L’histoire est racontée comme si le lecteur lisait un journal intime ou une autobiographie. Le narrateur s’exprime à la première personne. Il a peur car il sent la présence d’un être invisible, qu’il appelle le Horla.
Petit à petit, il sombre dans la folie. Il est persuadé que le Horla le suit partout. Il le décrit, précisant qu’il s’agit d’un être transparent. Il imagine que le Horla lui veut du mal. Il a de plus en plus peur de lui.
Il se met à penser que seule la mort peut le délivrer. Il est persuadé que le Horla boit sa vie chaque nuit. Il commence à faire des choses insensées. Il brûle sa maison avec ses domestiques à l’intérieur. La seule solution reste donc le suicide.
Présentation de l’oeuvre
Le Horla, écrit par Guy de Maupassant, est une nouvelle fantastique, parue en 1886 dans une première version, puis en 1887 dans une seconde.
Le récit tire son origine d’une autre nouvelle de Maupassant, intitulée Lettre d’un fou, que l’auteur a signé du nom de Maufrigneuse, en 1886 et parue dans le quotidien Gil Blas. Il en reprend les principales péripéties pour les deux versions du Horla.
Les trois versions sont formellement différentes :
- Lettre d’un fou est une forme épistolaire
- Le Horla de 1886 est un récit-cadre (c’est-à-dire un récit où sont imbriqués plusieurs autres récits)
- Le Horla de 1887 est rédigé sous la forme d’un journal intime inachevé
Ce sera cette dernière version qui nous intéressera en cours de français.
La rédaction de l’oeuvre est concomitante des premiers signes de la folie de Maupassant, souffrant d’hallucinations et de dédoublements de la personnalité, provoqués par le syphilis.
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8 mai
On découvre que le narrateur réside dans la maison où il a grandi, située entre Rouen et Le Havre. Il se prélasse toute la matinée sur l’herbe, et il regarde les bateaux qui passent sur la Seine, dont un trois-mâts brésilien.
12 mai
La narrateur est sujet à de la fièvre.
16 mai
Ressentant de plus en plus la fièvre, le narrateur commence à s’inquiéter: il éprouve une étrange sensation de danger.
18 mai
Le médecin qu’il va consulter le trouve nerveux mais ne trouve rien d’inquiétant en lui; il lui conseille alors de boire du bromure de potassium. (cours de français).
25 mai
Le traitement prescrit ne l’aide en rien. Tous les jours, quand vient le soir, l’angoisse le prend, et la nuit, il lui semble être étranglé dans son sommeil.
2 juin
L’état du narrateur empire. Il décide alors, pour se revitaliser, d’aller se promener en forêt. Durant la promenade, il souffre d’un vertige et finit par se perdre. Finalement, il retrouve son chemin.
3 juin
Sa dernière nuit ayant été particulièrement éprouvante, il décide de partir en voyage.
2 juillet
Revenu de son voyage, le narrateur sent qu’il est guéri. Il détaille son excursion au Mont-Saint-Michel et restitue une discussion eue avec un moine au sujet du surnaturel.
3 juillet
Le narrateur a de nouveau mal dormi. Il apprend que son cocher a les mêmes problèmes, tandis que les autres domestiques n’ont rien.
4 juillet
La maladie réapparaît, avec les mêmes symptômes.
5 juillet
A la suite d’un nouveau cauchemar, il découvre que la carafe d’eau qu’il pose près de son lit est entièrement vide. Puisqu’il dort avec la porte fermée à clef, il s’imagine être somnambule.
6 juillet
Au petit matin, la carafe est de nouveau vide.
10 juillet
Pendant plusieurs nuits de suite, la narrateur dépose près de son lit du vin, du lait, du pain et des fraises, pour découvrir que l’eau et un peu de lait ont disparu. Il pense alors en être la cause. Un nouveau soir, il entoure la nourriture de mousseline blanche tout en se recouvrant de mine de plomb; mais le lendemain, les aliments ont à nouveau disparu, sans qu’il n’y ait aucune trace de mine de plomb. Apeuré, il décide de s’enfuir à Paris (cours de français en ligne).
12 juillet
A Paris, la narrateur se sent mieux et pense avec ironie à ses maux passés. Il recouvre son humeur joyeuse, sort au théâtre.
14 juillet
Pour la fête nationale, il se promène seul et juge la foule avec mépris.
16 juillet
Il est invité par sa cousine, Mme Sablé, à manger. Lors du dîner, le Docteur Parent, un autre convive, parle d’expériences d’hypnose et du pouvoir de la suggestion dans le cadre des soins qu’il prodigue pour les maladies nerveuses. Le narrateur en est fasciné et restitue toute la séance d’hypnose dont Mme Sablé a fait l’objet.
19 juillet
Le narrateur n’est cru par personne quand il tente de raconter l’hypnose de Mme Sablé.
21 juillet
Il assiste au bal des canotiers.
30 juillet
La veille, il est retourné dans sa maison.
2 août
La tranquillité règne.
4 août
Les domestiques s’accusent mutuellement des verres cassés pendant la nuit.
6 août
Le narrateur est terrifié: il est certain d’avoir vu une rose être cueillie par une main invisible. Ce n’est en effet pas une hallucination, puisque la tige est belle et bien brisée; il en déduit, non moins effrayé, qu’un être invisible a investi son foyer.
7 août
La carafe d’eau est à nouveau vidée. Le narrateur s’interroge: est-il fou ou bien malade du cerveau ? Ces hallucinations sont-elles pathologiques ?
8 août
Le narrateur a la désagréable impression d’être observé.
9-11 août
Bien que rien ne se soit passé de particulier, le narrateur a peur et réfléchit à nouveau de quitter sa maison.
12 août (22 heures)
Il se demande pourquoi il n’est pas parti.
13 août
Le narrateur est impuissant, il manque de volonté et de force.
14-15 août
Il déclare être possédé par quelqu’un d’invisible, qui le bloque dans ses mouvements.
16 août
Il réussit à s’enfuir, pour deux heures, et va à la bibliothèque. Il y prend un livre sur « les habitants inconnus du monde antique et moderne ». Alors qu’il voulait demander au voiturier de l’emmener à la gare, il comprend qu’il a crié: « A la maison ! »; c’est le retour, pense-t-il, de cet ésprit invisible qui le possède.
17 août
Il lit avec plaisir le livre de la bibliothèque. Sans tomber sur une description qui pourrait correspondre à son propre démon, il mène néanmoins une réflexion sur l’invisible pour l’humain, et les extraterrestres. S’étant endormi, il est brusquement réveillé par les pages qui tournent toutes seules, sans courant d’air. Il essaie alors de frapper son persécuteur invisible, mais ne touche personne, et voit, comme si celui-ci s’enfuyait, les meubles tomber.
18 août
Il décide de se laisser faire dans un premier temps, pour mieux se révolter ensuite.
19 août
Il découvre, à la lecture d’une revue, qu’à Rio se répand une épidémie. Il pense alors au bateau brésilien qu’il avait salué le 8 mai et croit que l’être invisible provient de ce moment. Le narrateur semble alors être pris par un délire mystique et se convainc qu’il existe une race invisible destinée à remplacer les hommes. Enfin, il donne un nom à son oppresseur: le Horla.
19 août
Le narrateur décide de tuer son Horla. Il explique alors comment il se tient aux aguets pour saisir l’un de ses mouvements. Mais son ennemi lui échappe. Et, terrifié, il découvre que son reflet n’apparaît plus dans le miroir, mais, après quelques instants, il revient.
20 août
Le narrateur s’interroge sur la meilleure manière de tuer le Horla, en rejettant l’empoisonnement.
21 août.
Il fait poser, par un serrurier, des persiennes en fer, à sa porte et sur ses fenêtres.
10 septembre
Le narrateur relate les faits de la veille alors qu’il se trouve à Rouen, à l’hôtel Continental: sa chambre était ouverte tandis qu’il attendait le Horla. Il a finalement senti sa présence et a fermé toutes les issues (les fenêtres, la porte). L’ennemi emprisonné, il a versé de l’huile dans la maison entière et y a mis le feu. En contemplait le brasier dans son jardin, une pensée le prend: si le Horla avait un corps intangible, peut-être est-il aussi indestructible. Ses derniers mots sont remplis de désespoir :
«Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas mort… Alors…
alors… il va donc falloir que je me tue, moi!…»
Le narrateur face au Horla : étude des personnages
Le narrateur : personnage double
Le Horla est un récit à la première personne dont le narrateur n’est jamais nommé; cela doit aider le processus d’identification du lecteur.
Toute l’action se concentre autour de lui, alors même que l’on apprend, certes tardivement, qu’il vit en compagnie de ses domestiques. De manière générale, il n’interragit que très rarement avec d’autres personnages; sa solitude se manifeste le plus le jour du 14 juillet où il demeure seul au milieu de la foule.
Plus le récit avance, plus le narrateur semble sombrer dans la folie, avec un état maladif, fragile. Sa situation le porte vers une réflexion de l’intime, sur le statut de son intellect et celui de l’homme. Différentes étapes se font jour:
- les sens incomplets (12 mai, 14 juillet)
- la fragilité de l’équilibre mental (25 mai)
- la puissance du subconscient (5 juillet)
- la dangerosité de la solitude pour l’esprit (12 juillet)
- l’humeur influencée par l’environnement (21 juillet)
Les péripéties qu’il subit l’amènent à envisager toute chose sous l’aspect de l’étrange. Par exemple, quand il visite le Mont-Saint Michel, la description est marquée par l’inquiétude, le dérangeant (sans compter la discussion qu’il tient avec le moine):
« les escaliers tordus […] qui lancent dans le ciel bleu des jours, dans le ciel noir des nuits, leurs têtes bizarres hérissées de chimères, de diables, de bêtes fantastiques, de fleurs monstrueuses »
Sa supposée folie l’engage dans un dialogue avec lui-même, ce qui contribue en soi au dédoublement de personalité. Il prend sa démence pour objet d’étude et, au fur et à mesure, il s’enferme dans sa solitude, devient déconnecté du monde, ne perçoit même plus les autres (on peut d’ailleurs se demander ce que deviennent les domestiques lorsque sa maison brûle).
Formellement, le délire est marqué par les répétitions et les points de suspension.
Finalement, le narrateur accepte son « aliénation », dans les deux sens :
- il lui semble être l’esclave d’un autre
- il lui semble devenir fou
«Je ne peux plus vouloir; mais quelqu’un veut pour moi, et j’obéis […]. Je suis perdu. Quelqu’un possède mon âme et la gouverne.»
13 et 14 août
Le Horla : personnage fantastique
Tant qu’il est au centre des inquiétudes du narrateur, ce personnage est omniprésent ; pourtant, il n’apparaît pas une fois dans le récit. Ce ne sont que les retranscriptions du narrateur qui lui donnent sa réalité; le lecteur, lui, est dans un doute permanent : c’est, par définition, le sens du fantastique.
De la même manière, le nom qu’il lui donne joue de cette ambiguïté. Le Horla ne se rapporte à rien de connu: ainsi, il reste insaisissable.
Phonétiquement, c’est un nom qui éclate, qui surgit, comme le fait sa présence pour le narrateur. De plus, c’est la juxtaposition de « hors » et de « là », qui témoigne d’une sorte de présence-absence, et qui ajoute encore au caractère nébuleux du personnage.
Pistes d’analyse
Le genre fantastique
Le fantastique se définit comme l’avénement d’un phénomène étrange, inexplicable, dans le domaine de la réalité ; le lecteur, démunit, doit trouver seul les explications, mais balance entre deux voies :
- une hypothèse rationnelle : l’enjeu est de rétablir le réalisme du récit, et alors, le narrateur est réellement fou, ou se trompe, etc.
- une hypothèse surnaturelle : ici, on accepte l’irruption de l’irréel, avec un trouble dans l’ordre naturel du monde
Cette impossibilité de la résolution, ce tiraillement, caractérise le genre fantastique.
Le Horla représente parfaitement les enjeux du genre : il est certain que le narrateur est fou; mais cette folie vient-elle d’un objet naturel ou bien surnaturel ? Autrement dit, le Horla existe-t-il réellement (ou surnaturellement)?
L’abscence d’un regard extérieur – puisque nous ne connaissons l’histoire que par ce que le narrateur nous en dit – rend impossible l’élaboration d’une réponse à ces questions. Les hypothèses restent invérifiables.
La folie
Maupassant est touché par la folie dans sa sphère privée, puisque son frère Hervé a été interné en 1889. De même, sa mère souffrait d’un équilibre mental fragile. Cela a peut-être influencé ses peurs et l’interprétation de sa personne.
De fait, il a beaucoup traité ce thème dans son oeuvre. Entre août 1882 et septembre 1885, cinq nouvelles contiennent dans leur titre le mot « fou »: Fou ?, La Folle, Un fou ?, Lettre d’un fou et Un fou.
La maison
La maison se veut être, par excellence, le lieu organisé pour notre vie, où rien n’est laissé au hasard. Elle protège, en outre, des dangers de l’extérieur; c’est un abri où l’Homme laisse libre cours à son intimité, ses idées, dans le calme et la quiétude. La maison est le siège de la raison.
Néanmoins, dans Le Horla, le narrateur a le sentiment d’être indésirable dans sa maison. C’est à cet endroit que les symptômes apparaissent et, de manière troublante, disparaîssent lorsqu’il en est loin.
Le narrateur est donc condamné à errer, sans domicile, sans lieu de repos. Ses pensées, en conséquence, sont elles-mêmes épuisées, puisque sans jamais d’espace pour se tranquiliser.
La morale
Le Horla peut être, finalement, vu comme une créature surnaturelle qui perturbe la raison humaine. Pour autant, il peut également être perçu comme le double du narrateur, la face qu’il veut se cacher à lui même, son instinct dépressif et meurtrier (on repensera aux domestiques enfermés dans la maison), son envie suicidaire.
Dans les deux cas, la raison est mise à l’épreuve, dans une époque où l’explication scientifique prime sur tout.
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