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Terre du vassal 4 lettres

Dans le système féodal, l’hommage est l’établissement ou le renouvellement d’une convention de vassalité qui interdisait toute rivalité entre deux hommes libres. La cérémonie devait en général avoir lieu au manoir seigneurial du futur suzerain en présence de plusieurs témoins. Elle rappelait publiquement l’existence d’une relation de féodalité entre deux familles, voire deux lignages, représentés par leurs chefs – qui pouvaient être une femme. Bien que typiquement hiérarchique, le contrat de vassalité entre les deux groupes les place dans un rapport de complémentarité dont les conditions ne sont pas déséquilibrées.

Le plus simple vassal est le chevalier, dont la fonction est de servir la justice et la paix. En rendant hommage au suzerain, le vassal s’interdit tout acte d’hostilité contre lui, et promet de lui apporter aide et conseil. En contrepartie, le seigneur lui assure la possession paisible de bénéfices, généralement une terre, qui est alors appelée un fief, dont le revenu lui permet de vivre noblement et de s’équiper pour la guerre. En cas d’infidélité du vassal, après trois proclamations l’invitant à venir faire amende honorable au manoir où il avait juré sa foi, le suzerain peut reprendre par la force et confisquer le fief qu’il avait donné.

Le cérémonial de l’hommage est très précis ; il se place dans la tradition des actes d’allégeance entre chefs qui existent chez tous les peuples de l’Antiquité, y compris en Gaule. Les fondements religieux sont renouvelés avec les Évangiles : c’est d’abord la bonne foi, ensuite l’idée d’une justice qui met la force au service du pauvre et de l’orphelin, qui inspirent l’engagement.

Dans son expression courante, l’une des personnes, désignée comme supérieure (sous des appellations diverses : « seigneur », « suzerain »), tient sous sa dépendance et sa protection une autre, considérée comme inférieure (sous des appellations diverses, la plus commune étant celle de « vassal »). Selon cette conception, le « Seigneur » dispose de prérogatives importantes sur les droits et sur les biens concédés à son « vassal », y compris le droit de confiscation de ses biens (commise). L’un est, en quelque sorte, le « sujet » de l’autre.

L’hommage est l’aspect formel ou rituel par lequel se concrétise une convention entre deux personnes libres. Ce contrat établit une hiérarchie et un lien de subordination entre les deux cocontractants car le vassal doit se battre pour son seigneur.

L’hommage est expliqué clairement par Fulbert de Chartres, dans la Lettre à Guillaume V d’Aquitaine (1020) :

« Celui qui jure fidélité à son seigneur doit avoir toujours les six mots suivants présents à la mémoire. Sain et sauf afin qu’il ne cause pas de dommage à la force de son seigneur. Sûr afin qu’il ne nuise pas à son seigneur en livrant son secret ou ses châteaux forts […]. Honnête afin qu’il ne porte pas atteinte aux droits de justice de son seigneur. Utile afin qu’il ne fasse pas de tort aux possessions de son seigneur. Facile et possible afin qu’il ne rende pas difficile à son seigneur le bien que celui-ci pourrait facilement faire et afin qu’il ne rende pas impossible ce qui eût été possible à son seigneur. C’est justice que le vassal s’abstienne de nuire ainsi à son seigneur[3]. »

Cette convention est à mi-chemin entre plusieurs catégories contemporaines de contrats synallagmatiques : d’une part un contrat de travail, d’autre part un contrat de bail, de concession ou de fermage d’immeuble, ou encore un contrat de mariage voire un contrat de société entre les familles. Comme dans un contrat de travail, les termes de l’échange sont nombreux, mais ce sont principalement d’un côté la protection du bailleur qui assure au preneur une jouissance paisible du bien qu’il délivre, de l’autre le paiement par le récipiendaire du bien d’une redevance en argent ou d’une prestation en nature pour le bien qui lui est confié.

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Les grands théoriciens de cette forme de « liens » entre les deux cocontractants sont nombreux : Fulbert, évêque de Chartres, Philippe de Beaumanoir…

Caractéristiques de la cérémonie

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Liber feudorum Ceritaniæ représentant un hommage (vers 1200-1209).

Miniature dureprésentant un hommage (vers 1200-1209).

L’hommage fait d’un homme un vassal, l’homme de son seigneur, et un seigneur pour les habitants du domaine qui lui est concédé ou renouvelé.

L’hommage est une cérémonie publique qui se déroule en général au château du seigneur, devant témoins. Il n’y a donc pas besoin de contrat écrit.

La cérémonie se déroule en plusieurs étapes :

  • tout d’abord le vassal jure fidélité à son seigneur (le seigneur prend les mains du vassal dans les siennes : c’est l’immixtio manuum) ;
  • puis ils se font le baiser de paix : c’est l’osculum (symbole d’égalité entre guerriers et chrétiens) avant de se jurer loyauté mutuelle sur la Bible ;
  • enfin le seigneur donne un objet qui représente le fief (terre, bâton ou morceau de bois (festuca) gants, anneau en or ou autres).

Galbert de Bruges, au XIIe siècle, rapporte le déroulement d’une cérémonie d’hommage :

« Le comte demanda au futur vassal s’il voulait devenir son homme sans réserve. Celui-ci répondit : « Je le veux ». Ses mains étant jointes dans celles du comte, ils s’allièrent par un baiser. Puis le vassal dit : « Je promets en ma foi d’être fidèle à partir de cet instant au comte Guillaume et de lui garder contre tous et entièrement mon hommage, de bonne foi et sans tromperie. » Il jura cela sur la relique des saints. Ensuite, le comte lui donna l’investiture. »

Les trois temps forts

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XIV

e/

XV

e siècle.

Enluminure : baiser de la cérémonie de l’hommage entre le roi de France et le roi d’Angleterre,siècle.

L’hommage proprement dit : à genoux en face de son seigneur, tête nue, le vassal tend ses mains jointes vers son supérieur. Le seigneur ferme ses mains autour de celles de son vassal. Le vassal proclame sa volonté de servir son seigneur. Il devient son « homme », il fait don de sa personne. L’aveu est un document écrit remis par le vassal à son seigneur (XIIIe siècle). Le geste peut être aussi suivi d’un baiser de paix, sur la bouche.

La foi ou fidélité est un serment prêté sur les reliques ou sur un objet saint pour rendre le pacte sacré.

L’investiture du fief est le dernier moment de la cérémonie : il consiste pour le seigneur à remettre à son vassal un objet symbolisant le fief (motte de terre, anneau, verges, étendard) ; si le contrat est rompu par le vassal, le seigneur peut reprendre son fief.

Cependant l’hommage dit « simple » n’est pas exclusif. Pour remédier à ce problème l’hommage lige fut inventé.

L’hommage n’est pas héréditaire : lien personnel entre deux hommes, il s’éteint et doit être renouvelé à la mort du vassal ou du suzerain, avec son (ou ses, ou un de ses) héritier(s).

Notes et références

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Héritière du compagnonnage d’arme du haut Moyen Âge, la vassalité est la situation de dépendance d’un homme libre (vassal, du celtique uasso-[1],[2], jeune homme, écuyer, par le latin médiéval[3] vassus puis vassalus) envers son seigneur par la cérémonie de l’hommage. Le système féodo-vassalique s’est développé en raison de l’affaiblissement de l’autorité publique après l’effondrement de l’empire carolingien (Xe – XIe siècle) : l’empereur, les rois et bientôt les princes territoriaux étaient incapables de faire régner l’ordre et d’imposer leur pouvoir aux seigneurs locaux. Un réseau de relations d’homme à homme s’impose donc, donnant des droits et des devoirs pour chacun d’entre eux, une pyramide sociale allant théoriquement du roi au grand seigneur (grand feudataire), seigneur, vassal et arrière-vassal (Vavasseur) mais dont l’effectivité dépend de l’autorité du supérieur.

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XIV

e siècle

Hommage à Arthur, enluminure dusiècle

Des obligations réciproques

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Même si la vassalité allie deux hommes libres, il est cependant évident que ces hommes ne sont pas égaux. Sur le plan juridique, les deux hommes sont de nature militaire et de ce fait sont égaux, ils sont de même nature. Par la cérémonie de l’hommage féodo-vassalique, le seigneur devient supérieur à son vassal. Le seigneur, contrairement au vassal, dispose du droit de ban, c’est-à-dire le droit de punir, de contraindre et de juger. Le vassal se met sous la protection d’un plus puissant. Néanmoins cette puissance doit beaucoup au nombre, à la loyauté et la puissance relative de ses vassaux, d’où la réciprocité. On parle donc de contrat synallagmatique car il engage les deux parties à l’acte qui ont des obligations l’une envers l’autre.

Les devoirs du vassal envers son suzerain

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Le contrat peut se résumer à l’auxilium, c’est-à-dire l’aide, et au consilium, le conseil (et non « concilium »).

Les devoirs du vassal envers son seigneur sont d’abord des interdictions : le vassal ne doit pas nuire à son seigneur, à sa famille et à ses biens. Obligations somme toute assez vagues.

Le vassal doit l’aide militaire à son seigneur : lorsque celui-ci est attaqué, le vassal doit venir avec ses armes pour le défendre. Le vassal est aussi chargé de la garde du château (estage) et de l’escorte de son seigneur. Quand le seigneur attaque un autre, le service militaire (ost ou host) est limité à 40 jours. Mais le vassal reste évidemment aux côtés de son seigneur si le conflit dépasse cette durée. Il sera dédommagé en argent au-delà de 40 jours de combat.

Le vassal doit aussi assurer une aide financière : l’aide aux 4 cas (en France et Angleterre) ; le vassal doit donner de l’argent ou des cadeaux à son seigneur lorsqu’il marie sa fille aînée, lorsqu’il adoube son fils aîné, lorsqu’il part à la croisade et lorsqu’il est fait prisonnier et qu’il doit une rançon.

Enfin, le vassal est astreint à fournir des conseils à la demande de son seigneur : il doit participer aux assemblées féodales, aux cours de justice du seigneur ainsi qu’aux fêtes liturgiques. L’ensemble des vassaux d’un seigneur est ainsi soudé par ces temps forts.

Les devoirs du suzerain envers son vassal

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Les dépenses du vassal sont donc considérables : il doit acheter et entretenir un cheval et des armes ; il doit pouvoir se nourrir et assurer un certain genre de vie. C’est pour répondre à ces exigences que le suzerain peut donner un fief à son vassal. Ce fief est en général une terre qui rapporte des revenus au vassal (redevances). Le fief est pris sur les terres ou les revenus du suzerain.

Le suzerain doit également protéger son vassal contre ses ennemis.

Rupture de la relation

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Est félon le vassal qui rompt le contrat de vassalité. Le seigneur peut alors proclamer la saisie de son fief, une mise sous séquestre qui donne au suzerain le droit d’en percevoir les fruits. Cette mesure est rarement mise en œuvre jusqu’en 1202, lorsque Philippe Auguste proclame la saisie féodale à l’encontre de Jean Sans Terre[4], saisie qu’il appliquera pour montrer l’exemple.

Inversement, si le seigneur manque à ses engagements, il peut aller se plaindre au seigneur du seigneur, pour lui demander la protection et c’est lui qui décidera du sort du seigneur (il peut donner le fief au vassal définitivement sans que le seigneur ne puisse en bénéficier).

Le problème du fief

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Propriété éminente et propriété utile, le concept de propriété au Moyen Âge

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Plus exactement il s’agit de la conception féodale de la propriété immobilière. Ainsi, on parle de propriété éminente pour le seigneur suzerain qui est directement le propriétaire des terres concédées au vassal (qu’il soit seigneur ou roturier). Et on parle de propriété utile pour le vassal, c’est-à-dire le droit d’exploiter le fief pour son propre compte. Si un seigneur possède directement des terres et qu’il les exploite pour son propre compte ou par un tenancier (ou vassal) celui-ci n’est pas lui-même vassal d’un autre. En général, le suzerain (ou seigneur concédant) n’aliénait qu’une partie de son domaine et exerçait la propriété utile d’une autre partie du domaine. Ainsi, les rois francs exerçaient la propriété utile sur les terres parisiennes, mais n’exerçaient qu’une propriété éminente pour les autres domaines. Cette conception est proche du démembrement de la propriété plus moderne qu’est l’usufruit. L’usufruitier pourrait être ainsi assimilé au tenancier, et le nu-propriétaire au concédant.

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Nature du fief

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Le principe de donner un bien foncier en échange de services, notamment militaires, remonte à l’Antiquité tardive. À l’époque carolingienne, cette terre s’appelle bénéfice ; au Moyen Âge central, il est nommé fief dans les textes. Le mot fief a donné ensuite l’adjectif féodal.

Le fief peut être de plusieurs natures :

  • Le plus souvent, c’est une terre avec les revenus qui y sont attachés ; entre le

    XI

    e siècle et le

    XIII

    e siècle, l’argent est rare et circule encore difficilement. Le seigneur remet donc une terre à son vassal, avec ses paysans.

  • Le fief est plus rarement une fonction, un droit de ban, des péages, des dîmes (impôt ecclésiastique).
  • À la fin du Moyen Âge, le fief est de plus en plus une rente.
  • Le fief peut également être une fonction politique ou militaire.

Évolution du statut du fief

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Le fief entre progressivement dans l’héritage des vassaux ; au début, le fief était accordé par le seigneur à son vassal à titre viager. Le seigneur organisait donc une nouvelle cérémonie d’hommage pour l’héritier. Mais de plus en plus, le fief devient transmissible, moyennant une somme d’argent (droit de relief). Peu à peu, le but de l’hommage n’est plus le service et les devoirs réciproques mais bien le fief. Les vassaux multiplient donc les hommages pour accumuler les fiefs. Le problème vient quand deux seigneurs ayant un vassal en commun entrent en guerre. On pensa d’abord à la solution de la réserve de fidélité puis à l’hommage lige (ou hommage préférentiel). (NB : si plusieurs hommages liges alors le plus ancien prime).

La cérémonie d’entrée en vassalité

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Caractéristiques de la cérémonie

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Par la cérémonie de l’hommage (à ne pas confondre avec celle de l’adoubement qui fait d’un homme un chevalier), le vassal devient l’homme d’un seigneur. Les documents qui décrivent cette cérémonie sont abondants, aussi bien les textes que les images.

L’hommage est une cérémonie publique qui se déroule en général au château du seigneur, devant témoins. Il n’y a donc pas besoin de contrat écrit. Les rites et les gestes de cette cérémonie sont importants ; mais l’ordre de ces gestes est différent selon les régions.

Une exemple détaillé de la cérémonie se trouve chez Galbert de Bruges, qui décrit l’hommage au nouveau comte de Flandre après l’assassinat de Charles le Bon :

Les vassaux du comte de Flandre firent l’hommage de la façon suivante : le comte de Flandre demanda à chacun d’eux s’il voulait devenir entièrement son homme. « Je le veux », répondit le vassal, et quand il eut joint ses mains dans celles du comte, ils furent liés ensemble par le baiser. En second lieu, celui qui venait de faire l’hommage prêta fidélité en ces termes : « Je promets sur ma foi d’être fidèle au comte Guillaume et d’observer contre tous, de bonne foi et sans fraude, l’hommage qui vient d’être fait ». En troisième lieu, il jura sur les reliques des saints. Puis le comte, avec le bâton qu’il tenait à la main, donna les investitures à tous ceux qui lui avaient fait la sûreté, l’hommage et le serment

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5

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Notes et références

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