Définition de la question rhétorique
Une question rhétorique est une figure de style qui consiste à poser une question dont la réponse est connue ou suggérée par la personne qui formule l’interrogation.
Le terme rhétorique provient du latin rhetoricus dérivé du grec ancien ῥητορικός / rhêtorikos signifiant « oratoire ». En utilisant la question rhétorique ou question oratoire, l’orateur pose une « fausse question » et engage une réponse.
Considérée comme une interrogation figurée par Pierre Fontanier, dans Les Figures du discours, la question rhétorique consiste, selon lui « à prendre le tour interrogatif non pas pour marquer un doute et provoquer une réponse mais pour indiquer, au contraire, la plus grande persuasion, et défier ceux à qui l’on parle de pouvoir nier ou même répondre. Il ne faut donc pas la confondre avec l’interrogation proprement dite, avec cette interrogation du doute, de l’ignorance ou de la curiosité, par laquelle on cherche à s’instruire ou à s’assurer d’une chose. »
Très employée à l’oral, la question rhétorique est une technique de communication pertinente qui favorise une certaine proximité avec son auditoire en maintenant l’attention du public. D’autre part, en utilisant ce procédé, le locuteur se veut plus persuasif et incite à partager un point de vue tout en rendant son discourt plus vivant.
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La question posée n’attendant pas de réponse, il s’agit d’un mode d’argument par questionnement : elle vise à transmettre des certitudes, suggérer une évidence tout en éveillant la curiosité.
Dans le langage courant, les expressions familières telles que « Qui sait ?, Pourquoi pas ? », ou encore « Tu penses vraiment que je n’y ai pas pensé ? » laissent à penser que les interlocuteurs connaissent déjà les réponses. L’effet recherché est souvent immédiat.
En littérature, en poésie ou dans les dialogues de théâtre, l’effet de cette figure de style permet d’exprimer des sentiments et des émotions :
[…] l’étonnement, le dépit, l’indignation, la crainte, la douleur, tous les autres mouvements de l’âme, et l’on s’en sert pour délibérer, pour prouver, pour décrire, pour accuser, pour blâmer, pour exciter, pour encourager, pour dissuader, enfin pour mille divers usages.
Pierre Fontanier, Les Figures du discours
Dans l’extrait suivant de Iphigénie (Cité par Pierre Fontanier dans Les Figures du discours) la forme interrogative des vers prononcés par Clytemnestre accentue la force des reproches faits à Agamemnon, exprimant la douleur et le déchirement ressentis. « Non seulement elle n’attend pas de réponse à ce qu’elle dit, mais elle ne croît même pas qu’il puisse y en avoir une » nous explique Pierre Fontanier :
Pourquoi feindre à nos yeux une fausse tristesse ?
Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ?
Pourquoi feindre à nos yeux une fausse tristesse ?
Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ?
Où sont-ils ces combats que vous avez rendus ?
Quels flots de sang pour elle avez-vous répandus ?
Quel débris parle ici de votre résistance ?
Quel champ couvert de morts me condamne au silence ?
Voilà par quels témoins il fallait me prouver,
Cruel, que votre amour a voulu la sauver.Jean Racine, Iphigénie
Exemples de questions rhétoriques
Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ?
Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ?
Et si vous nous faites du tort, ne nous
vengerons- nous pas ?William Shakespeare, Le Marchand de Venise
Où est la fidélité ? Où est la loi ? Où est la raison ? Où est l’humanité ? Où est la crainte de Dieu ? Crois-tu que ces outrages puissent rester cachés aux esprits éternel et au Dieu souverain, qui rétribue eu juste prix nos entreprises ?
François Rabelais, Gargantua
Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ?
Molière, Don Juan.
Un songe (me devrais-je inquiéter d’un songe ?)
Entretient dans mon cœur un chagrin qui le rongeJean Racine, Esther
Que faire de ces termes que l’on ne peut préciser sans les recréer ? Pensée, esprit lui-même, raison, intelligence, compréhension, intuition, ou inspiration ?
Paul Valéry, Variété IV
Mais les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements éternels ?
Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves
Ah ! Fallait-il en croire une amante insensée ?
Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ?
Et ne voyais-tu pas dans mes emportements
Que mon coeur démentait ma bouche à tous moments ?
Quand je l’aurais voulu, fallait-il y souscrire ?
N’as-tu pas dû cent fois te le faire redire ?
Toi-même avant le coup me venir consulter,
Y revenir encore, ou plutôt m’éviter ?
Que ne me laissais-tu le soin de ma vengeance !
Qui t’amène en des lieux où l’on fuit ta présence ?Jean Racine, Andromaque
Ainsi à quelque extrémité qu’il soit réduit, jamais on n’entendra de sa bouche ces paroles infidèles, qu’il a perdu tout son bien; car peut-il désespérer de sa fortune, lui à qui il reste encore un royaume entier, et un royaume qui n’est autre que celui de Dieu ? Quelle force le peut abattre, étant toujours soutenu par une si belle espérance ?
Bossuet, Œuvres complètes, Sermon sur la Providence
Car d’où est-ce que l’effet peut tirer sa réalité sinon de sa cause ? Et comment cette cause la lui pourrait-elle communiquer, si elle ne l’avait en elle-même ?
René Descartes, Discours de la méthode
Vous voulez en savoir plus ?
Consultez notre guide des figures de style.
La question rhétorique ou encore question oratoire fait référence à cette fameuse question qui n’attend pas de réponse. À quoi bon la poser allez-vous dire… Malgré son utilité un peu vague, la question rhétorique est utilisée dans la vie de tous les jours ainsi que dans des occasions plus précises comme dans un discours. Découvrez dans la suite de cet article Question rhétorique – Définition et exemples de toutCOMMENT, la définition de cette figure de style ainsi qu’une liste d’exemples de questions rhétoriques. Bonne lecture !
L’art de la rhétorique
Origine de la rhétorique
Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons d’abord sur les origines de la rhétorique. La rhétorique, selon le dictionnaire de l’Académie française, est un mot datant du XIIe siècle et qui a été emprunté du grec rhêtorikos, par l’intermédiaire du latin rhetoricus. Il concerne les orateurs ou l’art oratoire, surtout dans l’expression « rhêtorikê tekhnê » qui signifie « l’art oratoire ».
La rhétorique en philosophie
La rhétorique, d’un point de vue philosophique, correspond à l’art de bien dire, de persuader par la parole. Selon le philosophe Aristote, les trois genres de la rhétorique sont : le genre délibératif, le genre judiciaire et le genre épidictique. Dans l’ouvrage La Rhétorique d’Aristote, la rhétorique est donc perçue comme le moyen propre au débat et à la réflexion dans la vie politique. Il explique également comment et pourquoi l’homme, animal doué de raison et qui parle, utilise la parole efficacement pour parfaire sa nature. Outre Aristote, le thème de la rhétorique en philosophie a été beaucoup abordé et a fait l’objet de nombreuses réflexions.
Définition de question rhétorique
Définition
Qu’est-ce qu’une question rhétorique ? Pour y voir plus clair, voici la définition d’une question rhétorique :
Une question rhétorique (ou question oratoire) est une figure de style qui consiste à poser une question qui n’attend pas de réponse. Il peut s’agir :
- D’une question très vaste à laquelle on ne peut pas répondre.
- D’une question que l’on se pose soi-même.
- D’une question visant à orienter la réponse en admettant comme évident l’énoncé formulé sous forme interrogative.
Orthographe
Le mot « rhétorique » est souvent mal orthographié car bien souvent, la lettre « h » est placée après le « t ». Prenez donc garde à la place du « h » : « rhétorique ».
Pour en savoir davantage sur la rhétorique, n’hésitez pas à consulter l’article Quelles sont les principales figures de rhétorique.
L’utilité des questions rhétoriques
Mais alors, si les questions rhétoriques ne nécessitent pas de réponse, à quoi servent-elle ? Les questions rhétoriques, malgré leur apparence vaine, comportent plusieurs aspects linguistiques utiles :
- Voici selon Andrée Borillo, professeur et membre de l’Équipe de recherche en syntaxe et sémantique de l’Université Toulouse-Jean Jaurès, une autre définition de la question rhétorique :
La question rhétorique ne présenterait aucun intérêt en tant que structure interrogative. C’est un moyen indirect d’expression qui permet de symboliser un groupe plus ou moins déterminé de sentiments par une inflexion de voix. Ainsi, la phrase « Vous taisez-vous à la fin ? » marque l’impatience.
- D’un point de vue linguistique et oratoire, la question rhétorique servirait à ponctuer et à rythmer un discours dans lequel l’orateur donne directement la réponse après avoir formulé sa question. Dans ce cas là, le rôle de la question rhétorique est d’articuler le discours, d’attirer l’attention de l’interlocuteur et de le convaincre. À ce propos, l’article Comment faire un discours intéressant pourrait vous intéresser.
Continuez votre lecture et découvrez dans notre article Question rhétorique – Définition et exemples, une liste d’exemples de questions oratoires !
Exemples de questions rhétoriques
Nous ne pouvions pas vous parler de questions rhétoriques sans vous donner quelques exemples provenant d’oeuvres littéraires ou des exemples de questions rhétoriques du quotidien, parce que oui, nous en utilisons sans même nous en rendre compte ! Voici donc notre petite sélection d’exemples de questions rhétoriques :
Questions rhétoriques en littérature
- « Car d’où est-ce que l’effet peut tirer sa réalité sinon de sa cause ? Et comment cette cause la lui pourrait-elle communiquer, si elle de l’avait en elle-même ? » Discours de la méthode 1637 – René Descartes.
- « Un songe (me devrais-je inquiéter d’un songe ?) Entretient dans mon coeur un chagrin qui le ronge » Esther, 1689 – Jean Racine.
- « Que faire de ces termes que l’on ne peut préciser sans les recréer ? Pensée, esprit lui-même, raison, intelligence, compréhension, intuition ou inspiration ? » Variété IV, 1938 – Paul Valéry.
Questions rhétoriques du quotidien
- Mais comment est-ce possible ?
- Non mais ça va pas la tête ?
- Tu ne vois pas que je suis occupé(e) ?
- Est-ce la peine d’en parler ?
- Qu’est-ce que j’en sais ?
- Qui le connait mieux que moi ?
- Comment oses-tu ?
- Comment peux-tu penser une chose pareille ?
Questions rhétoriques dans un discours oratoire
Lors d’un discours oratoire, les questions rhétoriques, lorsqu’elles sont préparées à l’avance et bien formulées, incitent le public à partager le point de vue de l’intervenant. Elles ont également pour but d’éveiller la curiosité de l’auditoire et à méditer sur la réponse. Voici un exemple de questions oratoires dans des discours politiques :
- « Sous prétexte d’une anomalie calendaire, le Gouvernement ne cherche-t-il pas à faire dire au peuple ce qu’il veut entendre ? » (G. Cornu).
- « Et la réflexion n’est-elle pas une qualité que l’on reconnaît en général au Sénat ? » (J.-P. Shosteck, 23 janvier 2001).
Si vous poursuivez la lecture de notre article Question rhétorique – Définition et exemples, vous découvrirez encore plus d’informations à ce sujet !
Synonymes de question rhétorique
La question rhétorique, comme on l’appelle souvent, est également connue sous le nom de :
- Fausse question
- Interrogation oratoire (question oratoire)
- Interrogation rhétorique
- Interrogation figurée
- Interrogation stylistique
Question rhétorique en anglais
Pour les plus curieux d’entre vous, sachez que, tout comme en français, la langue anglaise possède des questions rhétoriques que l’on appelle « rhetorical questions » et qui ont la même fonction. Selon le dictionnaire anglais Cambridge, une « rhetorical question » se définit de la manière suivante :
A question, asked in order to make a statement, that does not expect an answer.
Voici quelques exemples de questions rhétoriques en anglais :
- Why do these things always happen to me ? (pourquoi ces choses là n’arrivent qu’à moi ?)
- There’s no hope, is there? (Il n’y a plus d’espoir, n’est-ce pas ?)
- Who cares ? (Qui s’en soucie ?)
- Why me ? (Pourquoi moi ?)
- Could I possibly love you more? (Est-ce possible de t’aimer plus ?)
- How could I be so happy ? (Comment je peux être aussi heureux(se) ?)
- Why not ? (Pourquoi pas ?)
Si vous souhaitez lire plus d’articles semblables à Question rhétorique – Définition et exemples, nous vous recommandons de consulter la catégorie Formation.
Bibliographie
- Site de SchoolMouv https://www.schoolmouv.fr/figures-de-style/question-rhetorique-ou-oratoire-/figure-de-style. Consulté en ligne le 3 juin 2020.
- Site de Persée https://www.persee.fr/doc/drlav_0754-9296_1981_num_25_1_969. Consulté en ligne le 3 juin 2020.
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