gorafi titrant : « Le Pen : Je vais construire un mur entre nous et l’Algérie et cette dernière va le financer »[32].

Traitement des attentats terroristes en France

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Au lendemain des attentats de janvier 2015, plusieurs chroniqueurs du Gorafi utilisent leur temps d’antenne dans Le Grand Journal pour partager un hommage avec leur public. Mais s’appuyant sur une analyse de l’activité du Gorafi et du Petit journal, la rédaction Big Browser du journal Le Monde souligne la présence d’un humour disséminé « par bribes », et dont le « cynisme n’est pas absent », dans les jours qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 en France[33],[34].

  • Mira

    et Sébastien

    Liebus

    (préf. Jean-François Buissière), L’Année du Gorafi 2013, vol. 1, Paris, coll. « Impacts », 16 janvier 2014, 240 p., 11,5 × 19 cm (ISBN 

    978-2-207-11716-3

    , OCLC  , BNF  , présentation en ligne)

    Pabloet SébastienJean-François Buissière),1, Paris, éditions Denoël « Impacts »,, 240, 11,5 × 19

  • L’Année du Gorafi N° 2, 2014.
  • L’Année du Gorafi, N°3, 2015, Denoël.
  • Le Gorafi de l’année 2017
  • Encyclopédie du Gorafi, 2017
  • Le Meilleur du Gorafi, N°1 à 4 (2015-2018)
  • Almanach 2019 du Gorafi

Notes et références

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